2. Retrouvailles & Triste Découverte

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« – Alors Rosie, quels sont tes plans pour l'an prochain ? Demanda son grand-père en rangeant les dernières assiettes.

– Eh bien, vu comment s'est déroulée cette année à Juilliard, je compte bien y rester - elle lâcha un soupire - si je passe les examens de fin d'année, bien sûr. »

Son grand-père eût un rire franc, il croyait en sa petite Rosie et à l'inverse de la jeune fille, il était conscient de son immense talent.
Il avait été si heureux d'apprendre qu'elle irait à Juilliard et ne lâcherait pas son rêve en dépit de son vieil imbécile de père.
Mais quelque chose lui pesait depuis quelque temps et il ne savait pas comment aborder le sujet avec elle. Jusqu'à là, ce fut facile de ne rien lui avouer, ils ne s'étaient pas vus depuis un bon bout de temps mais maintenant qu'elle était devant lui, ne rien lui dire revenait à lui mentir.
Il était si occupé à tourner la chose dans tous les sens dans sa tête qu'il ne l'entendit pas l'appeler.

« – Papi ? - elle se tourna vers lui - eh, tu m'entends grand-père?

– Je...oui, oui désolé Rosie, j'étais ailleurs - dit-il en sortant de ses pensées.

– Je disais que je me suis fait beaucoup d'amis à New York. Les préjugés sur les danseurs classiques sont totalement faux, je l'ai vu de mes propres yeux, ils ne sont ni hautains ni arrogants, enfin, je parle de la majorité bien sûr. Ce sont des gens comme toi et moi papi, des gens talentueux mais pas méprisants pour autant. »

On pouvait presque entendre la passion dans sa voix quand elle parlait de danse ou de Juilliard, elle avait enfin trouvé sa place, l'endroit où elle se sentait chez-elle et pendant une seconde, cela attrista Harney qui aurait aimé la garder près de lui plus longtemps. Mais il l'encouragerait toujours dans cette voix artistique et peut-être quelque peu incertaine, car dans le domaine de l'art, rien n'est gagné d'avance mais le travaille et la passion payent toujours, il en était certain.

Après une dizaine de minutes, ils retournèrent tous les deux dans le salon où tout le monde était installé. Ils étaient à présent au complet soit, une quinzaine d'adultes et cinq ou six petits enfants et riaient tous de bon coeur en échangeant joyeusement.

Ce ne fut qu'après trois heure du matin que chacun repris la direction de la maison.
Harney et Lily décidèrent de resté dormir chez leur fille cette nuit, bien qu'ils habitaient non-loin et montèrent dans la chambre d'amis en souhaitant bonne nuit à Rose et à ses deux parents.
La jeune fille ne tarda pas elle aussi à grimper à l'étage et à gagner sa chambre pour éviter une énième dispute avec son père.

Lorsqu'elle ouvrit la porte de son ancienne chambre, un faible sourire nostalgique étira ses lèvres et ses yeux s'embuèrent. Tellement de souvenirs lui revenaient en mémoire. Elle et ses frères et soeurs gambadant dans la maison, jouant dans les champs ou faisant toutes les bêtises possibles et imaginables.
Tout cela lui manquait, certes mais c'était fini à présent, elle avait travaillé si dur pour en arriver là où elle en était aujourd'hui. Juilliard. Le rêve de tout danseur ou musicien, elle avait réussit à en faire sa réalité bien que venant d'un village miteux de Caroline du Nord et n'aillant aucun artiste dans la famille.
Son grand frère et sa grande soeur vivaient à présent en Europe et ne revenaient que rarement. Anita, la plus âgée de la fratrie, était professeur d'Histoire dans une Université d'Espagne, Teddy était informaticien et marié en Grèce, quant aux autres, les plus petits, il y avait Anwar, d'un an le cadet de Rose et étudiant la médecine sur la côte Ouest et enfin, Kurt, le frère jumeau de Rose qui lui, était en deuxième année de droit dans une Université à Atlanta.
Kurt, chaque foi que Rose repensait à son frère son coeur se serrait, ils étaient si proches, si complémentaires que losqu'ils avaient dû se séparer, cela avait été beaucoup plus compliqué qu'avec ses autres frères et sa soeur. Ils avaient toujours été un peu différents du reste de leur famille, Rose avait la danse et Kurt, lui avait le dessin et ça, les autres ne pouvaient pas le comprendre, ils étaient bien trop terre-à-terre, bien trop comme leur père.
Et quand le moment de choisir la voix qu'ils allaient emprunter fut arrivé, Rose prit évidemment la voix de la danse mais Kurt lui, ne poursuivit pas son rêve de peur de ne pas réussir mais aussi, de peur de la réaction de son paternel.
C'est donc ainsi qu'il se retrouva assit derrière un bureau d'Université à étudier une matière qui ne l'intéressait même pas pleinement mais qui serait à coup sûr "rentable" comme dirait M. Weterlood.
Rose avait bien sûr tenté de le raisonner en lui disant qu'un talent comme le sien ne servirait à rien dans un bureau d'avocat et que sa place était à l'école d'art et non à l'Université. Même Lily l'avait sermonné pendant les quelques semaines qui précédaient son départ car Kurt et sa grand-mère entretenait une relation semblable à celle de Rose et Harney. Mais rien à faire, Kurt s'en alla en direction d'Atlanta sans un regard en arrière.
Mais Rose en était persuadée, elle savait qu'il ne se plaisait pas là-bas et qu'il finirait par regretter sa décision.

Les Choix Qui Nous FontOù les histoires vivent. Découvrez maintenant