Face Cachée

II

Lucie

Je me regardais dans le miroir de ma salle de bain, vérifiant que mon maquillage était bien en place et que je n'étais pas plus maquillée d'un œil que de l'autre. Je ramenais mes cheveux violets en une haute queue de chevale, dévoilant mes racines brunes et ma nuque légèrement basanée dût à mes origines espagnoles. Je fixe mes yeux bruns et tente de déceler la moindre imperfection sur mon trait de crayon. Je souris vaguement à mon reflet et souffle un coup.

Mon esprit se met alors à divaguer sur la conversation qu'on a eue avec Mélanie l'autre jour. J'étais étonnée bien sûr, mais elle ne pouvait pas l'inventer. Elle ne le sait pas, je n'en ai parlé qu'à Kira et elle n'est pas du tout du genre à répéter les secrets. Alors comment est-ce possible ? Elle m'avait semblé tellement malade ces derniers temps. Son teint déjà clair se faisait de plus en plus pâle et ses cernes déjà bien creusées sous ses grands yeux azur avaient pris une teinte violacée qu'elle ne tentait même pas de cacher. Elle ne se préoccupe pas vraiment de son apparence extérieur, heureusement que je suis là.

Je me tapote légèrement les joues, souris de toutes mes dents devant le miroir et sors avec ma veste et mon sac sur le dos. Le chemin vers le collège n'était pas long et je le faisais avec Kira à qui je racontais pleins de choses sans vraiment d'importance, mais au moins nous n'étions pas dans le silence. Je déteste le silence, il me fait presque peur.

Le cours de maths n'est pas des plus captivants mais je tente tout de même de comprendre et de travailler un minimum, au contraire de ma voisine de table qui n'est autre que Mel. La brune a sa tête couchée contre la table, ses longs cheveux éparpillés un peu partout et un stylo en main pour dessiner sur son cahier au lieu de faire les exercices. Elle m'étonne depuis la rentrée. Mélanie a toujours été l'une de ses bonnes élèves discrète à qui on ne reproche jamais rien, mais depuis trois mois elle passe son temps à rêvasser et à écrire dans la marge au crayon. Je n'ai réussi qu'une seule fois à lire ce qu'il y était d'inscrit et ce n'était pas joyeux. Elle me fait peur. Elle ressemble de plus en plus à un fantôme, un corps dont l'âme et la volonté de vivre s'est en allée depuis bien longtemps.

Je la secoue légèrement pour lui éviter l'épisode de la dernière fois, mais elle ne me répond que par un regard à noir à vous glacer le sang. Je frissonne légèrement et lui murmure d'un ton peu sympathique.

-Si c'est pour me regarder comme ça quand j'essaie de t'aider, tu te démerderas avec la prof la prochaine fois.

Un éclair de tristesse passe dans son regard mais il s'enfuit aussi vite qu'il est apparu. Elle paraît troublée quelques instants, puis reprends son air sans émotions et fermé qui doit renfermer bien des choses. Je repense alors à mes rêves.

Ce garçon qu'elle nous a décrit, je le vois aussi chaque soir depuis le mois d'août et je ne pense pas à une coïncidence. Les cheveux blonds légèrement ondulés et la sensation de bonheur, de sécurité et de retrouvailles. La seule chose qui différencie nos rêves est le fait qu'il essaie de lui parler, tandis que moi je l'ai déjà entendu clairement dire qu'il m'aimait.

Je ne fais pas attention quand je marche dans le couloir, trop absorbée par mes pensées. Ce qui devait arriver arriva et je me retrouvai les fesses par terre à me frotter le bas du dos puis à ramasser mes livres éparpillés un peu partout sur le sol. Je retrouve toutes mes affaires, mais seule le tome trois de Twilight manque à l'appel. Je le cherche frénétiquement, je ne pouvais pas le perdre alors que j'étais à la fin ! J'entendis alors la voie d'un garçon près de moi.

-Je n'ai jamais compris pourquoi les filles aiment autant Twilight, c'est un ramassis de conneries et de niaiserie.

Je me relevais, furieuse que quelqu'un ai osé critiquer ce qui se révélait être ma saga préférée. Je me retrouvais nez à nez avec un garçon un peu plus âgé que moi et à l'air ténébreux et arrogant. Il tenait d'une main un paquet de cigarettes et de l'autre mon très chère livre dont il semblait lire le résumé avec dégoût.