Troisième lettre

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Salut Léo.

Ca va faire une semaine que tu dors. Et ça m'a paru une éternité. C'est long d'attendre.

Maman a été à l'Eglise, elle a posé un cierge et a prié. On n'a jamais cru en Dieu tous les deux. On pensait qu'il n'y avait personne là haut. On pensait être seul. Être libre. Après la mort on pensait que ça allait être le néant. Pour nous, la mort c'est rien dans le sens où il n'y a plus rien. Que tout est fini. Le corps s'efface dans la terre. "Nous sommes nés de la poussière et nous redeviendrons poussière." Ca paraissait tellement simple.

Mais aujourd'hui c'est de toi que l'on parle. Toi qui risque d'être poussière à nouveau. Et je ne l'accepte pas.

Pensions-nous vraiment ces mots prononcés ? Étions-nous naïfs pour imaginer que l'on échapperait aux souffrances humaines ?

Ce n'est pas l'heure de partir Léo. Ce n'est pas ton heure. Attend encore un peu, que je sois plus grande, plus mature. Tout simplement prête à accepter la mort ou encore (voici un vœu égoïste) que je meurs avant toi. Pour ne pas souffrir de ton absence.

Léo reviens. Léonard nous avons tellement de chose à vivre. Nous sommes jeunes. Tu as ta vie à faire. Une famille à fonder. Élisabeth est venue te voir. Elle est bien cette fille, elle vient tous les jours. Elle t'aime.

Moi aussi. Emy

Lettres à mon frèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant