Far Destiny // h.s.

1.

La jeune fille vérifia une dernière fois que le sac à dos qu'elle avait choisi pour son voyage contenait suffisamment d'affaires essentielles à son bien vivre pour au moins tenir un petit mois. Ne sachant pas vraiment la destination où elle se rendrait ni même combien de temps précisément elle partirait, elle s'était contentée d'emporter quelques pulls en laine d'autres vêtements bien chauds, des sous-vêtements et affaires futiles. 

Au fond de son sac, elle avait posé une enveloppe remplie de ses économies ainsi que de l'argent qu'elle avait touché suite au décès de sa mère et le peu que son géniteur lui laissait chaque semaine. Son mini-ordinateur portable était lui aussi dedans ainsi que son téléphone portable et ses papiers d’identités. Bien sûr, elle avait délicatement posé dans sa petite housse le bel appareil photo qu'elle s'était fait offrir par sa tante. Cette dernière, elle ne la voyait presque jamais mais, ayant toujours entretenu de bons liens avec elle, elle avait toujours pris le temps de lui faire parvenir de jolis cadeaux, une à deux fois chaque année. Celui-ci avait été fort attendu par la brunette qui faisait de la photographie l’une de ses plus grandes passions. 

Une fois prête, elle se dirigea vers l'entrée de sa petite maison située au cœur de Sheffield. Elle prit soin de déposer la lettre qu'elle avait écrite à son père -qui, comme à son habitude dormait dans le canapé, encore à moitié saoul- sur la table de la cuisine. Elle était déjà dépliée et disait: 

Papa,

Je pars. Ça y est, le moment est arrivé.

Etant donné que tu ne sais probablement pas quel âge j'ai, tu ne te poseras pas de question sur les droits que j'ai ou que je n'ai pas. De toute manière, ça t'est égal, je le sais.

Je ne sais pas encore trop où je vais aller mais je compte bien partir loin, ça c'est sûre. Je reviendrai peut-être mais comme à mon habitude, je sais que tu ne seras pas là pour m'accueillir donc je ne m'en fais pas trop et je préfère profiter de ce qui m’attend.

On ne se connaît pas beaucoup de toute manière donc je ne sais pas trop quoi dire d'autre. Si tu vois cette lettre, tant mieux. Mais maintenant que tu es seul, veille à bien payer les factures de la maison car je ne serai plus là pour le faire.

A bientôt. Au revoir.

Molly.

Elle relut une dernière fois les quelques mots qu'elle avait pris soin d'aligner de sa plus belle écriture pour éviter que son père n'ait pas à faire d'effort lorsqu'il l'a lirait puis après avoir jeté un dernier œil vers le salon, où les pieds de son géniteur dépassaient du canapé, elle sortit à l'extérieur prenant soin de visser son bonnet gris sur sa tête.

A cette époque de l’année, il faisait atrocement froid dehors et on pouvait également dire que l'hiver battait son plein. Mais il en fallait beaucoup plus pour décourager Molly Anderson.

Elle marchait sur le bitume glacé vers la gare située à moins de cent mètres de sa maison. Le bruit des trains qu’elle avait déjà l’habitude d’entendre de son petit salon pouvait facilement la guider vers sa destination.

En réalité, Molly ne savait pas où elle désirait se rendre. Peut-importe. Elle savait pertinemment que peu importe l’endroit où elle irait, ce serait forcément mieux que chez son père. Elle verrait alors une fois arrivée là-bas quelle voie prendre.

Lorsque les portes coulissantes de l'énorme hall de la gare s'ouvrirent devant elle, la brunette sentit l'énorme souffle chaud que renfermait l'intérieur du bâtiment s'écraser sur son visage ce qui lui procura un bien fou.

Molly se dirigea tout de suite vers le tableau qui affichait les arrivées et les départ. Il y avait une vingtaine de trajet inscrits et un en particulier qui l'intriguait. "Sheffield 8.20 a.m - London 11.28 a.m". Tout de suite, une image lui traversa l’esprit et tout de suite, elle se rappela que sa grand-mère résidait là-bas. Dans un premier temps, elle s'en voulu de ne pas y avoir pensé plus tôt. Ensuite, elle ne réfléchit plus une seconde de plus et elle se dirigea vers les guichets. Cette ville, la capitale, l’avait toujours intriguée. Et bien qu’elle y soit déjà allée plusieurs fois dans son enfance, elle n’avait pas tant de souvenirs de ça de ses merveilleux séjours passés là-bas.