Chapitre 1

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Il pleut à torrent et tandis que j'appuie mon front contre la vitre froide, je me laisse bercer par le bruit  des gouttes d'eau s'abattant sur l'habitacle. Je ferme doucement les yeux et m'endors en songeant à la nouvelle vie qui m'attend.
                              ***
Je la regarde, ses yeux sont exorbités, elle hurle de toutes ses forces, Elle s'agite, se débat, bouge ses bras et ses jambes avec l'énergie du désespoir pour tenter de maintenir sa tête à la surface de l'eau, mais rien  n'y fait. Ses cris sont entre coupés par l'eau qui s'infiltre dans ses poumons. Les minutes s'écoulent et elle commence à se fatiguer, sa tête se retrouve de plus en plus souvent sous l'eau et ses hurlements se font faibles. Elle cesse petit à petit de se débattre et me regarde. Ses yeux sont suppliant, elle veut que je l'aide, mais je ne peux pas. Je suis tétanisée, je peux seulement contempler cette horrible scène dont je suis la responsable.
                                ***
Je me réveille en sursaut, mes mains sont moites et ma respiration saccadée. Ce rêve récurent, je suis certaine que c'est de sa faute, elle me hante, me fait payer mon erreur. J'essaie de me calmer, je ferme les yeux et me concentre sur la discussion de mes parents  pour occuper mon esprit.

-Demain nous irons acheter des décorations pour la maison.

La voix de ma mère semble sèche, j'en conclus qu'ils ont du se disputer pendant que je dormais. Je souffle pour montrer mon agacement et ma désapprobation quant à cette situation mais je me rends vite compte de mon erreur. Dans sa colère ma mère décide de m'engueuler à la place de mon père.
"Ça te va bien de souffler!"
Elle continue à s'égosiller sur moi mais je ne l'écoute plus. Je mets mes écouteurs, programme mon MP3 sur une musique de Jean jacques Goldman, Elle attend, et je monte le son de ma musique au maximum.
Le trajet se déroule dans une ambiance pesante et quand il se termine enfin je me sens soulagée. La voiture se gare devant le grand portillon en ferraille et Martin, mon père,  me tend la clé pour que j'aille ouvrir le portail. Je détache ma ceinture et me lève pour aller ouvrir  dans une lenteur exagérée dans le seul but de l'énerver. Je me tourne pour jauger sa réaction et apparemment mon petit manège a eu l'effet escompté.
J'esquisse un sourire fier. Une fois le portail ouvert, je me décale pour laissais passer la Mercedes rouge qui fait crisser les graviers. Je me dirige vers le garage pour l'ouvrir à son tour.
Une fois cela fait je rentre à l'intérieur de ce dernier pour me diriger vers l'escalier d'un pas rapide et léger, toute heureuse à l'idée de commencer ma vie dans cette nouvelle maison. Mais à peine ai-je eu le temps de m'émerveiller que ma mère me rappelle à mes obligations.
"Prépare toi, j'espère que tu n'as pas oublié la réception organiser pour ton père.  Et essaie de ressembler à quelque chose pour une fois."

Je fais fi de ce qu'elle me dit et me dirige vers ma chambre où sont entassés tout mes cartons, dont celui qui contient mon unique robe de soirée. Quand je l'ouvre et que j'aperçois le long tissu noir et poussiéreux, un sourire vient étirer le coin de mes lèvres. Je sors la robe du carton et la secoue pour l'épousseter.
Une fois que c'est fait je sors de ma chambre,  ma robe sur le bras et me dirige vers la salle de bain pour me laver.
Quand cela est fait j'enfile un soutiens gorge noir dentelé avec une culotte  assortie et enfile ma longue robe noire au dessus de cet ensemble bien trop découvert à mon goût. Je sors de la salle de bain sans m'être coiffée et surtout sans avoir pensé aux conséquences de ce tout petit et insignifiant oublie.
Quand ma mère me voit elle entre dans une colère noire, je vois sa main se lever avant de se fermer en un poing qui vient s'abattre contre mon épaule. J'étouffe un cris de douleur et comprenant qu'elle ne va pas cesser de si tôt je me mets en boule contre le mur,  me protégeant le visage tant bien que mal en faisant rempart de mes maigres bras. Même si je suis à terre elle me donne des coup de pied dans le ventre et dans les jambes. Je me recroqueville le plus possible, dans l'espoir d'atténuer la douleur qui est horrible, ça me brûle, je n'ai plus de souffle.
Quand elle s'arrête enfin ce n'est pas par pitié mais seulement parce que mon père intervient pour lui rappeler  "de ne pas trop m'abîmer car on va sortir ce soir". Suite à cette demande la voix froide et dénuée d'émotion de celle qui me sert de mère, se fait entendre :
"La prochaine fois, tâche de te coiffer sale truie."
Je me relève tremblante et cours m'enfermer dans la salle de bain ou j'essaie de donner tant bien que mal une forme correcte à mes cheveux ignorant mes sanglots incessant. Quand j'ai finis je déverrouille la porte de la salle d'eau complètement apeurée et après avoir jeté un regard au couloir pour vérifier qu'il n'y ai personne, je cours vers ma chambre ou je m'enferme. Je me mets des collants et un gilet pour cacher les rougeurs, qui sont de futur bleus, laissés par ma mère. 
Je reste dans le noir, mes volets fermés en attendant qu'on me signale le départ, ce qui ne tarde pas à arriver. Mon père crie mon nom et je me lève pour aller le plus vite possible le rejoindre. Quand il me voit, il porte sur moi un regard vicieux et glisse sa main sur mes fesses en faisant mine de me pousser vers la voiture. J'ai un haut le cœur mais je fais mine de rien. Cette soirée promet d'être longue... Quand nous arrivons au lieu indiqué par les nouveaux collègues de travail de mon père et que nous descendons de la voiture, une dizaine de personnes nous attendent, mais mon attention n'est retenu que par une seule, un jeune homme détonnant totalement avec le décor.
Il est habillé avec un grand sweat blanc et un jean large et parmi cette foule de gens aux visages si triste, il sourit.

Le prix du silence.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant