Chapitre 1 : La cape

1.1K 89 5
                                    


La pluie, le ciel gris, le bruit de l'orage... Depuis son lit, Draco observait les gouttes d'eau venir s'échouer sur sa vitre dans un bruit sourd, avant de glisser doucement, laissant un sillon humide derrière elles, tout comme les larmes silencieuses qui coulaient de ses yeux gris. A quoi bon vivre, se disait-il, si c'est seulement pour devenir l'esclave de la personne qu'il méprisait le plus dans ce monde ?
Il eut un rire amer. Il n'avait pas le courage de mettre fin à ses jours, même si cela signifiait être sous les ordres du Mage Noir jusqu'à sa mort.
Il se leva, essuya piteusement ses joues humides et s'approcha un peu plus de la fenêtre. Dehors, des élèves couraient pour ne pas être mouillés par la pluie qui s'abattait sur Poudlard depuis maintenant trois jours. Peu à peu la grande cour de l'école se vida. Seul un élève, un Gryffondor à en croire ses couleurs, était resté, assis sous un arbre.
Draco observa plus attentivement le rouge et or, il plissa les yeux et pu distinguer des lunettes. C'était donc un Gryffondor brun à lunettes et assez dérangé pour s'asseoir sous un arbre par un temps pareil...
-"Potter..."
Le blond enfila sa cape et sortit de sa chambre de préfet. Il ne savait pas comment ni pourquoi, mais il avait développé une sorte de curiosité pour tout ce qui concernait de près ou de loin le Survivant. Bien sûr personne n'était au courant. D'abord parce-que si son père l'apprenait, il serait aussitôt jeté aux cachots du Manoir familial, mais surtout parce-que cela nuirait fortement à sa réputation de "Prince de Serpentard" et mettrait un coup à sa fierté. Mais c'était plus fort que lui, il ne pouvait s'empêcher de l'observer en secret, de penser à lui, de toujours chercher à savoir ce qui le rend triste ou heureux... Et cela c'était empiré ces derniers jours, puisqu'en plus de l'épier à longueur de journée, il ressentait maintenant le besoin d'être proche de lui, physiquement comme affectivement. Et ce n'était pas une mince à faire, comment pouvait-il ne serait-ce que penser qu'un jour il pourrait être ami avec son meilleur ennemi ? Impossible. Alors il se contentait de le frôler de temps en temps dans les couloirs de l'école, ou encore de le toucher plus franchement pendant l'une de leurs nombreuses disputes.
Le préfet dévala les escaliers et couru rejoindre l'objet de ses pensées. Le brun ne bougeait pas, il était adossé contre l'arbre, mi- allongé mi- assis. Draco s'approcha encore un peu et pu constater que la pluie n'atteignait pas le Gryffondor car l'arbre l'abritait des gouttes d'eau. Il constata également que ...
-"Mais quel crétin..."
Le rouge et or dormait à point fermé ! En temps normal, comme tout Serpentard qui se respecte, il l'aurait soit humilié à grand renfort de répliques Malfoyenne dont il a le secret, soit aspergé à coup d'Aguamenti. Mais pour son plus grand malheur, la seule chose qui lui vint en tête fut de le couvrir avec sa cape, inquiet que le brun attrape froid. Il déposa délicatement le bout de tissu noir sur le corps du Gryffondor et lui jeta un dernier coup d'œil avant de repartir en courant en direction de sa chambre.
Il ouvrit la porte, entra, puis la referma d'un coup de pied énervé. Il se dirigea ensuite vers la salle de bain afin de sécher ses cheveux trempés par la pluie. Il posa ses deux mains sur le lavabo, leva la tête, puis aperçu son reflet dans le miroir. Il se scruta un instant, sourcils froncés, avant de frapper rageusement le mur d'un coup de poing.
-"Qu'est-ce qui m'a pris de faire une connerie pareille ! Mais quel con ! Comme s’il allait me remercier !"
Il rinça sa main ensanglantée puis se sécha les cheveux avec une serviette. Il se dirigea ensuite vers son lit, sur lequel il se laissa tomber. Il était 18h25, bientôt l'heure du diner, il allait encore devoir partager sa table avec tous ces hypocrites d'enfants de mangemorts. Il soupira à cette idée, il n'en pouvait plus de ces deux crétins sans cervelle de Crabbe et Goyle et de ces deux groupies de Pansy Parkinson et Milicent Bullstrode. Les seuls qu'il arrivait à supporter étaient Blaise Zabini et Théodore Nott. Bien sûr, il ne leur faisait pas confiance car s’il y avait bien un enseignement utile que son père lui avait appris, c'était de ne jamais faire confiance à personne.
Il se leva péniblement de son lit, arrangea sa cravate et se dirigea vers la porte avant de se rendre compte...qu'il n'avait plus de cape !
-" Merde ! Il va surement le remarquer et faire le lien avec la cape qu'il a retrouvé sur lui..."
Il commença a paniquer, si jamais Potter se rendait compte que lui, Draco Malfoy, son ennemi de toujours l'avait tendrement couvert avec sa propre cape de peur qu'il n’attrape froid avant de le mater ( parce-que oui, il l'avait bel et bien maté), ce serait la fin pour lui. Autant sauter de la tour d'astronomie tout de suite, ça sera beaucoup plus rapide et beaucoup moins humiliant.
-"Bon, on se calme" se dit-il en s'asseyant sur son lit "Potter est tellement débile qu'il n'a même pas dû remarquer qu'il y avait une cape sur lui...en plus de la sienne...Serpentard qui plus est... AAARRRRGH CHUI FOUTU !!!" cria-t-il en se s'ébouriffant les cheveux. Soudain, il entendit des coups sur sa porte. Il soupira et alla regarder par le Juda qui osait venir l'embêter dans une situation pareille.
-"Théo ?"
-"Oui c'est moi, qu'est-ce que t'attend pour descendre ? Les autres ont déjà commencé à manger"
Le blond ouvrit la porte, et retourna à la salle de bain.
-"J'arrive, j'ai juste un souci avec ma cape."
-"Quels genres de soucis ?" demanda le brun en refermant la porte derrière lui.
-"Je l'ai brûlé en m'entraînant à préparer une potion tout à l'heure"
-"Quel potion ?" lui demanda-t-il en s'asseyant sur le lit du Préfet.
-"Une potion. Et arrêtes avec tes questions, tu m'énerve !"
Théodore leva les yeux au ciel avant de répondre de son habituel ton blasé.
-"Ok, mais grouille toi Blaise nous attend." il se tu quelques secondes avant de reprendre "J'ai une deuxième cape, je peux te la prêter si tu veux."
"Parfait" se dit Draco, "au moins comme ça Saint Potter ne se doutera de rien".
-"Je veux bien." Il sortit de la salle de bain parfaitement coiffé et parfumé. "Par contre si tu pouvais garder ça pour toi, j'apprécierais."
-"Tu ne veux pas que les gens sachent que le Grand Draco Malfoy a cramé sa robe de sorcier haute gamme en jouant à l'apprenti chimiste ?"
Le blond leva un sourcil.
-"Tu n'es pas drôle Théodore Nott. Va plutôt me chercher la cape, je t’attends ici."
Le brun se leva en soupirant un vague "J'y vais" avant de sortir de la chambre. Il réapparut quelques minutes plus tard avec la robe sous le bras.
-"Tiens." Le blond pris la cape, l'enfila et se dirigea vers la porte, suivit par Théo, qui marmonnait des choses sur les riches imbus d'eux-mêmes et même pas fichu d'appliquer les règles de politesses de bases telles que "s'il te plaît, merci, derien".
Ils rejoignirent les autres dans la grande salle.
-"Enfiiin ! J'ai failli mourir de faim moi !"
-"Personne ne t'as demandé de nous attendre Zabini" lui lança le blond en prenant place entre le métisse et une première année.
-"Mais Draco, on t'avait gardé une place entre nous !" bouda Pansy en tapant la place entre elle et Millicent avec sa main.
-"Non merci je m'en passerais"
Pendant que tout le monde mangeait, Draco observait Harry. Le brun avait la tête posée sur ses bras croisés. Il avait l'air endormi. Encore une fois.
-"Draco ?"
Déjà la veille le Gryffondor s'était endormi en cours de potion, ce qu'il lui avait d'ailleurs value deux heures de récurage de chaudron le soir même.
-"Draco ?!"
Qu'est-ce qui pouvait bien le fatiguer à ce point-là ? Quelque chose clochait et il fallait qu'il découvre quoi.
-"DRACOOO !!!?" Le blond sursauta. Il agressa du regard celui qui avait osé le sortir de ses pensées aussi brutalement.
-"Pas la peine de me regarder comme ça ! C'est la troisième fois que je t'appelle !" se défendit le métis en levant les mains en signe de paix sous l'œil amusé de Théo.
- « Et qu’est-ce que tu veux ? »
- « Je voulais vous proposer à toi et Théo une partie d’échecs dans ta chambre, tu viens ? »
Draco se pinça l’arête du nez, Blaise était vraiment irrécupérable.
- « C’est vraiment très aimable de ta part mon cher Blaise de m’inviter dans MA chambre à jouer avec MON jeu d’échecs. »
- « Je sais, j’suis un chic type. » plaisanta Zabini en se levant suivi de Théo et Draco, qui jeta un dernier coup d’œil à un Potter toujours endormi avant de rejoindre sa chambre avec ses deux amis.
Le soir venu, après que Théo et Blaise soient retournés aux dortoirs, Draco se doucha, et alla rejoindre sa place favorite, c’est-à-dire vers la fenêtre qui donne sur la grande cour.
- «Je me demande ce qu’il le fatigue autant...»

A suivre...

Destins honnisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant