Chapitre 4

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Lucas Digne

20 Mars 2017

13h30


                J'arrive au Camp Nou et vais me changer.

"Tu reprends déjà les entraînements ?

-C'est pas un cocard qui va m'en empêcher, crois-moi, Ney.

-Et tes côtes ?

-Je vais bien.

-Tu t'es fait agressé, il y a trois jours. Reposes toi.

-J'ai pas besoin de me reposer. Je vais bien.

-Comme tu voudras. Mais tu passes voir le médecin avant d'entrer sur le terrain.

-Je ne suis pas totalement irresponsable." répliquai-je, sèchement, agacé par le brésilien.

               Les gars arrivent peu à peu et on se dépêche. Avant de me diriger vers le terrain, je vais vers l'infirmerie du club. De toute façon, je n'ai pas vraiment le choix. Suarez et Enrique ne me lâcheront pas tant que je n'y serais pas passé. Quand j'arrive, c'est Daniel qui me prend en charge.

"Tu es déjà autorisé à reprendre ?

-Je ne sais pas vraiment. C'est pour ça que je suis ici.

-Lucas...

-Je sais. C'est pas raisonnable et tout et tout mais je ne peux pas rester enfermé chez moi. Je ne vais pas tenir.

-OK. Allonges toi. Que je vérifie."

               Je m'allonge et il vérifie mon état, appuyant légèrement au niveau des côtes.

"Tu peux reprendre mais pas de folies, comprit ?

-Comprit, chef !"

               Je le remercie et me relève, me dirigeant vers le terrain. Il me suit pour donner son consentement à ma reprise des entraînements à Enrique.

               Je sors du terrain, clés en main. Mon regard croise celui de Hugo.

"Je ne viens pas pour essayer de te récupérer même si j'en rêve d'envie. Je viens juste te rendre le badge. Je suppose que je n'en aurais plus besoin."

               Il me tend le badge qui lui a permi d'être ici. Je le récupère et le fais tourner entre mes doigts. Ca devient beaucoup trop vrai. Je continue de tomber dans le gouffre qu'il a laissé. Qu'il va laisser.

"Tout va bien, Lucas ?

-C'est bizarre mais... Je crois que ça me fait mal.

-De quoi tu parles ?

-De tout ça ! De ton départ. Du fait que tu me rende, peu à peu tout ce qui a lien avec notre histoire. Les plaques, le badge, la gourmette. Ca commence à me paraître bien trop réel et ça me fait mal.

-Lucas...

-Tu es toujours avec lui ?

-Je n'ai couché qu'une fois avec lui. C'était une erreur. Si t'avais écouté mais messages...

-Je t'aurais entendu le dire ? Je me doute. Tu sais... J'ai souffert. Je souffre toujours.

-Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ?

-Je me suis fait agressé. A la sortie d'une boîte de nuit. J'essayais de t'oublier. Tu sais... J'ai menti à Léo. Je lui ai dit que... Que je ne t'avais jamais vraiment aimé mais la vérité et tellement différente, putain ! J'en crève que tu sois loin de moi.

-Alors laisse moi revenir.

-Je ne peux pas faire ça. Je souffrirais à nouveau. Et puis Léo ne comprendrait pas.

-Ne fais pas ta vie par rapport à lui. Fais le pour toi, Lulu.

-Tu veux savoir la vérité ? La vérité c'est que ça fait quatre mois que tu es loin de moi et j'en crève. Quatre mois. C'est le temps depuis lequel dure mon calvaire. Je me retourne la gueule tous les soirs pour t'oublier. Parce que t'es un connard. J'avais confiance en toi et tu n'as rien trouvé de mieux à faire que de me trahir ? Je t'aimais, Hugo. Sincèrement mais...

-Je suis désolé, Lucas. Je te l'ai dit : c'était une erreur. Laisses moi revenir. On en souffre tous les deux.

-Pourquoi m'avoir donné tes plaques ?

-Parce qu'elle ne me serve à rien si tu n'es pas à mes côtés. J'en ai pas besoin. Écoute... Je vais te laisser réfléchir à nous. A ce qu'on a été, à ce qu'on pourrait être. Je pars en mission pour un mois en Syrie. Dès que je reviens, on en reparle, OK ?

-Le gouvernement français t'y envois ?

-J'ai pas le choix. On se voit à mon retour, Lulu. A plus."

               Il monte dans sa voiture et part. Je me mords la lèvre, la peur au ventre. Pourquoi faut-il qu'il parte à nouveau ? J'aurais aimé qu'il reste. Vraiment. J'aurais réfléchit et je lui aurais parlé quand je le voulais. Je soupire alors que Léo arrive.

"T'es encore là ?

-Je t'attendais. Comme ça Neymar n'aura pas de détour à faire."

               Je n'aime pas lui mentir. Mais je n'ai pas plus de choix que ça.

Il avait les mots (Lucas Digne)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant