Chapitre 3

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Je commençais à saturer de tout ce blanc. Et je voulais sortir de cette pièce, voir l'extérieur, prendre l'air, danser, parler, écouter de la musique... Je ne comprenais rien à ce qui m'arrivait, et marcher me permettait de m'occuper un peu. De toutes façons il n'y avait rien d'autre à faire. J'attendais le lendemain avec une telle impatience que je ne pensais plus qu'à ça.

Comme la femme me l'avait annoncé, le repas fît servi à dix neuf heures précises. Une jeune fille qui devait avoir une dizaine d'années me l'apporta. Elle avait une chemise blanche et un jean assorti. Ses pieds étaient nus. Lorsqu'elle me regarda, son regard me transcenda. Ses yeux exprimaient une telle souffrance que mon premier instinct fit de la serrer dans mes bras. Ses cheveux châtains étaient retenus pas une tresse lui tombant au milieu du dos. Ses yeux étaient d'un bleu si clair qu'on aurait pu les croire transparents. Elle n'était ni grande ni petite pour son âge, mais restait bien plus petite que moi. Je me mettais à genoux.

Elle était comme un ange tombé du ciel avec ces grands yeux brillants d'intelligence.

"-Comment t'appelles tu? murmurais-je en lui caressant les cheveux.

Ses yeux se remplir de larmes. Je la regardais interloquée. Qu'avais-je dis de mal?

-Réponds moi petit ange, quel est ton nom?

L'enfant posa le plateau repas par terre et fit une croix avec ses doigts devant sa bouche.

-Ooh tu ne peux pas parler...

Elle acquiesça doucement, baissant les yeux et remuant ses orteils nus sur le pavé froid.

-Mais qui sont ces gens pour enlever une si petite fille dans un endroit pareil... murmurais-je à moi même. Tu seras mon petit ange d'accord? Et je découvrirais pourquoi tu ne peux pas parler, et je te protégerai! Tu es si mignonne..."

Et je la serrai dans mes bras. Avant de s'éclipser, mon petit ange m'adressa un vague sourire.

Le repas était la chose la plus colorée que j'avais vue depuis mon arrivée dans ce lieu étrange. Aucune viande, ce qui n'était pas pour me déplaire. Au menu une salade verte vinaigrette, du quinoa à la sauce tomate un yaourt et des fruits frais, ce qu'l y a de le plus banal. La vérité est que ce repas était délicieux, le but de ces gens n'était donc pas de nous affamer. En plus, c'était équilibré. Si mes journées étaient mornes je pourrais toujours me consoler avec la nourriture, il fallait voir le bon côté des choses. Je laissais le plateau dans un coin de la chambre n'ayant nulle part d'autre où le mettre.

Manger avait fait monter l'anxiété. La boule dans mon ventre avait grossi. Avant je me disais que ces gens voulaient ma mort mais la qualité du repas me prouvai le contraire, j'en étais certaine. Et ne pas savoir ce que l'on attendait de moi me rendais anxieuse, terriblement anxieuse. La peur m'envahit, sans prévenir. Reverrais-je ma famille? Retournerai-je chez moi?

La peur devint colère. J'hurlais à la caméra, la fixant sans tressaillir. Je pleurais aussi, bien que je ne m'en rendais pas vraiment compte. Frappe de toutes mes forces contre la porte s'avéra aussi douloureux qu'inutile. J'étais définitivement prisonnière dans ce monde de blanc. Et je ne savais même pas ce qu'attendaient mes ravisseurs de moi, ni même qui ils étaient.

Je m'allongeais sur mon lit, tremblante à la fois de peur, de colère et de tristesse. Je me roulais en boule sur les couvertures. Je n'avas ni chaud, ni froid. J'étais transie d'émotions tellement diverses que je n'aurais su les décrire. J'avais l'impression de ne plus être moi, d'être seulement une poche d'émotions incapable de réfléchir. La solitude me pesait. Ma mère me manquait. Je voulait seulement vivre ma vie de lycéenne allant faire les courses du samedi avec ses parents. Rien de plus. Mais d'autres en avait décidé autrement.

Et elles me guettaient derrière cette fichue caméra. Analysant mes réactions, se demandant ce qu'elles pourraient faire de moi. Planifiant des plans plus effrayants les uns que les autres.

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