Martin Eden - KenXNour

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Ken

Aujourd'hui, ça fait trois mois qu'elle m'a quitté. Elle qui m'avais jurer de ne pas me laisser, elle qui m'avait dis que si elle partait, c'était uniquement pour partir avec moi. Ça fait aussi trois mois qu'elle me manque, que je passe mes journées à la regarder, à la contempler même. Je sais que la colère est passée, elle accepte encore de manger avec la bande, elle me demande comment je vais, elle me salue à chaque fois qu'elle passe à côté de moi. Mais j'ai pas besoin que de ça, j'ai pas envie juste d'être son pote. Elle se comporte avec moi de la même manière qu'avec Hamza. Pourtant je vois bien dans ses yeux qu'elle m'aime encore, je ne me fais pas des idées, elle me l'a dit et redit. Dès que je suis sortit de l'hôpital, j'ai de suite arrêté ces conneries, quitte à me prendre la tête avec Deen, ça s'est arrangé Dieu merci, j'avais pas envie de perdre deux personnes en même temps. J'ai tout raconté à ma mère, ça m'a fait mal de voir autant de peine et de colère sur un si beau visage. Elle m'a bien fait la morale durant une semaine et elle m'a aidé à trouver un petit job. Je me retrouve donc à bosser au MacDo trois soirs pas semaine, mais elle préfère ça que l'argent sale. Nour m'a félicité et elle avait l'air émue de savoir que je faisait tout ça pour elle et d'ailleurs à la sortie, je la raccompagne chez elle.

J'ai attendu toute la journée que le temps passe, j'ai l'impression qu'une minute avait la durée d'une vie et je trouvais ça insupportable, le pire c'est que je suis même plus à côté de Nour mais de Hamza. Mo' essaye de jouer un peu l'entremetteur, même si je sais qu'elle déteste ça. C'est grâce à lui qu'après je la raccompagne et j'avoue que je suis assez content. C'est enfin 16 heure et je vois que Nour guette vers ma direction. Mon coeur bat à une vitesse assez improbable et je me surprend même à devenir canard. Je m'avance vers la sortie et je l'attends derrière la porte.

Elle arrive vers moi, les lèvres entre le dents et une mine assez gênée qui me fera toujours craquer. J'ai envie de l'embrasser, de rattraper tout ce temps perdu et pourtant mon corps paraît figé. Tout se décuple quand nos regards se rencontre, comme au bon vieux temps, le temps s'arrête, les personnes autour perdent toute trace d'existence et désormais, nous ne sommes plus que deux. Je tente quand même de reprendre connexion avec la réalité et lui souris simplement avec un signe de la tête, celui qu'elle adore.

-"Salut, ça va?" totalement nul comme approche, j'en suis conscient.

-"Hey, ça va et toi?" J'hoche la tête.

S'en suit deux minutes de silence assez gênantes.

-"Bon, je voulais te parler." Retour aux choses sérieuse.

-"Je sais." Elle se moque

-"Tu me manque Nour, tu sais pas à quel point, c'est limite horrible. Tout le temps, t'es dans ma tête. On a partagé tellement de choses ensemble, fait tellement trucs et vu tellement d'endroits qu'à chaque fois que j'ai le malheur de repasser par ci ou par là, tu reviens dans ma tête. Même Soraya demande toujours où tu es. Je sais que j'ai merdé, je sais que j'ai déconné. J'aurais pas dû, je le sais. Mais je fais tellement d'efforts, j'aide ma mère financièrement, je boss, et je m'occupe de ma soeur. Ma vie est tellement ennuyante sans toi que j'arrive même plus à écrire, et quand j'essaye, tu reviens en force dans ma tête, la majorité de mes textes parlent de toi. Tu me rend dingue c'est pas possible. Au début, j'ai essayé de faire la bâtard et de faire comme si je m'en battais royalement les couilles, mais trois mois sans toi c'est trop. Reviens s'il te plaît." J'ai plus de souffle, mon regard est perdu dans le vide et je suis suppliant, je fais littéralement pitié mais je m'en contre-balance. Je regarde à côté de moi, elle n'y est pas. Elle est à deux pas derrière moi, ses yeux sont eux aussi perdu, les lèvres entrouvertes et son oeil est humide.