Chapitre 1

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J'étais toute excitée de passer du temps avec mes deux meilleures amies, Camille et Sallie. Tout en enfilant une robe noire en parfaite harmonie avec mes cheveux relevés en chignon, je pensais à la super soirée que nous allions passer. Cette année, nous avions décidé de fêter Halloween ensemble, profitant de l'absence de mes parents partis en voyage à Paris.

Je regardais autour de moi, fière des décorations qui donnaient à ma chambre un côté effrayant. Des toiles d'araignées étaient réparties dans tous les coins, des guirlandes lumineuses en forme de citrouilles et de fantômes étaient suspendues. J'avais eu du mal à suspendre des chauves souris au plafond, mais le résultat était assez satisfaisant. Et pour finir, quelques bougies trônaient sur ma commode et mon bureau, prêtes à être allumées.

Le décor était parfait pour passer une soirée à se faire peur.

J'avais fini mon inspection quand j'entendis frapper à la porte. Je descendis l'escalier à toute vitesse et allai ouvrir la porte. C'étaient Camille et Sallie, habillées pour l'occasion.

Camille, dotée d'une beauté naturelle, portait à merveille une longue robe bleu nuit, du même bleu que ses yeux, parsemée d'étoiles. Avec ses cheveux blonds détachés, mis à part deux mèches relevées et tressées derrière sa tête, elle resplendissait de beauté.

Quant à Sallie, plus discrète de nature, elle avait opté pour une jupe noire et un haut orangé. Tout aussi belle à sa façon, elle avait décidé de ne pas attacher ses cheveux, qui retombaient en formant de jolies boucles brunes sur ses épaules. Ses yeux verts brillaient d'excitation.

Je les saluai et nous quittâmes la maison.

Quelques minutes plus tard, nous marchions dans la rue en se racontant des histoires dignes d'Halloween. Camille et moi rigolions de la crédibilité que Sallie accordait à tous nos propos et nos rires résonnaient dans la ville. La nuit commençait à tomber.

Les rues n'étaient maintenant qu'éclairées par les lampadaires et la lune qui auréolait les bâtisses d'une lueur blafarde.

Entre deux crises de fou rire, Camille lança :

« Et les filles ! Ça vous dit de faire un petit détour ?

- Pour aller où ? demandai-je avec curiosité.

- Dans le cimetière... répondit dit-t-elle avec un sourire mystérieux.

- Mais il fait nuit ! plaida Sallie d'une petite voix.

- Justement, tous les grands font ça. avança Camille. Tu es partante Mathilde ? me demanda-t-elle

- Bien sûr, quelle question ! m'exclamai-je.

- Et toi Sallie, tu es des nôtres ? la questionna-t-elle.

- Je ne sais pas... marmonna Sallie.

- Viens... on va bien s'amuser ! plaidai-je.

- D'accord, mais pas longtemps. » accepta Sallie.

Nous arrivâmes justement devant ce cimetière qui avait l'air paisible et silencieux. Camille, qui n'avait peur de rien, fut la première à passer le portail de fer forgé. Je la suivis sans crainte. Que peut-il nous arriver ? Sallie hésita un moment puis se résolut à nous suivre.

Devant nous, les tombes étaient soigneusement alignées et de magnifiques fleurs reposaient sur leurs sépultures. Les stèles étaient joliment gravées de tendres mots d'adieu. Tout respirait le calme et la tranquillité. Pas de quoi avoir peur. Nous circulions dans les allées en déchiffrant les inscriptions, quand une tombe attira mon regard.

Elle se différenciait particulièrement des autres, car sa pierre était nue et sans ornement. Je m'approchai sans aucune hésitation. Sa pierre était plus sombre que les autres, mais tout aussi jolie.

Malgré l'absence de décoration, elle paraissait normale. En m'approchant de plus près j'aperçus un nom grossièrement gravé, tel un acte précipité :

« Pierre B... »

Le reste était caché par un épais buisson de ronces.

A la vue de cette inscription, mon sang se glaça. Je ne savais pas si c'était parce que j'observais une tombe la nuit, dans un cimetière abandonné un soir d'Halloween, ou tout simplement parce que cette sépulture avait l'air d'avoir été rajoutée en toute hâte. Étrangement, la pierre tombale était fendue en son milieu. Éprouvant le besoin de toucher cette matière, j'avançai ma main pour caresser la zébrure. Au contact de la pierre, un frisson me parcourut.

C'était aussi froid que de la glace.

J'avais un mauvais pressentiment.


Des yeux dans la nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant