20 ~ Vérité dissimulée

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Une fois assis à côté de moi, Tao hésita un instant puis il approcha lentement son visage du miens. J'étais tellement embarrassé que je ne faisais que de regarder mes pieds. Lorsque je relevais enfin les yeux, il était si près que je pouvais sentir son doux parfum m'envahir. Ce même parfum qu'il portait lors de cette fameuse soirée. Ce même parfum qui flottait dans la pièce lorsque Tao touchait la partie la plus intime de mon corps. À présent, nous étions si proche qu'une simple brise aurait suffit à unir nos lèvres. Cette fois, il me regardait droit dans les yeux et je sentais mes joues se chauffer, impuissant. Je devais avoir l'air pitoyable à me mettre dans tout mes états pour un simple gage. Mais, les joues de Tao elles aussi me semblaient avoir pris de la couleur. Après une légère hésitation, il ferma les yeux avant de déposer enfin ses lèvres sur les miennes avec une douceur innatendue. Enfin ? Mais qu'est ce que je raconte moi, ce n'est qu'un faux baiser, un gage sans importance. Mais malgré cela, je m'étais surpris à aimer ça... Le baiser avait été rapide, chaste, et sans sentiment mais je l'avais trouvé aussi doux, calme et délicat.

Après ce court instant, qui m'avais paru duré une éternité et une fraction de seconde à la fois, Tao s'éloigna rapidement de moi avant de retourner à sa place sans un mot. J'étais resté là sans bouger, sûrement rouge comme une pivoine et j'avais tellement chaud que j'avais l'impression qu'on pouvait voir de la fumée sortir des mes oreilles.
Tao lui faisait visiblement tout pour paraître serein, mais ses joues étaient également rouges de honte. Moi, je n'arrivais pas à me calmer, je repensais à ce que nous avions fait ensembles sans pouvoir ralentir les battements éfreinés de mon coeur. Visiblement les autres l'avaient remarquer et ils ne manquèrent pas de se foutre de moi.

- Putain mais regardez la gueule de Maxime, ça l'a bouleversé le pauvre petit ! s'écria William

- Mais grave ! Alors t'es vraiment pédé en fait ?! Ne manqua pas d'hurler Samuel

- Ahaha, je me demandais si c'était vrai ou pas mais maintenant on en a la confirmation ! dit Jessica l'air mauvais.

Elle avait complètement troquée son masque amicale contre son visage habituel de petite garce.
Ils riaient et se moquaient tous de moi en coeur, semblant y prendre un plaisir non dissimulé. Je me demandais souvent, dans de nombreuses situations, comment l'humain pouvait être si méchant avec son prochain. Avant d'être blanc, noir, asiatique, africain, européen, homo, hétéro, homme ou femme nous étions tous humains. Pourquoi insister négativement sur les différences des gens alors que la diversité est tellement magnifique.

Mais il fallait voir la vérité en face, pour une bonne partie des humains j'étais une erreur. Un spécimen étrange né d'une négligence de dieu ou de je ne sais pas qui de plus grand que nous. J'étais contre nature, répugnant, peu être même contagieux?
"Que devient cette génération ?" Ce disaient les plus vieux. Et malheureusement il y avait beaucoup trop de jeunes qui avaient les mêmes pensées qu'eux. Il faut être réaliste, j'étais différent, je ne pourrais jamais vivre un amour simple sans les regards dégoutés de tout les passants.

Tendis ce que les rires et les remarques écœurées de mes camarades me parvenaient, je ne pu contenir mes larmes.
Elles explosèrent, comme si le barrage de l'évidence venait de céder à la dure réalité. Cette réalité que je me refusais d'admettre depuis déjà un moment. Des perles salées roulèrent sur mon visage, avant de s'écraser lourdement sur mon jean. Elles se brisaient en des milliards de molécules, tout comme mes espoirs de mener une vie heureuse se brisaient un peu plus à chaque rire. À ce moment précis , je pensais réellement et désespérément que je ne gouterais jamais au véritable bonheur, du moins, jamais complètement. Que c'était impossible.

Tendis que j'étais incapable de bouger, et que j'écoutais impuissant les moqueries interminables de mes camarades, une voix agressive et plus forte que les autres les fît taire.

- Bon ça suffit là vous êtes pas bien ou quoi ??!! Hurla Mélody hors d'elle.

- Putain, j'me disait que vous étiez peux être pas si con qu'on le disait, mais en fait vous êtes des vrais connards homophobes de merde !! Compléta Cerise, encore plus énervée que sa meilleure amie, si c'était possible.

Je ne pouvais plus rester une seconde de plus à cette soirée. Mes muscles qui s'étaient transformés en chewing-gum redevenaient soudainement solides me permettant de m'enfuir à grande enjambées.

Aussitôt dehors je repris ma respiration et j'essuyais mes larmes qui c'étaient désormais un peu calmées. J'étais devant la maison et quelques personnes m'observaient d'un air interloqué. Je pouvais entendre leurs remarques faussement inquiètes alors que j'étais planter en plein milieu du passage.

- Bah qu'est qu'il a ? Ses yeux sont super rouges ! s'exclama une fille

- Ouai, il viens de pleurer c'est sûr. Affirma une autre

Ouais et alors ? Ça ne vous regarde pas non ? Voulais-je répliquer, mais je n'en avais pas la force. Puis j'endendis la porte s'ouvrir dans un fracas. Je vis sortir une Mélody et une Cerise plus énervées que jamais. Elles accoururent dans ma direction.

- Ça va ?? Tu tu sens bien? S'inquiéta Mélody.

- ...
Aucun son ne sortait de ma bouche.

- Je suis tellement désolée... S'excusa Cerise. Si j'avais su ce qu'il se passerait je n'aurais pas insistée pour que tu vienne jouer avec nous...

- ... Ce n'est pas de ta faute... Artuculais-je finalement avec difficultés.

- Tu te sens bien ? Redemanda Mélody

- Ça pourrais être mieux, mais ça pourrais être pire je suis-pose. Dis-je pour les rassurer, alors qu'en vérité, je crois que je ne m'étais jamais senti aussi mal.

- Tu devrais rentrer chez toi te reposer. Me dit Cerise d'une voix rassurante. Et ne t'en fait pas, ce ne sont que des idiots.

Elles me donnèrent une petite tappe amicale sur l'épaule comme pour me redonner la force suffisante de rentrer chez moi.

- Vous avez raison. Sanglotais-je
Merci d'avoir été là.

- C'est normal voyons ! Disent-elles en même temps.

Leurs regards bienveillants me mirent du baume au coeur et je décida d'appeler ma mère pour qu'elle vienne me chercher.

Rien n'est IMPOSSIBLEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant