L'Inconnue - Automne

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Septembre... Quel triste mois. Je reviens là où je l'avais vue en mars et en juin. Sa beauté commence à se perdre dans les méandres du vent. Ses frères et sœurs, ses cousins et cousines tombent un à un. La rue se vide tel un désert mais elle reste. Pour moi elle reste, cet ange venu du ciel. Sa peau délicate a encore changé, comme sa taille. Elle n'est plus grande, elle est petite. Sa peau n'est plus douce, elle est ridée. À ma plus grande surprise, elle a changé de tissu. La robe verte tonique a été échangée contre une autre rouge, un rouge profond, celui de la passion. La brise emporte ses congénères et les invite à rejoindre Hadès. Elle, elle tient bon. Elle s'accroche malgré le temps qui passe, elle reste encore et toujours là, à la même place durant presque huit mois. Le souffle mortel arrache à son corps recroquevillé sur lui-même quelques pointes, quelques morceaux de son âme agonisante. Elle ne se plaint pas, comme le ferait un chien agonisant ; elle ne pleure pas, comme le ferait un enfant perdu. Elle est juste là, vieille, ridée, le regard triste tel une statue d'ange pleureur, les pupilles brumeuses tel le brouillard matinal de campagne. Ma chère et tendre, même si Chronos joue contre toi, même si Thanatos court après toi, moi je serai toujours là, pour toi.

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