Chapitre 5 : Premier Sang

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Je fonçai dans ma 4L. Je rentrai à l'intérieur, je regardai le tableau de bord, je le carressai délicatement puis je saisis le volant. Je relevai brusquement la tête et fixai avec un regard noir l'inspecteur de police. Prêt à en découdre, je mis le contact et donnai un coup d'accélérateur. Capricor ne comprit pas ce que j'avais l'intention de faire, il cria : "Putain, mais qu'est ce que vous foutez !? Venez là, faut qu'on cause !"

Était ce là ces dernières paroles ? Dommage. Pressant l'accélérateur, j'accélèrai dans sa direction, j'atteignis vite les 70 km/h, je gardai la tête haute et je l'écrasai. Il cogna violement mon par-choque, son crâne heurta le capot laissant sur le coup, une immense marre de sang. Je reculai pour dégager son corps de ma voiture. Puis dans un élan de rage, j'accélèrai de nouveau. Je sentis une légère secousse avec un petit cri suivis de plusieurs craquements. Je fis marche arrière dans un deuxième élan de rage avec de plus discret craquements cette fois-ci. C'était comme passé sur un dos d'âne, aussi simple et facile à exécuter. Je coupai le moteur et descendis du véhicule pour inspecter les dégâts.

Son cadavre était totalement méconnaissable. Tout son corps avait été compressé, le sang ressortait de tous les côtés, en y regardant bien, on pouvait voir quelques uns de ces organes et de ces os ressortirent de son abdomen et de son crâne écrasés. Un oeil était resté intact et me fixait, je souriais bêtement en le voyant. L'écrasement de sa mâchoire me permit de remarquer qu'il avait une dans en or à la place d'une molaire. Tous ces détails étaient très instructifs. Le spectacle lui, en revanche, était repoussant. Cependant, je m'accroupis pour mieux l'observer. Je ne voulais pas être le médecin légiste qui allait s'occuper de lui. Comment allait il bien pouvoir déterminé ne serait ce que son sexe ? Je penchai ma tête sur le côté pour le voir sur un autre angle, j'étais satisfait de mon travail, c'était propre et rapide. Lui qui promettait de m'écraser, le voilà bien avancer maintenant.

Je fouillai ses poches pour lui retirer ses papiers et sa plaque. Je pris son arme à feu. Un jolie petit magnum. Dépassé mais sympathique. Je jetai le tout dans une poubelle du parking et j'y mis le feu avec son briquet. Je laissai le cadavre en place sans y toucher d'avantage.

J'inspectai ensuite la 4L. Je fus frustré de constater que le par-choque était un peu enfoncé en plus d'être couvert de sang. Même le pneu, qui avait sans doute éclaté son crâne, était complètement recouvert de son précieux liquide rouge...

Il semblait évident qu'un lavage s'impose. Heureusement, une station service ne se trouvait pas loin. Je m'y dirigeai donc en toute décontraction.

Quel plaisir de voir que la station était vide. Je pus nettoyer ma voiture en toute tranquillité. Cela a des avantages d'être aussi reculer de la ville. En nettoyant, la voiture, je me posai plusieurs questions. Tout d'abord, je me demandais comment il m'avait retrouvé, ensuite, je me demandais si il était complètement idiot ou juste fou de venir me provoquer dans un moment pareil puis finalement je me questionnai sur la souffrance qu'il connut en se sentant écrasé, cela doit être horrible. Imaginer, environ 850 kilos vous compressant le crâne et le torse, à quoi peu bien ressembler la sensation de se faire aplatir comme une crêpe ?

Soudain, alors que j'effaçais une trace de sang sur l'aile gauche, j'eus comme un électrochoc. Une image de Clarysse me passa devant les yeux. Mon coeur s'emballa, mes yeux se retrouvèrent rouge et ma respiration s'intensifia. Je subissais de plein fouet une affreuse crise d'angoisse. Je venais de réaliser ce que je venais de faire. J'avais tué un homme !

Horrifié, je remontai immédiatement dans la voiture. Je m'aggripai au volant et je hurlai de toute mes forces, en signe de déni. On n'avait dû m'entendre à des kilomètres à la ronde. C'était terrifiant, c'est comme si on avait prit le contrôle de mon corps et qu'on m'avait forcé à faire cette chose horrible. Mais non, c'était bel et bien moi, l'auteur de cet acte. Je m'en rappelais dans les moindres détails. Chaque seconde profondément inscrite dans ma mémoire. Je priai pour que ceci ne soit qu'un cauchemar dont j'allais me réveiller en sueur... Mais tout cela était bien réel. J'étais juste devenu un monstre.

Cet homme m'avait mis hors de moi, certes, mais comment avais je pu en arrivé là...

J'étais paniqué, tout était confus dans ma tête, qu'est ce que je devais faire désormais, appeler la police ? Pour leur dire quoi ? La vérité ? Impossible. Un accident ? Non, pas avec un tel déchaînement de violence. Et si j'avais laissé des traces de mon passage, on allait remonté jusqu'à moi et j'allais être condamné ! J'ai tué un flic, putain de merde ! Qu'allais je devenir ?  J'étais réellement foutu, je m'étais enfermé dans une boîte sans issue.

Je devais en finir. Je voulais mettre fin à cette funeste et infernal machine. Je souhaitais dorénavant mettre fin à mes jours. Je devais rejoindre ma Camille et ma Clarysse. Voilà où la haine et la vengeance m'avaient mené, j'avais commis l'irréparable. Tout cela au motif de la vengeance. On m'avait pourtant mis en garde... J'étais devenu pire que le monstre qui a assassiné ma famille...

Réellement ? Étais je si terrifiant ? Est ce que me débarrasser d'un inspecteur véreux et sans scrupules faisait de moi un homme pire que la monstruosité qui avait tué sauvagement une femme et une petite fille innocente ? Le doute me prit. Finalement, n'étais je pas dans la raison ? Avais je vraiment tort d'écraser ce policier qui était devenu obsédé par l'idée de me détruire ? N'étais je pas là, de la simple et sainte légitime défense ?

Je me redressai, mon regard vide et sans âme fixait un arbre de la forêt en face de la station de lavage. Je démarrai le moteur toujours avec ce visage dénudé d'expression et de vie. Je roulais comme ça, sans cligner des yeux une seule fois, fixant toujours l'horizon. On aurait dit un zombie. Je ne pensais plus, ne parlais plus, ne songeais plus. J'étais juste là, à conduire.

Arriver à mon hôtel, je me posai devant le miroir de la salle de bain et me mouillai le visage avec de l'eau. Je me regardais ensuite fixement dans les yeux. Je me scrutais chaque traits du visage. Rien d'inhabituel. Toujours ce même sourire au coin des lèvres. Je me trouvais toujours aussi beau. Je fermai donc les paupières, en signe d'apaisement. En les ouvrants, je me retrouvais sur mon lit. Allongé, détendu, calme, serein et reposé.

Les rayons du soleil provenant de la fenêtre, venait de me réveiller. J'entendais les oiseaux chanter. Une magnifique journée s'annonçait. Je sortie de sous mes draps. Je me dirigeai à la salle de bain. Je me regardait fixement dans les yeux. Je scrutais chaque traits de mon visage, j'avais toujours ce même sourire que d'habitude. A la différence près que maintenant, j'avais juste oublié la veille. C'est comme si mon premier meurtre avait été tout simplement effacer de mon cerveau. Enfin, je m'en souvenais, bien sûr, mais cela ne me faisait plus rien. Ni chaud, ni froid. Pire encore, parfois, je commençais presque, en ressassant cela dans mémoire, à en prendre plaisir à l'avoir fait. Voire à en être fier. Et pourquoi pas recommencer.

Après tout, c'est que le début d'une longue série, non ? 

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