Je frottai mes yeux pour les sécher. Pour voir plus clair. Lorsque je redescendis mon bras, il n'était plus sur mon lit ! Il s'était levé sans bruit, et maintenant je ne saurais dire où il serait.
Une brusque ombre et un masque blanc repoussant apparurent soudain à seulement quelques centimètres de mon visage ! Je retenus un cri de terreur. Il ne pouvait pas savoir que j'étais là... ce n'était pas possible... Comment aurait-il pu le savoir ?
La porte s'ouvrit, lentement un grincement cinglant. Mon cœur battait la chamade. Je ne réfléchis plus. Je chargeai en hurlant, le couteau pointé dans sa direction. Je le plantai dans son ventre et nous chutâmes ensemble sur le sol. Je tombai sur lui de tout mon poids. Je retirai le couteau pour le replonger, cette fois, un peu plus haut, juste sous ses côtes. Puis je recommençai. Et encore. Et encore. J'étais dans un états second, où l'instinct de survie avait pris le dessus. Je vis la lame que je tenais entre les mains monter et redescendre à plusieurs reprises dans le corps de cette ordure. J'hurlai ma haine et ma détresse tout au long de la scène avant de m'écrouler, larmoyante sur le côté. Je me roulai en boule, abandonnant le couteau dans son corps mort, et commençai à pleurer à chaude larmes. J'avais vu ma vie défilée pendant que je le criblais de coups. Des souvenirs dont je ne me rappelais même pas l'existence.
Un pique-nique, une journée ensoleillée, sous un arbre, avec ma famille, lorsque Papa et Maman s'aimaient encore. Des rires, des sourires, une ambiance détendue, ma sœur et moi parlant de garçons...
Du shopping un jour d'été avec Julia. J'avais acheté une robe bleu clair, légère à portée et agréable à regarder. Et elle, elle avait dévalisé tous les magasins dans lesquels nous avions mis les pieds en vrai demoiselle moderne. On avait acheté des glaces au milieu de l'après-midi. Elle au chocolat, moi à la fraise. Un véritable délice.
Moi courant vers ma mère en pleurs, la joue en feu, alors que je n'étais qu'une petite fille, six ou sept ans tout au plus, venant de me faire piquer par une guêpe.
Des souvenirs banales d'une vie des plus normales...
« Je viens de tuer un homme. Je viens de tuer un homme. Je viens de tuer un homme. » Cette phrase résonnait en boucle dans ma tête à me rendre folle. Je venais de tuer un homme.
Quelques minutes plus tard je pu enfin commencer à penser différemment. Cet enfoiré était mort. Il était mort et il ne tuera plus personne. J'avais vengé mes amis. Emma, Jackson, Judith, Kevin, Maman, Mel, Julia, Evan...
Je me relevai péniblement, tremblante, le visage plus humide que jamais. Les larmes en avaient envahies chaque recoin.
- Je l'ai fait Evan... murmurai-je. Je l'ai fait... Tout est fini maintenant...
- En effet, une voix rauque empreinte de haine. Tout est fini.
Je sentis une douleur vive dans le bas de mon dos. Puis, dans un hurlement, elle s'étira de plus en plus haut. Je fus prise d'un spasme et du sang commença à me couler de la bouche. Je n'arrivais plus à respirer. Mes jambes fléchirent et je tombai. Le couteau remonta alors rapidement jusqu'à la base de ma nuque.
Que se passait-il ? Je ne comprenais plus rien. Comment avait-il pu se relever ? Comment avait-il pu avoir la force de se relever ? Comment diable avait-il pu... Je sentis un liquide visqueux s'étendre contre ma joue. Je saignais abondement. J'allais mourir.
J'entendis un ricanement dans le lointain. A peine audible. Des larmes s'échappèrent de mes yeux sans pour autant que je les sente. Il se baissa et se mit à ma hauteur. Je perçu un flot de mots émanant de sa bouche mais ne compris ce qu'il disait.
Je n'étais pas sa dernière victime avait-il dit. Cette pensée me terrifia. A combien de personne allait-il encore s'en prendre ? Combien d'innocents mourront encore à cause de mon lamentable échec ? J'avais été si proche du but, mais j'avais été trop faible et j'allais en mourir. Je n'avais pas su venger mes amis. Je le regardai se relever et quitter la pièce sans même prendre le soin de me tuer, impuissante, incapable de bouger. J'étais condamnée et il le savait. Il prenait simplement plaisir à me savoir me vider de mon sang, paniquant tout en étant incapable de faire quoi que ce soit ... Ma vision de brouilla avant que je me retrouve enfin dans le noir.
Au loin une lumière blanche, éblouissante, grandissante. Cette lumière m'envahit. Je me sentais si bien. J'étais en paix avec moi-même. Là je retrouvai mes amis. Julia, Evan, Maman et tous les autres. Ils étaient là à sourire en me voyant approcher. J'entendais leurs rires et je riai avec eux de ce rire que j'avais tant redouté de ne plus pouvoir produire. Ce son du bonheur, cette harmonieuse mélodie. Je me sentais enfin bien.
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Pourchassée
Mystery / Thriller"Il était là, dans la maison. Où exactement, je ne savais pas. Mais je sentais sa présence, lourde et oppressante..."