Il avait les mots (Lucas Digne)

Chapitre 5

"Ce n'est quelquefois qu'en perdant ceux qu'on aime qu'on sent combien on les aimait"

#Alfred de Musset

Lucas Digne

20 Avril 2017

7h45

               Mon portable vibre, me réveillant. Je tâtonne pour l'attraper. Qui m'appelle d'aussi bonne heure ? Je réponds sans faire attention.

"Allô ?

-Lucas ? C'est Éloïse.

-Salut, ma belle. Alors ? Quoi de neuf ? T'es de permission ?

-Non, je suis... Je suis en Syrie.

-Merde. Reviens en vie, s'te plaît. Tu me manquerais trop.

-Je sais. Ne t'inquiète pas. Je m'apprête à monter dans l'avion.

-Alors ? Vous ramenez tout le monde ?

-Ouais. Mais pas tous en vie.

-Merde. Combien ?

-Une dizaine d'hommes. L'Amérique a bombardé. Civils, femme, enfants, soldat français... Tout ceux qui étaient dans la zone y sont passés.

-Tu vas devoir appeler leurs familles ?

-C'est déjà fait. C'est justement pour ça que je t'appelle.

-Je ne vois pas..."

               Mon cerveau me rappelle que Hugo y est. Il est en Syrie.

"Éloïse ?

-Je sais que tu viens de comprendre, Lucas.

-Non !

-Hugo était sur la zone. Il n'a pas survécu."

               Un mal de tête horrible commence à me ravager le cerveau. C'est pas possible. C'est impossible. Il... Il ne peut pas être mort. On bouge à mes côtés. Je frappe l'épaule de mon acolyte pour qu'il arrête de remuer.

"Je sais que c'est dur pour toi mais...

-Je n'étais plus avec, de toute façon. Pourquoi tu me préviens ?

-Parce qu'il n'a pas changé de personnes à contacter en cas de problèmes.

-Je n'étais plus avec. Ca me fait un peu mal mais... Je... Préviens sa soeur. Elle saura quoi faire. Moi, j'ai rien à voir avec tout ça."

               Je me laisse tomber sur le dos, une larme coulant le long de ma joue. Pourquoi faut-il que je fasse mon connard quand je suis au téléphone ou des que le sujet part vers Hugo ? Il est mort. Il vient, à nouveau, de me briser le coeur. Sans le savoir. Sans le vouloir. Le bras de mon récent petit ami passe autour de ma taille. Je ne dis rien. Je ne bouge pas.

"Tout va bien, bébé ?

-Ne t'inquiète pas.

-C'était qui ?

-Une amie.

-Lucas ? J'entends à ta voix que ça ne va pas. Parles moi.

-Tout va bien, Noah. Je vais bien.

-Si tu me caches déjà des trucs, on est mal barré.

-Je ne te caches rien. l'agressai-je.

-OK. T'énerve pas."

                Je me lève et quitte la chambre pour aller dans la cuisine. Léo, qui vit toujours chez moi, prends son petit déjeuner. Je le checke et m'assois en face de lui, prenant ma tête entre mes mains.

"Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

-C'est Hugo.

-Lloris ?

-Non, l'autre Hugo.

-Ton ex ?

-Il était reparti.

-Quel endroit ?

-Syrie.

-T'es au courant que ...

-Trump a bombardé ? Ouais, je sais.

-Il n'était pas sur la zone, si ?"

               Je ne réponds pas. Je n'en ai pas la force.

Léo Messi POV

          Je vois à la tête de Lucas qu'il ne va pas bien. Encore plus quand il prend sa tête entre ses mains.

"Qu'est-ce qui t'arrive ?

-C'est Hugo.

-Lloris ?

-Non, l'autre Hugo.

-Ton ex ?

-Il était reparti.

-Quel endroit ?

-Syrie.

-T'es au courant que ...

-Trump a bombardé ? Ouais, je sais.

-Il n'était pas sur la zone, si ?"

                Il garde le silence, baissant le regard. Hugo est mort. Je me lève et m'assois sur la chaise la plus proche de Lucas, posant ma main sur son épaule.

"T'es au courant que je sais que tu m'as menti ? Je sais que tu avais toujours des sentiments pour lui. T'en as toujours eu. Il y a quelqu'un que tu dois prévenir ?

-Non, ma pote qui m'a prévenu va prévenir la soeur de Hugo.

-Pourquoi tu as été prévenu ?

-J'étais son numéro d'urgence. Il n'en a jamais changé. J'ai toujours été son numéro d'urgence. Je pensais qu'il en aurait changé mais il a voulu me garder. Il a essayé de me récupérer. Par SMS, par appels. Mais je le rejettais tout le temps. Parce que j'avais peur de souffrir. Putain mais quel con j'ai été ! Pourquoi je ne lui ai pas dit, le mois dernier ? Pourquoi je ne lui ai pas dit que je l'aimais toujours ? Pourquoi je n'ai pas essayé de le retenir pour qu'il n'y aille pas ? Tu peux me le dire, ça ? Mais quel con, putain ! Maintenant, il est mort. Je n'ai pas su le retenir. J'ai été le plus gros con de la terre.

-Lucas, ne dis pas ça.

-Pourquoi je ne le ferais pas ? Il était réserviste. Il avait arrêté les missions. Pour moi. POur que je ne m'inquiète pas dès qu'il partait. Il avait tout arrêté pour moi. Et quand il m'a dit qu'il repartait, au lieu de lui dire que je l'aimais et que je voulais qu'il reste à mes côtés, je lui ai demandé un délai. Mais quel abruti, je fais !

-Tu as Noah, maintenant.

-Noah ? T'as rien compris, pas vrai ? Noah mérite mieux qu'un mec qui n'a pas de vrais sentiments pour lui. Je vais le faire souffrir comme j'ai morflé à cause de Hugo.

-Lulu...

-J'ai besoin d'air."

               Il se lève et quitte la pièce, sortant de la villa. Je soupire et le laisse faire. Il a besoin de digérer la nouvelle. Je vois Noah entrer dans la pièce, l'air bien réveillé. Il me salue en me souriant et s'installe.