Oops!

Chapitre 1 (PDV Alessia)

- Alors, comment tu vas aujourd'hui?, me demande Julia.

Avec son âge plutôt avancé et son regard tendre et attentionnée, ma psy a presque l'air d'une maman qui s'inquiète pour son enfant. C'est mignon, mais je ne suis pas sa fille et je ne veux même pas être ici.

Comme d'habitude depuis deux semaines, je ne lui répond pas et la regarde dans les yeux sans broncher. Julia en fait autant et nous ressemblons à deux amies en train de faire un combat de regard. Finalement, au bout de quelques minutes, Julia tente le diable.

- Tu as fait un cauchemar cette nuit?

Évidemment, ce n'est pas moi qui lui en ait parlé. Mon cher et tendre petit-ami a cru bon de prendre lui aussi des rendez-vous avec elle, mais je ne crois que ce soit sa propre santé mentale qui soit leur principal sujet de discussion.

Je ne lui répond toujours pas, même si, oui, j'en ai bel et bien fait un.

- Tu sais, tu devrais les écrire dans un petit calepin pour que l'on puisse voir qu'est-ce qui t'effraie le plus.

Le truc avec ma psy, c'est que même si je ne lui ai jamais dit un seul mot, elle persévère à faire comme si nous étions toutes les deux de grandes amies. Je sais que c'est essentiellement pour me mettre à l'aise et m'inciter à lui parler, mais je ne crois pas que ça est l'effet escompté. En effet, j'ai juste l'impression de faire face à ma mère. Et comme celle-ci est décédée depuis longtemps, et de la main de Louis en plus, ce n'est pas génial.

Enfin, après une heure de silence de notre part à toutes les deux, la phrase que j'attends depuis le début de la séance sort enfin de la bouche de Julia.

- Bon, alors la séance est terminée. Notre prochain rendez-vous est après-demain, mais si tu ressens le besoin de me parler, tu peux toujours m'appeler avant.

C'est toujours la même chose et pourtant, je ne l'ai jamais appelée de plein gré. Cependant, chaque matin, j'entends Michael lui parler de la nuit et de mes cauchemars qui se sont manifestés.

Je sors par la porte de son bureau et rejoins mon petit-ami dans le couloir.

- Hey! Comment ça a été?, me demande-t-il.

Je ne fais que hausser les épaules en guise de réponse et il ne me pose pas d'autres questions, parce que, oui, je ne lui ai pas parlé non plus depuis ce moment à l'hôpital.