La tête collée contre la vitre de la voiture, je regardais le paysage défiler. Perdue dans mes pensées, je ne me rendais même pas compte que nous arrivions sur le parking de l'aéroport de Lyon. Je descendais de la voiture et récupérai ma valise dans le coffre, nous marchions vers l'immense bâtiment plein de baies vitrées. Maman et Gabriel me tenaient par la main, et pourtant je sentais une pointe de stress me nouer l'estomac.
C'était la première fois que j'allais en Nouvelle-Zélande avec mon frère. Il y a 2 ans, mes parents se sont séparés, car ils ne s'entendaient plus du tout. Ils ont pensé que ce n'était pas bon pour Gaby et moi, Elsa, 14 ans, de les voir toujours se disputer. Mon père est parti vivre en Nouvelle-Zélande, pour être sûr de ne plus jamais revoir maman. Après le divorce, maman était accablée, toujours triste, elle qui était d'habitude si joyeuse. Et puis, un jour, elle a fait la connaissance de Tommy, son nouveau conjoint. Elle passe son temps à dire qu'il est formidable, intelligent, charmant, et bla-bla-bla... J'avoue que parfois ça me gonflais, Tommy par-ci, Tommy par-là... Et puis moi, je ne l'aimais pas trop ce Tommy. Je sais que ce n'est pas le cas, mais parfois j'avais l'impression qu'il voulait remplacer papa. Bon, au moins, maman avait retrouvé le sourire, et puis, j'étais bien obligée de l'aimer aussi, non ? Au moins un peu. Mais mon papa ne se ferait JAMAIS remplacer.
Mon grand frère, Gabriel, avait 16 ans et je l'aimais beaucoup. Il était toujours là pour moi, et prenais toujours soin de moi. Je lui disais tout. Nous étions extrêmement proches.
Nous passâmes les portes automatiques et nous nous dirigeâmes vers un escalator. Je me sentais soudain minuscule face à tous ces gens qui couraient dans tout les sens. Une fois en haut, nous nous présentâmes à un guichet, où une dame vérifia nos passeports et nos billets, avant de charger nos bagages, direction la soute! (pour les bagages, hein?!) Nous montâmes un escalier et arrivâmes à l'endroit où nous devions passer les scanners pour vérifier que nous n'avions aucun objet dangereux sur nous. C'est également là que maman nous quitta. Après d'innombrables embrassades et de nombreuses recommandations, nous nous apprêtions à nous éloigner, mais je remarquai les yeux humides de maman. Bien que nous ne partions que deux semaines, à moi aussi, elle allait beaucoup me manquer.
Soudain, mon frère m'arracha de mes pensées en m'attrapant le bras pour ne pas que je reste à la traîne, en train de rêvasser. Je lui courrai après, même si c'est plutôt lui qui me trimbalait comme une chaussette ! Une hôtesse nous demanda de passer à travers une espèce de porte qui fait "bip, bip". Quand je passai, une petite lumière verte s'alluma au-dessus de ma tête. Mais quand Gaby la traversa, une lumière rouge s'alluma et la porte bipa. La dame lui demanda de vider ses poches et d'enlever tout ce qu'il portait contenant du métal. Il sortit quelques pièces de la poche de son pantalon et dut enlever sa ceinture. Nous récupérâmes nos affaires et allâmes nous asseoir à une table, dans un petit café, en attendant le départ. Gabriel commanda deux jus de fruits, puis il m'expliqua que nous allions faire plusieurs escales avant d'arriver chez papa, à Nelson, en Nouvelle-Zélande. Je soupire. Le voyage va être long...
" Les passagers du vol R273 sont attendus sur le quai numéro 9 " nous avertit une voix au loin.
Nous nous levâmes, en suivant la foule de gens qui attendaient, et nous nous dirigeâmes vers le quai indiqué par la voix.
Je consultai mon billet et me rendis à la place qui m'avait été attribuée. J'étais entre Gaby et une jeune fille, d'à peu près mon âge. Au moment du décollage, je vis qu'elle était crispée, alors j'engageai une conversation, et nous avons très vitesympathiser. Elle se nommait Cassiopée, et se rendait elle aussi en Nouvelle-Zélande ! Étrange coïncidence, car elle connaissait mon père, et n'habitais pas loin de chez lui ! Je étais impressionnée par son niveau de français. Nous avions beaucoup de points en commun : elle adorait lire (comme moi) et dessiner (comme moi !), et bien sûr j'en passe. Alors, avec ma nouvelle amie, nous organisâmes un concours de dessin. C'était Gabriel qui déciderait qui serait la gagnante (sans qu'on lui dise qui étaient l'auteur du dessin, bien sûr !) Je dessinai deux amoureux qui s'embrassaient, enveloppés d'une lumière blanche. Derrière eux, une ombre noire les menaçaient... J'étais assez fière de mon dessin. Mais celui de Cassiopée était encore plus beau ! Il représentait une petite fille tirant une flèche avec un arc. Parfait, dans les moindres détails ! C'est elle qui gagna, mais je n'étais pas une mauvaise perdante. Elle le méritait!
Une hôtesse de l'air passa avec un chariot chargé de boissons, et nous prîmes chacun une bouteille d'eau. Gabriel feuilleta des magazines, pendant que Cassiopée lisait un manga. Je saisissais mon petit sac à dos, posé à mes pieds, et sortais mon livre. J'observai la couverture. Le titre, "Le Vol des Papillons", écrit en belles lettres calligraphiées, était illustré par une magnifique aile de papillon, dans les tons bleu-violet et rose. Je l'ouvris là où j'avais laissé mon marque-page, mais, au bout de quelques lignes, je m'aperçus que l'histoire est totalement différente de celle que je lisais. C'était louche... Mais ce n'était pas ce qu'il y avait de plus étrange ! Lorsque je refermai le livre, je m'aperçus que le titre avait changé ! A présent, il y avait écrit "Les Amoureux Innocents" ! L'illustration... C'est EXACTEMENT le dessin que j'avais fait quelques minutes plus tôt ! Mais pourtant, ce dessin sortait exclusivement de ma tête !!! Je ne l'avais jamais vu auparavant !! Et puis, c'était tout simplement IM-PO-SSI-BLE. Je me pincai, pour vérifier que je ne rêvais pas. Je rouvrais et refermais mon livre une dizaine de fois, mais la couverture restait la même. Cassiopée, qui se rendit compte de mon manège, tourna la tête vers moi. Puis elle aperçut l'illustration, et fronca les sourcils :
- Tu n'avais pas le droit d'avoir un modèle ! Tu as triché !
Je lui expliquai que non, que je n'ai jamais vu ce dessin, et qu'il se passait quelque chose d'irréaliste avec mon livre. Elle finit par me croire, contrairement à Gaby, absolument persuadé que c'était impossible, et que j'avais dû me tromper de livre, point. J'aimais beaucoup mon frère, mais parfois, il m'énervais, surtout que je ne connaissais pas ce livre!
- Je te dis que non ! Je n'ai jamais vu ce livre, et lorsque je l'ai prit dans mon sac, c'était bien "Le Vol des Papillons" le titre !!!"Il va bien finir par me croire, nom d'une pipe ! Et puis zut, je vais être obligée de le lire ce livre ! Alors, voyons voir de quoi ça parle..."
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Les Amoureux Innocents
AventuraJe m'appelle Elsa Pendore et je pars pendant 2 semaines chez mon père qui s'est installé depuis peu en Nouvelle-Zélande. Avec moi, j'ai pris quelques bricoles dont un livre nommé "Le Vol des Papillons". Dans l'avion, je me rends compte que ce livre...