Chapitre 4 : Adieux.

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Je passai mon anniversaire seul, dans un vieille hôtel miteux car mon appartement avait placé sous scellés à cause de l'enquête. Je ne voulais plus jamais y retourner de toute façon, trop de bon souvenir.

J'avais également besoin de m'éloigner un peu de tout ça pendant quelques temps, pour me remettre au clair après les deniers événements... Pour me faire un "plan". J'avais décidé d'en découdre avec certains petits problèmes et je devais trouver par où commencer.

Ma représaille se profila lentement je voulais faire ça propre, avec élégance, grâce et légèreté, pas dans la précipitation ni la grossièreté. Mon but était de rétablir la justice et pour cela, je devais la jouer fine et jouer bien. J'établis mille et une stratégies, c'était comme si je me préparais à combattre. Ce fut brouillon dans un premier temps mais j'étais tellement absorbé que je me mis à y travailler jour et nuit. J'en avais perdu le sommeil, dans ma tête résonnait encore et toujours : "Vengeance ! Vengeance ! Pour Camille ! Pour Clarysse ! Vengeance !"

Était ce la folie qui me frappait ? Sans doute, mais je lui ouvris grand la porte. Je ne me vis pas me transformer peu à peu, or c'est bien ce qui se passa, je ne savais plus distingué le bien du mal. La colère prit la place de l'amour. La rage avait remplis mon coeur. Je n'étais plus le même.

Avec tout cela, je devais lutter avec les flics pour récupérer les corps de ma femme et de mon enfant. Mais lorsque je pus enfin les avoir, je me plongeai dans la plus horrible activité du monde, la préparation de l'enterrement de sa famille.

Je ne m'y attardais pas, je voulais cela sobre et rapide. Je ne conviais personne, ni la famille de Camille qui avait dû apprendre sa mort dans le journal ni la mienne que je ne voyais plus. Je fis les funérailles discrètement dans le village natal de Camille, St-Viny. C'est un bel endroit, reculé et paisible. Là-bas, elles pourront reposer en paix. Rien de bien religieux non plus, je souhaitais simplement la présence d'un pasteur, c'est ce qu'aurait voulu Camille, elle était très respectueuse des traditions. J'organisai donc cela un dimanche matin.

Désormais, il était l'heure des adieux. J'avais veillé une bonne heure les tombe de ma femme et de ma fille, prenant le temps de bien gravé leur visage dans ma mémoire. Je ne les reverrai plus jamais, je n'acceptai pas de pas voir ma princesse d'amour grandir et de ne pas vieillir au côté de ma Chérie, pourtant aucune émotions ne prit le dessus, contrairement à ce que je crus, je ne pleurais pas. Je m'étais déjà bien trop lamenté. 

J'écoutais attentivement le religieux cracher sa messe. Je baissais les yeux, tous les mots qu'il prononçait me parurent imbuvables, ils étaient trop bienveillant et trop pur, pour mon esprit pervertie par la rage. Je fis signe au pasteur de s'arrêter, ce qu'il fit, aussi lasse que moi par cette situation. Il resta cependant à côté de moi, il semblait rendre leur rendre hommage, dans un sens plus saint et moins intime que moi. Nous étions tout deux là, sous un magnifique saule pleurer, face à deux grises et modeste pierre tombale, le temps avait décidé d'être en accord avec mes émotions, pluvieux et sombre.

Au bout de quelques minutes, l'homme d'église, ayant compris ma désolation, tenta de me soutenir et posa sa main sur mon épaule. Je m'attendais à l'entendre me faire la morale et prêcher la bonne parole de dieu, mais il n'en fus rien. Il resta silencieux puis me demanda à l'oreille :
"-Qu'est ce que vous avez prévu ?
-Comment ?
-Qu'est ce que vous réservez à celui qui a fait ça ?"
Surprit par cette question, je ne prononçai aucun mot, je le regardai perdu. Il me sourit et continua, toujours à mon oreille :
"Si, c'est la paix qui vous guide, alors vus êtes bon, mais vous n'êtes pas juste. Si c'est le châtiment, vous êtes juste, mais vous êtes mauvais. Je ne saurais trop vous conseillez de vous abstenir, ne commettez pas l'irréparable, je comprends ce que vous ressentez mais renoncez à cette folie, vous pouvez encore vous sauvez."
Je ne compris absolument rien à cette connerie, il essayait de me convertir ou quoi ?  Je le dévisageai et le repoussai avec mon bras, qui était ce mec ? Comment pouvait il comprendre ce que je ressens ? S'il croyait qu'il me changerait, c'était raté.

Coriace, il n'en resta pas là, il fit un pas en arrière et me dit :
"Dieu est peut-être cruel parfois, mais il ne fait rien au hasard. Si vous en êtes là aujourd'hui, c'est que vous avez quelques choses de grand à accomplir. Les épreuves de la vie servent à devenir plus fort, à forger une carapace ou à prouver sa valeur. Mais c'est à vous de prendre le bon chemin. Ne vous laissez pas diriger par la haine. Venez en aide à votre prochain, aidez les misérables, soyez juste et miséricordieux. Trouvez la paix."

Je lui souris d'un air malicieux et je m'avançai pour lui dire à mon tour :
"Je ne cherche ni la paix, ni le salut. Je veux que le salopard qui a fait ça, souffre et pourrisse en enfer, vous comprenez ? Dieu a parié sur le mauvais cheval si il comptait sur moi pour apporter la sagesse. Je viens juste apporter la mort."

Son visage se crispa brièvement et leva le regard au ciel. Puis acheva d'un ton désespéré mais compréhensible : "Alors trouvez celui qui a fait ça et rejoignez votre famille, il y a plus rien pour vous ici."
Il marcha en direction de la sortie. Je le fixai partir au loin. Ce moment fut étrange, je fus troublé par ses propos.

Je remarquai sur le parking, une voiture de police, intrigué, j'accourus pour la rejoindre. En m'avançant, je reconnus mon cher ami, l'enfoiré d'inspecteur Ivan Capricor. Lorsqu'il me surprit en train de me diriger vers lui, il sortit de sa voiture, la main sur son arme et me fit signe de reculer. Mon visage menaçant ne devait guère le rassurer, j'avais les poings serrés et les sourcils froncés, le tout sur une démarche rapide, déterminé et agressive. Quand il sortit de son véhicule, j'avais envie de le saisir et de l'étranger, pourquoi ce fils de pute est il venu jusqu'ici, un dimanche, le jour de l'enterrement de ma famille et avec son arme ? J'hurlai "Qu'est ce que vous foutez là !? Dégagez !"

Ce à quoi il répondit, toujours sur la défensive et prêt à dégainer
"-Je viens vous tenir au courant de l'enquête, calmez vous !
-Non, je ne me calme pas ! Vous ne pouviez pas appeler !?
-Je voulais vous dire de vive voix que l'enquête avance. J'ai maintenant de solide preuve de votre culpabilité. Il se trouve que votre femme avait une assurance vie, étonnant !"

Je n'y croyais pas, il était carrément venu me provoquer ici et maintenant ! Je fis preuve d'un sang-froid hors du commun pour ne pas lui sauter à la gorge. Je bouillonnais de colère, j'étais prêt à exploser, j'étais devenu une bête enragé. Je crus que j'allais le tuer, sur quoi pouvait il s'appuyer pour m'accuser de la sorte ?  Je savais cependant que c'était un piège dont le seul but était de me pousser dans un moment de faiblesse nerveuse à l'agresser. Un véritable psychopathe qui voulait plus que tout au monde me voir derrière les barreaux. Mais je me fis la promesse de ne jamais lui donner ce plaisir. Je me stoppai nette. Je soupirai pour me calmer et je lui tournai le dos en direction de ma voiture, tout ceci avait trop duré.

Il s'en servit pour me lancer son ultime pique. "Allez-y, fuyez ! Vous êtes convoquez demain à 14h au commissariat pour y être placer en détention provisoire, en attendant votre jugement. Vous êtes fait comme un rat, mon salop ! Vous allez croupir en prison. Ahahah !"

Il venait, avec cette phrase de trop, de signer son arrêt de mort. Le glas venait de sonner dans ma tête. Je scrutai alors les environs. Personne. C'était le moment ou jamais...

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