IV: Romance, ou presque...

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Valérie☆    

    Je ne peux pas croire que j'ai demandé ça. En même temps, j'ai  toujours voulu me faire peindre. J'en ai vu une occasion en or. Pourquoi je ne l'ai pas demandé avant? Parce que je n'y avait pas pensé et puisque les loups disent tout ce qu'ils pensent, je n'ai pu me retenir.
     Je la regarde intensément. Lorsqu'elle se concentre elle plisse légèrement les sourcils. Elle est assez craquante en ce moment. Je ne peux qu'afficher un sourire niais sur mon visage. Bien entendu, elle le remarque car elle me dit d'un ton charmeur:
     -Que me vaut ce beau sourire?
     -Votre visage de clown, je ne m'y fais pas.
     -Tu devra t'y habituer si tu reste auprès de moi. Il a toujours été là, et y sera encore, après ma mort.
     -J'apprendrai à m'y faire avec le temps alors.
     Je la regarde intensément comme pour lui révéler une vérité à laquelle elle ne s'attendait pas. Elle semble déstabilisée un court instant avant de rougir et de continuer sa toile comme si rien ne s'était dit. Je ne savais pas que miss infaillible pouvait avoir des faiblesses. Elle n'en laisse pas parraître une seconde.

***

     Ça fait maintenant deux heures et demi que je suis dans la même position, j'ai horriblement mal au fesse, aux bras et aux jambes. Elle me regarde un instant.
     -Pas trop mal en point?
     -Je crois que je n'ai plus de sang dans mes bras et mes jambes.
     -Alors, si ce n'est que ça... Est-ce que tu veux prendre une pause pour te dégourdir?
     -Oui, ce serait très apprécié.
     -Alors, va!
     Je lui souris, sors de la pièce et me dirrige tranquillement à la cuisine. Elle me suit. Elle me propose une limonade que j'accepte d'un hochemment de tête. Nous parlons un peu de nous, de notre vie d'avant, de nos ambitions, nous ne voyons pas le temps passer qu'il est déjà l'heure de souper. Je l'aide à préparer le poulet rôti et les pommes de terre au four. Nous enfournnons le tout. Elle me propose de faire une tarte au bleuets. Je ne peux refuser cette offre alléchante. Elle sort le rouleau à pâte, la farine et tous les autres ingrédients qui ferons de cette tarte la meilleure. Je pétrie la pâte pendant qu'elle chauffe les bleuets sur le feu. Je lui échappe de la farine sur son chandail. Elle me regarde et se venge en empoignant de la farine et en me l'étendant dans le visage. Je fais les yeux ronds de surprise. Elle éclate de rire.
     -Ce n'est pas drôle! Vous venez de ruiner mon maquillage.
     -Certes, mais un maquillage de clown est bien plus amusant.
     -Je serais encore obligée de vous emprunter votre trousse pour me refaire une beauté. De quoi j'ai l'air présentement?
     Elle me prend les mains en me regardant dans les yeux. Elle dit d'un ton extrèmement sérieux:
     -Tu es la plus belle tarte que j'ai vu de ma vie.
     Elle sourit. Je profite de se moment de distraction pour lui envoyer une énorme poignée de farine au dessus de la tête. Elle reste surprise un instant avant de me pousser au sol sans me faire mal. Elle embarque sur moi et me tient les poignets au dessus de ma tête.
     -Maintenant, tu ne peux plus me surprendre.
     -Ah non?
     -Non, j'ai le parfait contrôle de la situation.
     -J'en suis pas si sûre.
     -Tu ne peux pas me prendre par surprise, c'est impossible.
     Je souris, ne réfléchis pas et pose mes lèvres sur les siennes. Elle répond à mon baisé. Il commence doucement pour finir avec passion. Je le rompt subitement en comprenant la grosse erreur que j'ai commis. Pourquoi je ne peux réfléchir avant d'agir? Je sens mes joues prendre feu. Nous nous regardons intensément, incapable de détourner le regard. Ses magnifiques yeux noisettes me sondes. Nos lèvres ne sont qu'à un centimètre l'une de l'autre et déjà, j'ai l'envie d'y re-goûter. Elle penche sa tête un peu plus vers la mienne. Nos souffles se mélangent et nos coeurs battent à l'unisson d'une danse endiablée. Je souris lorsqu'elle écrase ses lèvres aux miennes.
     Ce n'est pas qu'un désir physique, c'est bien plus encore, j'ai appris à la connaître rapidement et j'ai tout de suite ressenti quelque chose pour cette personne formidable.
     Elle resserre sa poigne autour de mes poignets. Elle dégage une aura plus agressive, je vois de quoi elle parlait lorsqu'elle disait qu'elle était assez sauvage. Surprennamment, ça ne me déplaît pas, au contraire. Je décide de reprendre le dessus en lui mordant la lèvre inférieur qu'elle réplique d'un grognement. Je souris encore plus. Elle entre sauvagement sa langue dans ma bouche en cherchant éperdument la mienne. Je lui attrape ses magnifiques cheveux roux, et les tires doucement. Elle gémit d'une voix rauque que je ne peux qu'adorer. Elle passe sa main droite sous mon chandail. Je frissonne à son touché qui ne me déplait pas.
     Mais qu'est-ce qu'il m'arrive. D'habitude je suis plutôt terre à terre. Je n'aime pas qu'une compagne me touche avant au moins trois semaine de couple. Et me voilà presque prête à faire l'amour avec une fille que je connais à peine depuis deux jours. Suis-je tombée sur la tête?  Ariane me rend folle!
