Chapitre 10 : Andy

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22h03

J'allais ranger le dernier carton de la boutique, mais la sonnerie de mon portable retentit. Je sors de la réserve, et le récupère sur le comptoir, je ne fais pas attention au numéro et décroche :

-Allo ?

-Andy ?

Je reconnais la voix du père de Vicky. Mes doigts s'enfoncent dans le bois du comptoir.

-Andy... Il faudrait que tu viennes à l'hôpital...

-J'arrive.

Je raccroche et enfile ma veste. Je ferme la boutique à la va-vite et monte dans ma voiture. Je tremble, il s'est passé quelque chose de grave, je le sens. Je démarre et fonce vers l'hôpital, j'accélère sans faire attention aux limitations de vitesse. Au bout de dix minutes, j'arrive sur le parking de l'hôpital. Je tremble et pleure sans m'en rendre compte. Des voitures de police ainsi que des infirmiers encadrent une zone autour de la partie gauche de l'hôpital. Je descends et fonce vers les policiers. Je ne suis plus très loin d'eux, mais l'on m'arrête net par le bras. C'est Alan, le père de Vicky. Lui aussi pleure, il me regarde un moment et me tire légèrement à l'écart. Il essaie de me parler, mais je vois qu'il ne trouve pas ses mots. Mes larmes ne s'arrêtent plus, je comprends la situation. Je fais en sorte qu'il me lâche et cours vers la zone derrière les policiers. J'en bouscule quelques uns et passe derrière la barrière de sécurité qu'ils ont installée. Là, sur le sol, entourée de médecin, se trouve Vicky. Je hurle, j'essaie d'aller vers elle mais l'on m'arrête, je tombe à genoux sans la quitter des yeux. Une flaque de sang entoure son corps. Deux policiers me soulèvent pour me faire reculer. Pour une fois, je me laisse faire.

-Je m'occupe d'elle...dit le père de Vicky en me prenant par les épaules.

Une fois les policiers partis, je m'écroule dans ses bras. J'ai l'impression qu'on m'arrache chaque morceau de mon être, je ne sais plus ce que je ressens, chaque respiration me fait terriblement souffrir. Je voudrais m'arracher le cœur. Nous marchons vers sa voiture. Il ouvre la porte arrière et me fait asseoir. Je remarque que la mère de Vicky, Helena, est devant. Je mets ma tête dans mes mains. Il me laisse et s'éloigne, nous laissant toutes les deux. Un silence pesant envahit la voiture, seuls nos sanglots se font entendre. Elle finit par sortir et me rejoint à l'arrière, elle me prend dans ses bras et nous pleurons dans les bras de l'une et de l'autre.

Alors que nous sommes toutes les deux assises dans la voiture, nous fixons le vide. Nous pensons toutes les deux à Vicky, l'image de son corps entourer de sang m'apparaît puis disparaît pour laisser place à des souvenirs, mais à chaque souvenir, mon cœur s'emballe, je pleure et, à chaque larme, l'image de son corps reprend place dans mon esprit. Ne supportant plus ce cercle vicieux, je casse le silence, comme pour relancer le temps qui semblait s'être arrêté :

-On sait ce qui s'est passé ?

Je vois qu'elle aussi était dans ses souvenirs, je la laisse prendre son temps pour revenir à la dure réalité qui nous entoure.

-Les policiers et médecins m'ont dit qu'ils sont pratiquement sûrs que c'est un suicide... Mais ils vont tout de même faire une enquête pour confirmer que ce n'est pas un meurtre...

-C'est possible ? dis-je la gorge serrée.

-Elle était en psychiatrie, c'est possible qu'un autre patient l'ait attaquée...

Je ferme les yeux. Je sens sa main prendre la mienne, mais elle l'a lâche brusquement, je rouvre les yeux. Je la vois sortir à toute vitesse de la voiture. Je fais de même. Alan revient, elle le serre dans ses bras puis recule. Je les rejoints.

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