Chapitre 2

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Je me suis réveillé complètement perdu. Je me trouvais dans un lit douillet, au chaud. Le soleil brillait et illuminait la pièce dans laquelle je me trouvais. Une agréable odeur de pain grillé me parvenait de je ne sais où. J'étais dans le brouillard, j'ai appelé après ma femme. Celle qui accouchait au moment de l'accident. Aucune réponse. J'ai regardé autour de moi et me suis aperçu que j'étais dans un endroit qui m'était inconnu. Alors que j'aurais dû me trouver à l'hôpital. Mais ce n'était pas le cas, j'étais dans une chambre que je voyais pour la première fois de ma vie. J'entendais du bruit provenant de plus bas.
Je me suis assis dans ce lit qui n'était pas le mien, remontant mes genoux à ma poitrine, j'ai tiré les draps comme pour me cacher, apeuré comme un enfant. Il y avait de quoi. J'étais vraiment déboussolé.

Qu'est-ce que je fous là ? Qu'est-ce qui se passe ? Où sont ma femme et mon fils ?

Je me suis répété ces questions une dizaine de fois avant qu'une grosse boule de poils marron ne se pointe et ne grimpe sur le lit pour me lécher les mains et le visage. Je l'ai repoussée et elle s'est installée sur l'oreiller d'à côté en émettant ce bruit si familier des chiens lorsqu'ils se mettent à l'aise. L'oreiller d'à côté ! Qui avait dormi là ?
Le radio réveil posé sur la table de nuit indiquait 10 h 33. De quel jour ? Depuis combien de temps étais-je là ? Aussi curieux que cela paraisse, je ne gardais aucun souvenir d'après la collision. Je n'ai aucune idée de ce qui s'est passé ensuite.
Après cinq minutes à écouter les bruits venant d'en bas, je me suis finalement décidé à me lever. J'étais habillé uniquement d'un caleçon noir, mais au pied du lit, à même le sol, j'ai trouvé un pantalon de pyjama et un débardeur. Je les ai enfilés avant de m'aventurer hors de la chambre.
Sur le seuil, je me suis trouvé face à un couloir qui menait à un escalier. Sur le chemin, cinq portes. L'une avait un petit panneau indiquant que c'était la salle de bain. Je suis entré sans même frapper. J'ai aussitôt refermé derrière moi.
Une glace. C'était ce que je cherchais. J'y ai inspecté mon visage et n'ai trouvé aucune cicatrice. J'avais une barbe de trois jours. Cela ne me ressemblait pas, je détestais avoir la barbe.
Je me suis attardé un peu. J'ai inspecté le reste de mon corps à la recherche d'une quelconque blessure. Mais il n'y avait rien. Pas une seule marque d'accident.
Je me suis soulagé la vessie et suis ressorti avec encore plus de questions.
Je n'ai pas osé entrer dans les autres pièces. Je supposais qu'il s'agissait de chambres.
Je n'avais plus le choix, je devais descendre l'escalier. Il y avait plusieurs voix, dont au moins deux d'enfants et une plus grave et féminine. J'ai soulevé le pied droit et allait entamer ma descente lorsque la boule de poils passa devant moi et manqua me faire tomber tête la première. Ce satané clébard a failli me faire mourir une seconde fois, nom de Dieu !
Dix-sept marches ! Je le sais, car je les comptais au fur et à mesure. Pourquoi ? Aucune idée, mais l'être humain à tendance à faire de curieuses choses lorsqu'il est stressé. Et je l'étais. Qui était ces gens qui semblaient prendre leur petit-déjeuner ? À qui étaient ces gosses ? Pas à moi ! Le mien devait avoir quelques jours, le temps de sortir du cirage.
Une porte s'ouvrit à l'étage alors que j'atteignais le rez-de-chaussée. Quelqu'un dévala les marches en quatrième vitesse et me dépassa en ma balançant un : Salut papa !
Je n'ai rien dit, je n'ai pas bougé. Qu'est-ce que j'aurais pu ou dû faire ? Je ne savais qui était cette fille. C'est tout ce que j'avais eu le temps de voir, il s'agissait d'une adolescente. Son parfum sentait si bon ! J'ai dû m'asseoir par terre tant mes jambes flageolaient.
Et ce fut ce moment-là que choisit le chien pour refaire son apparition. Putain de clébard ! Je le détestais ! Mais pas lui, il vint se blottir contre moi dans l'attente de caresses. J'ai cédé. J'aime les animaux. Même ceux qui ont failli me tuer. Le contact avec cette boule de poils me calma un peu.
Je me suis surpris à avoir faim. L'odeur du pain grillé était alléchante. Je me suis remis sur pieds et me suis dirigé vers ces gens, vers cette fille qui me prenait pour son père.
Je ne m'étais pas trompé, ils étaient en train de prendre le petit-déjeuner. Autour d'une table, il y avait l'adolescente, une gamine d'une dizaine d'années, un garçon de quatre ou cinq ans, et une femme extrêmement belle. Une rousse aux cheveux lui tombant jusqu'aux épaules. Ses magnifiques yeux verts étaient posés sur moi. Elle me souriait. Bordel ! Ce n'était pas ma femme.

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