- Alors, est-ce que tu m'attends ici ou on se rejoint à l'appartement?, me demande-t-il doucement pour ne pas me brusquer.
Sans émettre le moindre son, je me dirige sur une de ces horribles chaises en plastique de la salle d'attente, lui faisant ainsi comprendre que je choisissais la première option.
- D'accord, alors, à tout à l'heure, me dit-il toujours aussi calmement avant d'entrer dans le bureau de notre psychologue à tous les deux.
C'est ainsi que nous fonctionnons: tous les deux jours, j'ai un rendez-vous. Une fois sur deux, Michael en a un également juste après le mien. Il préfère ça comme ça, parce que ça leur permet de parler de moi et de ce que j'ai fait durant cette séance. Évidemment, pas les mots que j'ai prononcé, mais les petites mimiques et les regards que je lui ai lancé à certains moments. Ils ont fini par s'y habituer et à décoder mieux que moi-même mes non-dits. Ils ne parlent pas que de moi, ce serait un peu égoïste étant donné qu'il a lui aussi vécu un traumatisme. Certes, plus petit et moins grave que moi, c'est d'ailleurs pour ces raisons qu'il s'en remet beaucoup plus vite que moi, mais il a tout de même besoin d'en parler pour s'en libérer.
Pendant une heure et demie, je l'attends sur cette chaise et quand, enfin, la porte s'ouvre, je n'attends pas une seconde de plus pour me lever. Ces chaises sont vraiment horribles. Michael apparaît, tout sourire, mais j'aperçois tout de même les traces de larmes sur ses joues. Pourquoi a-t-il pleuré? La séance s'est bien passée? Répondant à ma question muette, il me dit:
- Comme d'habitude. Les mêmes questions agaçantes.
Il ne m'en dira pas plus, je le sais. Bien que lui ait le droit de savoir dans les moindres détails ce qu'il s'est passé durant ma rencontre, moi, je dois me sentir honorée si je connais, au moins, une seule de ''ces questions agaçantes''.
Il dit ça, mais je sais très bien que, dans un sens, ça le rassure intérieurement de devoir répondre à chaque fois aux mêmes questions. Ainsi, il peut se préparer mentalement et savoir à l'avance ce qu'il va dire pour ne pas être pris au dépourvu.
Des fois, j'aimerais bien pouvoir parler pour lui dire ces choses-là. Pour lui dire que je le connais et qu'il ne peut pas tenter de me cacher la raison de ses pleurs, parce que je sais bien qu'il a pleuré. Mais je ne peux pas. Ma voix a juste arrêtée de fonctionner lorsque j'ai entendu ces mots fatidiques qui ont tout fait remonter à la surface.

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Oops!
FanfictionUn jour alors que Michael voulait inviter son meilleur ami Jeff à une fête chez son voisin, il y eut une petite complication. Rien de bien grave. Seulement une erreur qui changera à jamais sa vie.