WILL

La tête penchée en arrière pour admirer le ciel étoilé alors qu'il était assis sur un muret, Will laissait libre cours à ses pensées. Une sourde douleur remplissait sa poitrine et il ne savait pas comment la faire cesser. Il avait beau retourner le problème dans tous les sens, le résultat restait le même : il n'y avait aucune solution. Il n'avait pas pu contrôler ce qui arrivait et désormais, il s'en mordait les doigts. À aucun moment, il n'avait pu éviter ce qui était en train de se produire. Attrapant son téléphone dans la poche droite de son jean, le châtain composa sur le clavier tactile un numéro qu'il connaissait par cœur. Une, puis deux sonneries avant qu'une voix féminine ne lui réponde, lui faisant froncer les sourcils. Il ne s'était pourtant pas trompé de numéro.

- Allô ?

- Euh... Je voudrais parler à Matthew.

- Désolé, il est sous la douche. Je lui dirais que tu as appelé, Will.

- Ce n'est pas la peine ! Bonne soirée.

Il raccrocha en vitesse alors que son cœur tambourinait dans sa poitrine. Le jeune homme échappa un sanglot qui se perdit bien vite dans le silence. Elle était chez lui, un soir de semaine, alors qu'il était sous la douche. Elle avait la voix de la fille heureuse qui répond sur le téléphone de son petit-ami. La pression sur son cœur redoubla alors qu'il pressait fortement ses paupières, espérant se réveiller de ce mauvais rêve. Mais à son plus grand malheur, ce n'était que la vérité. Matt ne serait jamais à lui. Son meilleur ami avait trouvé une petite-amie et allait peu à peu le délaisser, comme il le faisait depuis qu'il l'avait rencontré, quelques semaines plus tôt.

Il avait toujours su qu'aller dans ce bar-karaoké avec ses amis pour une soirée avec sa classe seraient une mauvaise idée. Mais tout avait été pire quand cette jolie blonde avait accosté son ami, lui proposant un verre. Il avait bien vu comment le brun regardait la jeune fille et comment ses yeux pétillaient en l'observant. À cet instant, il avait su que tout serait fini avant même d'avoir commencé. Évidemment, comment pourrait-il poser un regard différent sur lui quand il savait que son ami portait un tel regard sur les filles. Mais il n'avait jamais voulu que tout ça arrive ! Jamais il n'avait souhaité tomber amoureux de son meilleur ami, jamais il n'avait souhaité que son cœur s'accélère dès que son meilleur ami lui offrait une accolade virile. C'était un cauchemar qu'il n'avait jamais souhaité et aujourd'hui, il s'en retrouvait complètement prisonnier.

La brise fraiche venant de l'océan faisait voler ses cheveux et le faisait frissonner mais il n'avait aucune envie de bouger. Son tee-shirt, renforcé d'un sweat-shirt à capuche, ne le protégeait pas assez mais il n'en avait que faire. Il voulait rester ici, seul, coupé du monde pour laisser ses pensées exploser. Il ne supportait plus rien, il était épuisé autant physiquement que mentalement. Comment les choses avaient-elles pu évoluer ainsi ? Il aurait dû être un meilleur ami normal qui aurait été ravi que son pote trouve enfin chaussure à son pied. Mais non, à la place, il souffrait de le voir s'éloigner, de savoir qu'elle pouvait le toucher autant qu'elle le souhaitait et qu'elle pouvait profiter de la saveur de ses lèvres.

L'heure continuait de tourner sur le cadran et, malgré son insomnie, Will savait pertinemment qu'il devait rentrer pour essayer de dormir ne serait-ce que deux heures, afin d'affronter la journée de cours qui l'attendrait le lendemain. Il lui fallait un minimum d'énergie pour continuer à jouer le jeu et à supporter la vision d'Alexi collée à celui qui le faisait inconsciemment souffrir. Pourtant, le châtain ne pouvait qu'être honnête sur la beauté de la jeune fille : des cheveux blonds clairs coupé en carré aux épaules, des yeux pétillants marrons dorés et un sourire communicatif. Elle était un peu plus petite que son petit-ami et plutôt fine avec un style vestimentaire assez street. En conclusion : Matt avait trouvé un joli petit brin de femme. Après avoir passé une main dans ses cheveux en désordre, Will descendit de son perchoir avant de mettre les mains dans la poche ventrale de son sweat, prêt à prendre le chemin du domicile familiale.