Chapitre V

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Elias n'avait pas reçu d'autre message de la part de Swann. Plus le soir approchait, plus il s'inquiétait pour son ami. Certes, il était assez grand pour gérer ses problèmes tout seul, néanmoins son attitude n'était pas habituelle et ne présageait rien de bon. Elias était quelqu'un d'assez perspicace  et quand un problème se présentait à lui, il le résolvait de la manière la plus rationnelle.  Hors ce problème-là lui échappait, il n'avait aucun moyen pour en savoir plus à son sujet et cela le ronger de l'intérieur. Comment pouvait-il trouver une solution à son problème si la personne elle-même refuser d'être sauvé ?

Alors il était resté allongé à contempler le plafond pendant de longues secondes -qui s'étaient transformés en minutes. Sa mère l'avait appelé plusieurs fois mais Elias réprimait toujours un mal de tête. En réalité, il désirait juste un peu de répit avant d'entamer sa nouvelle nuit.


Des picotements lui parcoururent le corps, son nez le chatouillait et ses poils s'étaient hérissés. Il faisait froid. Ce vent glacial le percutait de pleins fouets et il aurait pu se croire au beau milieu d'une forêt dans un pays nordique. Un son confus se faisait entendre à ses côtés, si proche qu'on pouvait croire qu'il émanait de son corps. Une triste odeur d'humidité flânait dans l'air.

Il ouvrit enfin ses yeux dans une grande difficulté. Elias ne serait dire la cause de ce mal, il se portait pourtant bien: il n'avait pas fait grand-chose de la journée, il s'était bien nourris et l'heure à laquelle il s'était endormis n'était autre que dix-huit heures. Alors, quand il vit l'endroit dans lequel il se trouvait, il comprit bien vite que la journée -ou la nuit- allait être très difficile.

Devant lui se présentait une vieille porte en métal enfoncée; elle laissait paraître quelques enfoncements à différents endroits et ses gonds du haut avaient lâché. La poignée avait elle aussi cédée

Elias se tourna sur lui-même, il avait un terrible mal de dos. Alors qu'il se redressait, l'humble pièce dans laquelle il se trouvait pris des traits fins et précis. Des murs de béton fendu l'entouraient, la petite vitre de la pièce était brisées sur le sol, des tuyaux au plafond échappaient de grosses goutes à ses côtés et l'herbe poussait par endroits.

L'endroit ressemblait étrangement à une cellule et Elias pensa immédiatement qu'il s'était fait attraper par les hommes de la ville. Il se relevait tant bien que mal avec ce terrible mal de dos et clopinait vers de la porte effondrée. Il enjambait les débris sans précaution et risquait même sa tête pour observer de part et d'autre de celle-ci.  Un long couloir s'offrait à lui: à ses côtés des portes semblables à celles qui venait d'enjamber, en face des fenêtres en continu. La vue des fenêtres exposait un patio mal entretenu, des mauvaises herbes qui jonchaient le sol et le lierre s'agrippant aux murs. Cela fit tilt à Elias, depuis son arrivée dans ce monde, l'environnement avait toujours été désertique. Pourtant, ici l'environnement était très humide, presque tropical.
En s'approchant des fenêtres, il put apercevoir la bâtisse dans laquelle il se trouvait. Haute de quatre étages et la forme de U, l'endroit ressemblait visiblement à un ancien sanatorium. Cela étonnerait pas que ce lieu aurait été en fonction durant l'entre-guerres. Elias parut déconsterné: pourquoi se trouvait-il ici ?

Il aurait voulu s'enfuir, retrouver ses amis et rentrer en lieu sûr mais son corps se paralysait. L'endroit était si grand, trouverait-il une sortie ? Arriverait-il à sortir sans rencontrer une personne mal intentionnée ? Son cœur bâtait de plus en plus vite. Ses amis d'ailleurs où étaient-ils ? Et si les hommes de la vie les avaient élimés ? Ses mains tremblaient désormais, il n'était pas sur qu'il y ait encore un lieu sûr ici. Une boule se formait dans sa gorge et son ventre se nouait.

Un bruit sourd lui refit prendre conscience. C'est quand il sortit de sa trans qu'il comprit qu'une crise d'anxiété l'avait envahi encore une fois.

EliasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant