Un ricanement à glacer le sang, semblable à celui d'une hyène en chasse résonna.
- Tu ne pourras pas te cacher éternellement tu sais ! Alors viens qu'on en finisse ! Viens ! Montre-toi ! Fais pas ta timide allez ! Je sais que tu ne comptes pas te rendre sans te défendre. Tu dois venger tes amis. Ces fameux amis que TU as tués. Ils sont morts par TA faute, tu le sais ça hein ?!? Si tu n'avais pas eu autant de personnes dans ton cercle d'amis proches, jamais je n'aurais eu à tous les tuer... Je me serais peut-être contenté de ta mère et ta sœur. Peut-être... Qui sait ? Il m'arrive d'être empathique quand l'envie me prend. Mais je t'avoue que je préfère voir le désespoir et la peur dans le regard des gens que j'éventre. C'est un sentiment aussi inexplicable que puissant. Ça nous prend les tripes, ça nous fait battre le cœur... Soupir. Je me réjouis de sentir à nouveau cette sensation avec toi cette nuit... Elle promet d'être folle n'est-ce pas ? Toi et moi en tête à tête. Ce sera une aventure unique. Tu le sais aussi bien que moi. L'un de nous mourra. Et sache que je n'ai pas l'intention de quitter ce monde de sitôt, il se tut un instant. Sérieusement ma jolie, je commence à m'ennuyer.
Une ombre glissa rapidement devant moi. Il venait de passer devant le placard dans lequel je me cachais. Il marchait vite, bien trop pour être aussi serein qu'il ne le prétendait. Il avait peur. Mais de quoi ? De moi ? Moi qui n'avait jamais tenu une arme de ma vie ? Moi, la jeune fille qui regardait timidement les garçons populaires du collège sans ne jamais oser aller leur parler ? Était-ce de cette fille-là dont il avait peur ? J'avais changé, certes, mais probablement pas assez pour l'effrayer. Mais alors de quoi pouvait-il bien avoir peur ?
Une idée me traversa l'esprit. Une idée à glacer le sang. Etait-il possible que ce qui le fasse se déplacer aussi rapidement n'étais uniquement que de l'excitation ? Que la simple idée de me tuer le poussait à accélérer le pas ? N'avait-il donc pas peur ? Peut-être était-il sûr de lui. Il savait qui j'étais. Il savait que je n'étais pas capable de faire du mal à quelqu'un. Il connaissait tout de moi, de ma vie privée. Il me connaissait mieux que je ne me connaissais moi-même. C'en était effrayant.
J'entrevis des coussins voler à travers la pièce. S'ensuivit un rire joyeux et mélodieux. Le genre de rire que l'on a entre amis. Le genre de rire que je voudrais encore pouvoir m'entendre faire... Puis un bruit sourd. Probablement s'était-il laissé tomber sur mon lit. Je me déplaçai légèrement sur le côté afin de l'avoir dans mon champ de vision grâce à la légère fente entre les deux portes du placard.
Il était en effet là, regardant le plafond, les bras derrières la tête et les jambes croisées, l'air tranquille, allongé sur mon duvet que j'avais, ce matin encore, oublié de plier. Son corps était recouvert d'habits noirs. Un masque allongé, d'un blanc ivoire au sourire aussi sombre que le cœur de son détenteur recouvrait son visage. A sa vue, je sentis le dégoût m'envahir. Je fus pris de nausées et eu un haut-le-cœur. Les larmes me montèrent aux yeux, demandant plus que jamais à sortir. Ma vision se brouilla et quelques-unes d'entre elles m'échappèrent silencieusement. Tous ces souvenirs que je tentais tant bien que mal d'oublier refirent surface en moi tel un ouragan.
Tout d'abord Emma, trouvée pendue chez elle le ventre ouvert et les boyaux répandues dans sa chambre. Il en avait été retrouvé partout. Depuis je ne pus me nourrir correctement, dégoûtée par la vie. L'une de mes amies les plus proches s'était faite assassiner... Une vraie boucherie. Mais ce n'était que la première d'une longue série.
Ensuite Jackson, seule la moitié supérieure de son corps avait été retrouvée, et pas n'importe où. Elle avait été abandonnée au milieu des bois. J'avais reçu, quelques jours plus tard sa main dans un paquet. J'avais tellement mal au cœur et était tellement répugnée que je m'étais retrouvée par terre à vomir de la bile, incapable de sortir quelque chose de consistant de mon estomac vide. Judith subit un sort semblable peu de temps plus tard. Elle fût été découverte par le concierge du lycée lorsque ce dernier nettoyait la salle de sport. Le pauvre avait intégré un centre psychiatrique tellement il en avait été choqué. S'ensuivit Kevin. Son corps ouvert au niveau de l'abdomen. Le tueur avait écrit sur le mur avec son sang « Tout ça est ta faute, Audrey. ». C'est alors que je compris que j'étais le centre même de cette mascarade.
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Pourchassée
Mystery / Thriller"Il était là, dans la maison. Où exactement, je ne savais pas. Mais je sentais sa présence, lourde et oppressante..."