18 : Le week-end de l'ascension chez Agathe.

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─ Alors il y a Loïc, forcément, parce qu'ils sont amis, même si c'est bizarre. Et Gaston, parce que je pense que sous leurs histoires d'ego masculins fragiles, ils s'aiment bien, ces deux-là. Ah, et Théo m'a dit qu'il termine ses examens la semaine prochaine, donc il pourra venir.

Ma mère m'a dévisagée, ne sachant pas qui était les trois quarts des gens que je venais de citer. En réalité, je m'en fichais pas mal, je me parlais plus à moi-même, annotant les personnes à qui je pensais en même temps que je dressais la liste des invités. Ma mère a fini par m'adresser un regard réprobateur, en même temps qu'elle s'affairait au déjeuner autour de moi.

─ C'est bien de penser à l'anniversaire de Gabin, chérie, mais tu n'as pas d'autres priorités pour le moment. Comme ton bac.

─ Crois-moi, tu n'as pas envie que je me mettes à fond dans mon bac, sinon, ce n'est plus avec Agathe que tu vas vivre, mais avec Karl Marx.

Des pas se sont faits entendre dans l'escalier, et j'ai rapidement rangé la liste d'invités dans la poche arrière de mon pantalon. Le but d'une fête surprise, c'était que Gabin ne comprenne pas que j'étais en train de lui en organiser une. Il s'est présenté devant nous, les cheveux encore mouillés parce qu'il sortait de la douche, frais et dispos. Il était de bonne humeur, ce qui avait peut-être à voir avec le week-end de quatre jours qui commençait, le beau temps qui s'annonçait, ou une toute autre raison.

─ Ma mère m'a laissé un message sur Facebook ! a-t-il déclaré enjoué.

─ Donc ta mère sait enfin comment fonctionne Facebook, me suis-je amusée. Je comprends pourquoi tu es si heureux.

Il a levé les yeux au ciel dans un sourire.

─ Non ! Elle vient de prendre son billet de retour. Le visa du copain de Georges expire bientôt, alors ils rentrent tous avec lui. Elle revient le huit juin. Elle revient pour mon anniversaire !

J'ai affiché un sourire franc. Au moins, on pouvait être certain que ses dix-huit ans n'allaient pas être ratés. Si sa mère revenait, alors c'était pour lui le plus beau des cadeaux qu'on pouvait lui faire.

─ C'est génial, ça, a affirmé ma mère avec la même bienveillance dans le regard. Si tu veux on peut aller la chercher à l'aéroport. Le lycée vous aura libéré pour vos révisions, normalement, non ?

Gabin m'a adressé un regard surpris, et j'ai partagé son ressenti. C'était vraiment charitable de la part de ma mère de lui proposer de l'emmener. Je me suis d'abord demandé si c'était encore de la pitié pour lui, mais je me suis dit qu'elle avait dépassé ce stade. Après tout, Alexandra était peut-être la mère de Gabin, mais elle était aussi devenue une amie de la famille. Ma mère faisait d'une pierre deux coups : elle accélérait les retrouvailles entre une mère et son fils, mais aussi entre deux copines.

─ Vraiment ? s'est assuré Gabin. Ça te dérange pas ? Elle arrive à Rennes vers 15 heures.

─ On peut faire l'aller-retour dans la journée. Si tout va bien, on sera rentrés pour 19 heures.

Elle a prononcé cette dernière phrase avec un clin d'œil discret pour moi, qui signifiait « Ne t'inquiète pas, tu pourras faire ta fête », et j'ai ressenti une immense joie dans ma poitrine. Non seulement, Gabin allait revoir sa mère le jour de son anniversaire, mais en plus le trajet à l'aéroport lui laissait croire que c'était la seule chose de prévue pour la journée. Parfait. C'était peut-être la première fois que j'allais réussir la surprise d'un anniversaire surprise.

─ Alors, a relancé ma mère, qu'est-ce que vous allez faire aujourd'hui ?

On a échangé un coup d'œil, l'un vers l'autre, avant de hausser les épaules.

Les 24 états d'âme de Gabin et Agathe.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant