Chapitre 2 : Légende, Rêve et Réalité

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"Je préfère me débarrasser des faux enchantements pour pouvoir m'émerveiller des vrais miracles."


Au bout de quelques minutes de route, je commence sérieusement à m'ennuyer, alors je commence à chanter, sans oublier de vérifier qu'il n'y ait pas de piège, ou d'embuscade. La nuit est d'encre, mais ma vision nocturne me permet d'éviter les branches traîtresses et les racines fourbes. Je tente de me remémorer la dernière fois que j'ai dormi paisiblement dans mon lit. Je soupire.

«Deux semaines à cheval, ça saoule, ça saoule...». J'arrête de chanter immédiatement. Elë, qui se trouve sur mon épaule, a l'air d'avoir repéré quelque chose qui sort de l'ordinaire. Son instinct est très développé, alors je m'y fie, comme si c'était le mien. En tendant l'oreille, je perçois un faible clapotis. Il y a de l'eau pas loin. Je descends de scelle et laisse ma monture libre, en bonne elfe. Je me faufile à travers les fougères et écarte quelques branches de mon passage. Je m'approche sans bruit. Une silhouette toute en finesse est posée au bord d'un lac, dont je ne connaissais pas l'existence. De longs cheveux brun aux reflets changeants recouvrent le dos de la jeune femme. Je ne peux détacher le regard. Quelque chose en elle me subjuge. Elle tourne la tête. Sa peau est fine. Des tatouages recouvrent ses bras. Les entrelacs ne sont que rondeur et douceur. Je lève les yeux vers les siens. Ils sont d'un bleu si intense que je pourrais y plonger, comme dans l'eau dans laquelle ses jambes sont immergées. Je sens qu'elle m'étudie, tout comme je le fais. Elle tend le bras dans ma direction:

«Approche, guerrière. Tiens-moi compagnie.»

Je devrais me méfier et pourtant, je ne vois aucun danger. J'avance à pas lents. Nonchalamment, la créature pose sa main fraîche sur ma joue et ferme ses yeux. J'ai l'impression que mes défenses tombent et que les murs que j'ai érigé contre le monde se fissurent. Un sentiment de bien-être m'envahit. Doucement, ses lèvres rosées s'entrouvrent, mais aucun mot ne sort, juste un souffle...

«Vous êtes une Néréide n'est-ce pas? Je pensais que le fait que cette forêt en soit peuplée était une légende.

-En effet. Mon nom est Taari. Tu es forte, je vois, mais ton cœur est si vide...»

Vide? Mais il y a des gens dedans! Je repense à ceux que je viens de quitter, tandis Taari parcourt la surface de la main. L'eau s'illumine et scintille de milles feux. Son autre main quitte mon visage pour faire éclore, à la surface, des nénuphars. Sa magie m'intrigue. Son lien à la Nature semble si étroit, comme si, toutes les deux, ne formaient qu'une seule et même entité. Son air est serein. Un sourire charmeur se dessine. Je ne suis pas sûre de vouloir bouger, pour ne pas briser la magie de cet instant. J'observe tout ce qu'il se passe autour de moi et m'émerveille.

«Tu n'es pas si dure...Reste un peu.»

Il est vrai que je suis fatiguée. Je devrais dormir un peu avant de reprendre la route. Je sors mon matériel, mais je sens la fraîcheur de la Néréide derrière moi. Elle secoue la tête, tandis que sa longue chevelure volette autour d'elle. Elle prend ma main comme une caresse et m'entraîne de l'autre côté du lac. Elle m'installe dans un hamac tissés de fibres naturelles. Je sombre dans le sommeil, tandis qu'un bras, frêle mais vigoureux, m'entoure.

Quand je me réveille, le soleil est levé. Taari est toujours à mes côtés. Il y a bien longtemps que je ne m'étais pas sentie aussi détendue. J'oublie tous mes soucis. D'un bond, presque félin, la douce créature, quitte mes bras et atterrie dans l'herbe. Elle ne prête pas attention à moi et s'agite, pour réapparaître devant moi avec ce qui semble être un met, préparé avec soin. C'est étonnement nourrissant. Absorbée par mon plat, je n'ai pas remarqué que mon hôtesse est assise en tailleur en face de moi, la tête penchée sur le côté. On dirait une enfant. A peine la dernière bouchée avalée, je suis tirée hors de la couche. La Néréide s'affaire autour de moi, enlevant ma côte de maille, puis mes habits, pour les poser avec mes armes, que j'avais retiré avant de dormir. D'un geste, sa robe, faite d'un tissu imitant l'eau, tombe au sol. Elle m'entraîne vers le lac. Son premier pas dans son élément m'est apparu comme une fusion. Je pensais qu'elle serait froide, mais une douce chaleur me submerge. Je me laisse laver. Chacun des mouvements de Taari est fluide est gracieux. Soudain, son bras m'enserre la taille de façon à me coller contre elle. Sa paume se pose délicatement sur mon cœur.

«Il bat plus vite qu'à ton arrivée, remarque-t-elle, comme si tu vivais vraiment pour la première fois.»

Elle me fait danser sur la musique de la Vie qui nous entoure. Se pourrait-il que je commence à nouer une relation avec la Nature? Ses lèvres se pose sur mon épaule. Mes frissons la font rire aux éclats. Elle continue son chemin jusqu'à la base de mon cou. Les lumières, toujours présentes, dans le lac brillent plus fort qu'auparavant. Ses doigts effleurent mon ventre, provoquant une sorte de brûlure, sans relâcher l'étreinte. Tout s'épanouit autour de nous. Nous sommes soulevées dans les airs, puis déposées sur la rive par une surprenante manifestation aquatique. D'une petite poussée, je me retrouve face à elle. Un baiser des plus ardents m'ait donné. Je ne peux qu'y répondre, la serrant contre moi. Je passe la pulpe de mes doigts sur les tatouages qui ornent ses hanches, identiques à ceux de ses bras , jusqu'au commencement de ses fesses rebondies et fermes. Plus musclée, je la soulève sans encombre. Ses jambes se nouent autour de ma taille. Le vent dans les arbres sonnent différemment à mes oreilles, comme des murmures... Je l'allonge dans l'herbe délicatement et m'étend à ses côtés. Aussi joueuse que plus tôt, Taari saute pour se retrouver sur moi. Je prends le temps de tracer ses courbes pour les graver dans ma mémoire. Mais, impatiente, elle bouge le bassin et presse ses lèvres sur les miennes. Je me redresse et nos jambes s'entre-mêlent pour permettre à nos sexes de se rencontrer. Je profite qu'elle soit penchée en arrière, pour embrasser sa nuque et sa poitrine. Les doigts de ma partenaire se crispent dans l'herbe, faisant fleurir des milliers de petites fleurs, alors que son souffle devient erratique. Instinctivement, je mords ma lèvre. Le rythme s'accélère. Je garde le contrôle jusqu'au moment où un long soupir m'annonce que Taari est en extase. De petites fleurs blanches tombent des arbres. Une vague de plaisir m'assaillit, faisant trembler tout mon corps.

Après être restée un moment sans bouger en silence, je me suis relevée pour m'habiller. En prenant ma tunique, j'effleure la pierre de ma dague nouvellement acquise. J'entends alors la voix de mon ami druide: « Mara, rappelle-toi ce pourquoi tu es en chemin.». Comme sortie d'une transe, j'analyse l'environnement. Perdue, je me raccroche à ce qui est tangible: la réaction de mon animal, ma découverte d'un lac et d'une femme et...moi, attrapant mes habits.

«On dirait que tu reviens à toi, jolie guerrière...»

Son air triste et sa petite moue me donne envie de la réconforter, mais je n'ose plus approcher. Elle baisse la tête. Elle me tend mes armes.

«Effectivement, je dois partir, Taari...»

La Néréide caresse ma joue, en signe d'acceptation.

«Avant que tu ne partes, n'oublie pas que la Nature t'écoute, mais seulement si tu apprends à lui parler.»

Je n'ai pas le temps de répondre, que la jolie créature s'est déjà évaporée dans le lac. Ses charmes m'avaient complètement envoûtée ! Je devrais me fier plus souvent aux légendes, qui sont souvent basées sur des faits réels. Je ne lui en veux pas. Elle n'est pas aussi diabolique qu'on le prétend. Elle doit se sentir si seule ici...En partant, je remarque que les fleurs ont fanées.

Je retrouve facilement le chemin sur lequel je me trouvais et siffle. Anwa arrive rapidement, accompagnée par d'autres chevaux sauvages. Elle incline la tête vers ses nouveaux amis et se retourne vers moi. Nous repartons au galop, pour rattraper mon retard. Je me mets à repenser aux mots de la Néréide, sans en comprendre la signification... La forêt semble moins dense. Je me sens différente.

Ombre et Lumière - Les sorciers de Braëff [En cours d'écriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant