La semaine est passée à une vitesse hallucinante. D'abord, il y a eu l'anniversaire d'Agathe qu'on a fêté dans un bar, avant de se faire virer parce qu'on était trop bruyants. On a fini sur la plage, à jeter Agathe toute habillée dans la mer, pour ensuite la rouler dans le sable, à la manière d'une escalope panée. On est rentré à 3 heures du matin, et là, on a pris un autre avertissement pour avoir parlé trop fort et trop près des autres tentes.
Autant dire que le lendemain, les filles étaient tendues, et nous en voulaient. Priam, aussi, parce qu'il endossait un peu le rôle d'un père de famille. Pour nous punir, ils nous ont traînés au musée de la tradition du filage et tissage artisanal. Une heure de visite guidée à voir du coton passer dans des machines qui grinçaient. Et devinez quoi ? On s'est fait encore virer à cause de notre chahut.
Il existe, quelque part en Vendée, un musée avec notre photo sur le « mur des gens à ne jamais laisser entrer ».
Le reste de la semaine s'est partagé entre les sorties à la plage, à la piscine – je n'ai jamais mis autant de crème solaire de ma vie – et ce dernier jour, nous avions prévu la grosse activité de la semaine : un parcours d'accrobranches. Dans un premier temps, tout le monde a pensé que les choses allaient bien se passer. Apprêtés dans nos harnais moulants et avec nos casques qui aplatissaient les cheveux, on s'est séparé par duo. Agathe et moi avons fait notre parcours tranquillement, s'aidant mutuellement, même si elle n'en avait pas du tout besoin. Je voyais bien qu'elle faisait exprès de calmer son allure pour ne pas me semer.
Arrivés sur une plate-forme située en fin de parcours, on est tombés nez-à-nez avec Thibault.
─ Ah, vous êtes là, a-t-il dit, presque soulagé. On avait peur de vous avoir perdus aussi.
Agathe et moi nous sommes dévisagés.
─ Comment ça « perdus aussi » ? a-t-elle demandé.
─ Ça fait deux heures qu'Eliott ne me suit plus. J'ai aucune idée d'où il est parti. Et Gabrielle est coincée à dix mètres hauteur, elle arrête pas de pleurer, et elle veut plus redescendre. Le personnel est carrément en train de monter un raid pour aller la chercher.
Un peu angoissés par ce bilan, nous sommes redescendus sur la terre ferme, pour rejoindre le centre du parc, au milieu d'une large clairière. Georges et Priam étaient allongés dans l'herbe, attendant visiblement que les choses s'arrangent sans trop s'inquiéter.
─ J'ai trouvé les bretons, a déclaré Thibault en nous ramenant près des garçons.
─ C'est pas un peu stigmatisant de nous désigner tout le temps par « les bretons » ? ai-je dit en me laissant tomber dans l'herbe.
Soudain, des regards généraux de surprise se sont tournés vers moi. Même Agathe a écarquillé les yeux. Au début, j'ai pensé qu'il y avait quelque chose d'offensant dans mes paroles que je n'avais pas remarqué. Je me suis inquiété d'avoir fait une boulette.
─ Quoi ? ai-je questionné, mal à l'aise.
─ Depuis quand tu sais utiliser le mot « stigmatisant » ? s'est étonné Georges.
J'ai froncé les sourcils, vexé de voir que j'avais une image de mec limité dans son vocabulaire. Croisant le regard d'Agathe, qui elle-même, avait eu une expression de choc, j'ai secoué la tête de déception.
─ Vous me prenez vraiment pour un abruti, en fait ?
Ma petite amie m'a attrapée pour me faire un câlin, et posant sa tête contre mon épaule, elle a tenté de me rassurer.
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Les 24 états d'âme de Gabin et Agathe.
RomanceGabin et Agathe se sont rencontrés à dix-sept ans au mariage de leurs frères et sœurs respectifs. Qui aurait pensé que les deux familles auraient trouvé en cette soirée de nombreux points communs ? Soudain, Gabin et Agathe se croisent bien plus sou...