     Elle fait glisser sa main sur mon ventre légèrement rond. Je réagis à son touché. Si je ne la fais pas arrêter maintenant, je ne pourrai plus le faire. J'écarte sa main et me relève en terminant nos embrassades.
     -Désolée, je ne peux pas.
     -D'accord.
     Je la regarde se relever, secouer ses vêtements et aller voir le poulet au four ainsi que les bleuets sur le feu. Je la suis des yeux. Elle semble vexée et... déçue? Elle ouvre la porte du four assez brusquement. Je ne cesse pas de la regarder. Je m'en veux un peu mais je ne laisserai pas mes émotions prendre le contrôle de mes décisions. Je ne suis pas le genre de fille qui aime faire des "one night" alors, je ne le deviendrai pas. Elle semble si choquée... Mais au moins, elle me respecte, c'est déjà ça. Je m'assoie au comptoir. Elle ne me jette aucun coup d'oeil lorsqu'elle dépose mon assiette devant moi. Pourquoi se cache-t-elle? Elle s'assoie à côté de moi sans un mot. Je lui jette des regard tout en mangeant.
     -C'est délicieux!
     Aucune réaction de sa part. Elle continue de piocher dans son assiette en m'ignorant. Si elle veux jouer à ce jeu, il se jouera à deux! Je fini de manger en vitesse. Je débarrasse ma place et monte à l'étage sans un mot. Je vais dans son bureau où il y a tous ses dessins et peintures. Je les regardes plus précisément. J'ai toujours aimé la peinture. Surtout les portraits, ils dégagent tous une émotion différente. Je l'entend monter à l'étage. Elle semble me chercher et finit par me trouver.
     -Qu'est-ce que tu fais?
     -J'observe vos chef-d'oeuvres.
     -Lequel trouves-tu le plus beau?
     Je regarde tout autour de moi. C'est si difficile! Une grande toile posée sur le mur du fond attire mon attention. On y voit des grands yeux verts pur sur un visage d'ange d'enfant qui court dans une ruelle sale et terne en noir et blanc. Seule la petite blonde est peinte en couleur.
     -Celle-ci, dis-je en la pointant du doigt.
     -Je l'aime bien aussi. Elle représente la noirceur du monde qu'illumine les enfants.
     -Auriez-vous aimée avoir des enfants?
     -C'est un de mes plus grand rêve... Mais je ne peux me le permettre.
     -Et pourquoi donc?
     -J'aime les femmes, ce n'est pas une raisons valable?
     -Aujourd'hui nous pouvons en adopter des enfants, nous pouvons les avoir par in vitro ou n'importe quelle autre façon. Je suis certaine que vous finirez par avoir un enfant.
     -Comment peux-tu en être si sûr?
     -Je le sais, c'est tout. Alors... vous me parlez depuis tout à l'heure, vous n'êtes plus fâchée?
     -Je n'étais pas fâchée, j'étais... déçue.
     -Ça n'en avait pas l'apparence...
     Elle me regarde avec un regard sévère. Un léger sourire se pose sur mes lèvres.
     -J'aime vous voir fâchée, vous avez ce petit quelque chose qui fait en sorte que je ne peux m'empêcher de vous agacer, c'est très amusant!
     -Tu n'as encore rien vu de plus amusant que cela dans ta vie jusqu'à maintenant?
     -Oui, je sais, ma vie est d'une platitude... dis-je le sourire aux lèvres.
     -Elle pourait devenir chaude en émotions si seulement tu ne réfléchissais pas tant!
     -Est-ce là un reproche?
     -Une simple remarque.
     Il y a un court moment de silence où nous nous regardons dans les yeux sans se cacher notre volonté. Je brise ce moment d'un revers de la main.
     - Je crois que j'aimerais pouvoir porter d'autre vêtements que ces grands chandail laids là.
     -Allons faire les magasins!
     -Je ne suis pas trop friande à l'idée...
     -Tu n'es pas une vraie fille dans ce cas.
     -Ce n'est qu'un pauvre stéréotype datant de l'an 3!
     -Je crois que tu exagère un petit peu...
     -J'accepte d'aller magasiner, mais je n'ai pas d'argent...
     -Je te les paierai!
     -Je ne veux pas...
     -C'est la moindre des choses...
     J'hésite encore quelques secondes, puis je me résigne.

***

Aijia et Gabrielle adoraient  magasiner... je n'y allais que pour elles, et surtout parce que personne ne voulaient le faire mis à part moi. Nous flanions pendant des heures à travers toutes ces marques de vêtement autant cher les unes que les autres. Je ne vois pas pourquoi un vêtement avec un chien vaudrait plus qu'un chandail identique sans le petit logos au devant. Ce n'est qu'un chien ordinaire après tout! De toute façon, elles en aurons moins, des pièces de vêtement, c'est à leur désavantage.
     Pendant qu'Aijia essaie une énième robe avec Gabrielle, j'en profite pour regarder dans les vitrines autour de celle où nous étions. Rien attire mon regard. Jusqu'à ce que je perçoive une statuette. Elle représente un loup rouge hurlant à la lune de la même couleur.
     -Val'! Viens voir! Aijia a trouvé la robe qu'elle voulait!
     Je soupire avant de revenir dans le magasin où je répète à Gab' de ne pas crier dans un lieu publique.
    

LouvesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant