Chapitre 1

33 4 4
                                    


Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été mal à l'aise devant les autres, j'ai toujours eu cette timidité et cet air niais ornant mon visage à chaque fois que l'on croisait mon regard. C'est sûrement à cause du sentiment que procure mon être aux gens qu'ils ne m'aiment pas. Ils ne me voient pas comme leurs ego mais plutôt comme un être inférieur et fragile qu'ils peuvent s'amuser à traîner, ignorer et humilier pour le plaisir.

Il était 18 heure sur ma montre, je m'avançais vers la porte d'entrée grisâtre de ma maison. Même d'ici, je pouvais sentir l'odeur immonde des clopes que s'enfilaient quotidiennement mes parents. Je respirai un bon coup, je relevai ma capuche sur ma tête pour tenter de cacher mon visage égratigné puis j'abaissai la poignée de la porte. Je passai ma tête à l'intérieur de l'appartement. Le salon était désert, une cigarette fumait encore dans le cendrier posé sur le bord de la table basse.

-Ils doivent être en train de roupiller dans leur chambre, pensais-je

J'entrai donc et me dirigeai vers ma chambre à pas de loup.
Soudain, j'entendis un cri qui m'effraya et me fit brusquement m'arrêter.

-"VIENS ICI TOUT DE SUITE, PETIT MERDEUX !!"

Je déglutis.
C'était mon père.
Celui-ci commença à marcher dans ma direction, non sans mal. Je reculai et mon dos rencontra bientôt la porte de ma chambre. Mon père se rapprochait dangereusement de moi.
Je dis dangereusement, car je voyais bien qu'il avait beaucoup trop bus et qu'il était en rogne contre moi. Je me retournai et rentra d'un pas brusque dans ma chambre puis je tournai le loquet pour que mon père ne puisse pas entrer, je me suis pris bien assez de coup comme ça jusqu'à maintenant. Je me recule puis je vois les vieux posters collé à ma porte soulevés par les ondes de chocs, mon père ivre tape de ses points contre la porte.

-"OUVRE SALE GOSSE DE MERDE !"

-"PLUTÔT CREVER ! TROUVE DU BOULOT AU LIEU DE NOUS FAIRE CHIER !"

Je me retournai, me dirigea vers ma chaîne Hi-Fi, l'alluma et laissa mon poignet tourner la molette du son pour bientôt ne plus entendre les coups incessants contre ma porte de mon ivrogne de paternel. Un jour le mur s'effondrera vu tout ce qu'il endure, pensai-je. Je me laissai tomber sur le matelas posé au sol qui me sert de lit et laissa retentir dans mes oreilles l'acouphène causé par la musique que j'avais monté maladroitement beaucoup trop fort sur le coup. Je fermai les yeux en pensant à ce que ma vie aurai pu être si je n'étais pas né si lâche, dans un environnement aussi hostile et froid. Mon téléphone vibra et l'écran s'alluma dans la paume de ma main :

-Hugo :

"J'ai vu ce que les deux mecs de première t'ont fait après les cours. J'espère que tu vas bien, Je suis désolé de te le dire par texto mais je déménage ce soir dans une autre ville loin d'ici, Mes parents viennent de me l'annoncer. Je ... je suis désolé... A+"

Le téléphone vibra encore

-Thomas :

"J'esper ke tu pleur komm la fillette que t'es ! Tkt, demain matin ca sera encor pire, on retiendra pas nos coup !! ;) <3 <3 aller, bisous mon ptit chou damour <3 <3"

Je serai les poings à la vue de ces messages, mon seul ami depuis le primaire venait de me quitter et mes agresseurs en voulaient toujours plus. Ils se défoulaient sur moi jours après jours pour s'amuser, me harcelaient et me rackettaient, je n'avais pas la force ni le tempérament pour les en empêcher.

Je laissai couler une larme sur ma joue encore fraîche. La haine m'envahis puis je me levai brusquement et me dirigeai, les poings serrés, vers mon armoire, je vidai violemment mon sac de cours par terre pour le remplir de barre de céréales et de canettes de soda.

NumbersWhere stories live. Discover now