Mmh. Mmh.

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Tu es là. À cinq centimètre de moi. Je peux sentir ton souffle gelé esquinter mes lèvres déjà gercées. J'arrive à toucher ta peau, douce pourtant scarifiée. Je peux te parler mais aucun sons ne sors de ma bouche, seulement de la buée. Tes doigts parcours mon bras, mon épaule et viennent finir le chemin sur ma nuque. Tu pose ta tête sur mon épaule et tu me racontes. Tu me racontes les mots doux, tes soirées de peine, tes journées d'euphorie. Tu me racontes l'humanité, les guerres et les fêtes. Tu me racontes ta vie et moi j'écoute, fascinée, amoureuse, de ton cervau en bordel et des paroles qui y arrivent.
Puis on se retrouvait en haut de la falaise à côté de chez moi. Cette putain de falaise au bord de l'eau. On dansait, sur des musiques bêtes, joyeuses ou celles qui te font chialer sans que tu puisses t'arrêter.  On s'en foutait, on dansait juste. Et on était joyeuse. On vivait et on en avait rien a foutre. On souriait parce que la vie, c'était beau quand c'était vécu à tes côtés.
Et le cauchemar est arrivé, le noir, complet. Le noir qui te bousille les yeux, qui t'enveloppe et t'effraie. Le noir qui te donne envie de t'arracher le coeur tellement il te blesse.
Tu as sauté. Et ta mort c'était mon noir à moi. Parce que la mort c'est pas bien pour les autres. C'est pas joyeux ni euphorique. C'est juste triste. Comme ces musiques sur lesquelles nous dansions. C'est triste parce que tu es morte mais c'est moi qui en souffre. Et mon corps tremblait, et mon cerveau ne fonctionnait plus.  Mon souffle était coupé, comme ces fois où tu te mettais a m'embrasser et que le monde s'arrêtait de tourner pour nous regarder, émerveillé. Ma voix était la seule chose qui me restais, la même voix que tu rendais niaise, débile et remplie d'affection et maintenant, cassée, à la limite de l'extinction. Alors avec ce qu'il me restait, j'ai crié et j'ai serré les poings. Parce que j'avais mal au corps. J'avais mal au cœur. Et j'avais mal à l'âme. Et ma lèvre inférieure s'est fendue, parce qu'elle était abîmée et que j'avais ouvert la bouche trop fort. Et j'ai pleuré tout les larmes que je pouvais pleurer. J'ai crié tout ce que je pouvais crier. Et je me suis assise par terre et je me suis sentie vide.
J'm'en battais les couilles.
Mais mon réveil a sonné et mes yeux se sont ouverts. Et j'ai reçu ton message me disant que tu m'aimais. Et la j'ai souris comme une conne. J'ai souris parce que j'étais heureuse. Parce que je n'avais plus mal au corps. Je n'avais plus mal au cœur. Et je n'avais plus mal à l'âme.

I Can't.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant