Terre toute blanche

14 1 0
                                    

Semée parmi les étoiles du firmament,

Notre planète souffle sa vapeur blanche,

Elle tente de s'imposer difficilement,

Dans cet infini qui jamais, non, ne flanche,


Se noyant dans le bleu de ses larmes tendres,

Délaissée par ses pairs, souillée par ses enfants,

De nous tous, elle peine tant à se faire entendre,

Suppliant, hurlant, pleurant, suffocant, piaffant,


Le vert a disparu dans ses tristes contrées,

La clarté de ses étendues d'eau s'est ternie,

On oublie ses plaies en lui décochant nos traits,

Elle a été belle un jour mais on la renie,


Au début, ses enfants la trouvaient si servile,

Indifférents aux souffrances de leurs frères,

Ils s'abreuvent d'amour et ils s'adonnent au vil,

En dévorant les flancs moelleux de leur mère,


Les nuages filent au-dessus de la terre,

Les fumées blanches montent au ciel grisâtre,

Les cendres sont soufflées violemment de la terre,

Et s'en vont se mêler aux cours d'eau blanchâtre,


Terre blanche qui devient toujours plus poussière,

Terre blanche et grossière qui redevient claire,

Terre blanche et qui reste à jamais ma mère,

Terre blanche qui est devenue si amère,


Les charognards voraces t'ôtent ta saveur,

Malheureuse ! Tu perds chaque jour tes couleurs,

Tu te consumes seule et tu n'as pas de sauveur,

Ça leur plaît de t'affaiblir, ils se leurrent,


Y-a-t-il toujours du pur dans ce cercle noir ?

La pierre se fendille sous mes pas tout tremblants,

Tu es née si fragile, de blanc comme de noir,

Alors que tous te réclament stable, t'accablant,


Nous avons beau frotter encore et encore,

Le sable blanc reste sale entre nos doigts,

C'est qu'il s'accroche sans s'enlever de nos corps,

Cette vérité s'impose comme il se doit,


Par notre faute, la Terre a perdu son éclat,

Nos larmes inutiles la rendent bien pâteuse,

Elle est morte sans cris plaintifs et sans éclat,

De cette couleur d'os profondément affreuse,


Les grains de sable nous font pleurer de force,

L'eau de nos yeux est sincèrement pure, blanche,

Mais ces tentatives sont vaines et retorses,

Car elle est déjà devenue toute blanche.

RefletsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant