Chapitre 2

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Alors que j'entrais dans ce qu'on m'avait dit être l'arrière boutique, tout s'illumina autour de moi. Je me trouvais en réalité sur un pont en verre. Je fus prise de vertige lorsque je regardais sous mes pieds, je me trouvais à au moins 10 mètres au dessus du sol. Mais tout était magnifique. Aucun livre à l'horizon oh ça non. Mais des décors à couper le souffle. Je me trouvais dans un paysage où le dragon à ma droite flottait dans les airs, l'air endormi. Tout était dans les tons rouges et dorés, c'était... Epoustouflant. La lumière faisait rutiler ses écailles rouges orangées, écailles qui semblaient dures comme de l'acier. Sur le coup je ne réfléchissais même pas à pourquoi la vendeuse m'avait dit que cet endroit était l'arrière boutique, j'étais trop émerveillée pour décrocher mon regard des pierres (précieuses?) scellées dans le mur. Elles étaient à la fois d'un rouge vif mais aussi transparents, elles dépulpaient la lumière en des millions de petits rayons. C'était magnifique. Oui je sais je me répète mais vous auriez du voir! J'avançais doucement sur le pont. Etrangement toutes ces couleurs vives ne m'éblouissaient pas. Sous mes pieds se trouvait la queue du dragon, ainsi que ses pattes arrières et le trésor doré sur lequel il veillait. Le dragon était tellement réaliste que j'aurais pu croire qu'il allait me sauter dessus. Mais les dragons n'existent pas et je n'ai pas peur d'un moulage de plâtre, aussi réaliste soit-il. Une fois l'émerveillement passé je cherchais du regard les ficelles maintenant le dragons en l'air. Bizarrement, je n'en trouvais pas. Alors autant continuer à avancer, voir les autres surprises que le pont réservait. Je semblais être entrée dans un nouveau secteur. Ici, tout était bleu nuit et argent. Une chouette se découpait du mur. Pas de pierres précieuses, seulement du velours, un velours qui semblait si doux qu'on avait envie de s'y blottir pour faire une sieste. D'ailleurs, la fatigue me gagnait. Cette pièce n'était pas moins magnifique que la première, seulement moins surprenante. Mais contrairement à la précédente, elle donnait envie d'y rester pour l'éternité. Prise d'un sommeil immense, je m'accordais un repis et m'allongeais sur le sol, contemplant la chouette. Je caressais ses plumes sombres du regard. Je n'avais jamais vu de chouettes au plumage si sombre et argenté, la personne l'ayant créée avait beaucoup de talent tellement elle était réaliste. Tandis que je plongeais mes yeux dans ceux de la chouette, la fatigue menaçait de m'emporter.

Je ne sais toujours pas si la phrase "Bienvenue dans le cauchemar" était issue de mon imagination ou si c'était la chouette qui me l'avait murmurée.

Je me réveillais plusieurs heures plus tard, je ne saurais dire combien puisque je ne savais vraiment quand j'étais entrée dans la boutique. Je regardais ma montre. Il était 17h33 et je me trouvais dans un lit inconfortable blanc. Un lit inconfortable était pour moi un énorme paradoxe, puisqu'on se repose dans un lit, du coup on ressent du bien-être mais s'il est dur comme de la pierre et bien on se sent à la fois bien et pas bien, c'est n'importe quoi! Enfin bref, mon dos me faisait savoir que ce lit était trop dur à son goût. 

La chambre (si l'on pouvait appeler ça comme ça) était entièrement blanche, sans aucun meuble à part le lit sur lequel je me trouvais. Je remarquais même qu'on m'avait retiré mes vêtement pour me vêtir d'une chemise blanche d'hôpital. D'instinct, je portais la main à mon cou. Mes colliers y étaient encore. Mes bagues et ma montre étaient aussi présentes. Heureusement, car ces mes deux bagues et mes deux colliers représentaient des choses particulières à mes yeux et je jugeais nécessaire de toujours avoir une indication du temps qui passe sur moi. Ne pas avoir ces bijoux aurait été un sacré coup au moral.

Après ces constats sur mon accoutrement, ce fît mon cerveau qui se mit à pianoter à tout allure. Une caméra se trouvait dans un angle de la pièce. Je me serais crue en prison, dans les cellules d'isolement d'Orange is the new Black. Exactement le même style de pièce, sans les chiottes et la trappe dans la porte pour faire passer la nourriture. Je me levais, me demandant comment les personnes qui m'avait séquestrées allaient me nourrir. Et puis qui étaient-elles d'abord? La dame de la boutique de livre était elle à la tête de tout ce bordel? Dans tous les cas elle n'y était pas pour rien. D'office je me mis à la détester. Tout en me baladant dans la pièce, je réfléchissais à ce qu'on allait exiger de moi. Reverrais-je mes parents? Mes amis? Je me mis à mesurer la pièce, à l'aide de mes pieds.  Trente pas et demi de large pour soixante de large. Pas bien grand mais il y avait de quoi respirer. J'aurais aimé regarder par la fenêtre, pour me repérer et respirer un peu d'air frais. L'ampoule au plafond était allumée, mais il n'y avait pas d'interrupteur dans la pièce. J'espérais qu'elle ne resterait pas allumée tout le temps, car dormir avec la lumière était insupportable.

Je retournais sur le lit, fixant le plafond et retenant mes larmes. Pourquoi moi?

Des pas se firent entendre de l'autre côté de la porte. J'essuyais mes yeux humides d'un revers de bras et me levais, prête à régler mes comptes avec la personne qui franchirais cette putain de porte. La colère avait remplacé la tristesse. On ne m'enfermait pas comme ça!

Ce fût une femme qui entra. Age? Indéfini. Physique? Même tailleur et même coiffure que la dame de la boutique. Sauf qu'elle était brune, avec un visage bien moins jovial que l'autre, c'était sûrement dû au fait que celle-ci n'avait à amadouer personne pou qu'on la suive.

"-Qu'est ce que je fais là? Vous êtes qui vous? Vous comptez faire quoi de moi? M'exclamais-je, furibonde.

La femme ne répondit pas, se contentant d'ajuster une seringue qu'elle avait tiré de sa sacoche.

-REPONDEZ! Hurlais-je. Et rangez cette putain de seringue dans ce putain de sac, ajoutais je lorsqu'elle me prit le bras, aiguille en main. Vous me voulez quoi à la fin?!

-Tu vas la boucle oui?

Je restais bouche bée. Sa voix était douce, malgré la froideur de son regard. Elle avait l'air énervée. Tant mieux, cela la pousserait peut-être à me répondre.

-Allonge toi, c'est un conseil. Et ferme la, ça aussi c'est un conseil sinon tu risque d'avoir la trace de ma main sur ta jolie joue de chieuse.

Bon au moins elle avait un langage aussi fleuri que le mien.

-Et de quel droit me taperiez-vous? Répondis-je avec un sourire insolent.

Je ne vis pas le coup venir. Mais je le sentis passer, elle n'y avait pas été molo la garce.

-Je te frappe si j'en ai envie, me répondit-elle avec un sourire e coin, se moquant de mon air choqué et de ma main posée sur ma joue meurtrie. Maintenant tu t'allonges et essaie pas de me poser de questions, tu sauras tout demain matin."

Mon petit manège m'avait au moins permit de glaner une information: le lendemain tout me serait révélé. Du moins, c'est ce que je pensais.

Ma femme me planta l'aiguille dans le bras d'un coup sec. Un liquide fluorescent s'introduit dans mes veines, puis s'estompa quelques secondes plus tard. Elle sortit un appareil de sa sacoche, appuya sur un bouton et hocha la tête d'un air que je jugeais satisfait. Elle rangea l'appareil sans plus d'explications et retourna vers la porte. Elle ne réagit pas lorsque je lui demandais à quoi le liquide servait.  Avant de sortir, elle me conseilla de profiter de la fin de journée pour me dégourdir les jambes dans ma chambre, et que le repas serait servit à dix-neuf heures. Puis elle referma la porte, sans un bruit.



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