Une passe difficile

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Cinq heure vingt-six. Mon réveil ne sonne que dans quatre minutes. Tant pis. Je me lève encore ensommeillée, désactive mon réveil et aventure les longs corridors de l'étage, pour enfin descendre les marches interminables de l'escalier en sapin et me rendre à la cuisine, afin de prendre un petit déjeuné.

Je passe devant le petit calendrier que Janis avait achetée pour prendre note de toutes les dates importante, je le regarde, elle a déjà relevée le carton, me laissant voir la date d'aujourd'hui : le premier septembre. Elle avait dessinée juste au-dessous de la date un petit smiley content, je ne pouvais m'empêcher de soupirer. Comment pouvait-elle garder l'espoir que les autres oublies ? Alors que même moi, j'avais déjà cédée. Pourquoi ne pouvait-elle pas faire comme moi ? Comprendre que nos problèmes ne s'effacent jamais ? Que les erreurs nous suivent jusqu'au bout, pour bien nous rappeler que nous avons échoués ? Je ne pouvais pas lui en vouloir d'espérer, après tout, c'était la seule qui avait encore cette joie de vivre et qui croyait en des jours meilleurs. C'était une femme merveilleuse, tout simplement.

Je baisse la tête et traine des pieds jusqu'à la cuisine où en sort une bonne odeur de toast et de chocolat. J'y entre et vois sans étonnement, Janis aux fourneaux, un tablier sur elle. Elle gesticule dans tous les sens, en suivant le rythme de la musique latine qui passe à la radio. Elle commence à faire un tour sur elle et s'arrête net en me voyant à l'entrée de la cuisine. Elle jette l'ustensile qu'elle a en main sur le plan de travail, avant d'accourir à moi pour m'enlacer fortement, tout en me claquant un baisé sur le front.

- Oh, ma chérie ! S'écrit Janis, en me poussant par les épaules pour avoir une vue d'ensemble de mon visage. Tu as bien dormit mon ange ?

- Bof et toi, bien dormis ?

- Comme un bébé ! S'exclame-t-elle en me relâchant. Allez viens donc t'asseoir Angelle. Ordonne Janis en tapotant le siège du comptoir.

J'obéi. Je m'assis donc sur le tabouret tandis que Janis part chercher ce qu'elle a préparée. Elle dépose les plats sous mes yeux gourmands et s'installe à son tour en face de moi.

- Tu es prête pour ta rentrée mon ange ? Dit Janis ravie.

- Tu me poses sérieusement la question ? Je hausse un sourcil.

- Bien sûr ! Ne vois pas les choses comme elles étaient. Les gens changent Angelle, tu ne peux pas le nier.

- Les gens ne changerons jamais Janis, ils évolueront, mais ils ne changeront pas. Tu ne crois pas qu'ils ont eu le temps de passer à autre chose, durant ces deux dernières années ?

Elle ne dit rien et croque dans son toast chocolaté. Je fais de même de mon côté en buvant une gorgée de mon chocolat chaud. Je tapote du bout des doigts le bois du comptoir.

- Maman revient quand ? Je demande pour changer de sujet.

Car oui, pour ceux qui le pensaient, Janis n'est pas ma génitrice, ma "formidable" mère elle, est avocate de la défense dans un grand cabinet parisien. Enfin avocate, elle s'occupe que de ce qui l'arrange et je l'ai bien remarquée en deux ans. Les seules personnes qui avaient été là pour moi dans cette passe difficile étaient Janis et Grâce, ma cousine.

- Jeudi prochain il me semble. Dit Janis le sourcil gauche haussé, signe qu'elle réfléchissait. Oui, c'est ça, elle avait dit le huit. Marmonne-t-elle.

Je termine ma tartine beurrée tranquillement en la regardant réfléchir à haute voix. C'est assez drôle de la voir dans ses moments de réflexions, elle finit toujours par sortir quelque chose d'amusant sans même s'en rendre compte. Et cela ne tarda pas d'arriver.

- Il faudrait que j'achète des préservatifs pour ce week-end. Jacob revient, non ? Chuchote encore Janis, serrant son menton entre ses doigts.

Je souris doucement. Je me rappelle très bien de Jacob, je peux même vous assurez que c'est un chic type. Jacob - ou Jacky comme l'appelait parfois Janis et ses enfants - est le mari de Janis, j'ai eue l'occasion de le rencontrer à plusieurs reprises avant ma "période noire". C'est une personne bien, altruiste et généreux comme sa femme (il faut dire qu'ils se sont bien trouvé ces deux là), de ce dont je me souviens, il travaille pour les forces armées du Burkina Faso et revient que très rarement en France. Je suis contente pour Janis ; la dernière fois qu'il est venu en France date de deux ans et demi, c'était pour noël.

- Je ne savais pas que Jacob revenait ? Souris-je furtivement.

Janis relève la tête vers moi, sûrement surprise que je la sorte ainsi de ses pensée. Elle me rend au bout de quelques secondes mon sourire et acquiesce.

- Il a décidé de quitté l'armée définitivement. Ça fait vingt-quatre ans qu'il y travaille... Il a décidé de prendre sa retraite pour de bon. Se réjouit-elle.

Elle frappe alors dans ses mains, me surprenant, puis s'exclama que le travail l'appellait. Elle me pousse en-dehors de la cuisine puis partie faire la vaisselle.

De mon côté je monte à l'étage et traverse le couloir, démuni de toute chaleur et de personnalité, on dirait les couloirs non-décoré d'un pauvre hôtel de bourge. Je grimace et entre dans ma penderie, qui se trouve à côté de ma chambre. J'y prend de quoi m'habiller, rien de bien spécial à vrai dire : un jean et un pull gris fin - sans oublier les sous-vêtements -. Je parcoure après ma sélection, le corridor, pour atteindre la salle de bain.

J'y dépose mes affaires sur un petit tabouret en fer et commence à faire couler l'eau le temps que je me déshabille. Je regarde mon corps dénudé dans le miroir qui me fait face, examine ma petite poitrine rebondit, mon sexe que je n'ai pas épilé depuis un certain temps, touche mes abdos apparent grâce au sport de combat que je pratique une fois par semaine depuis bientôt deux ans. Je continue de me reluquer encore une minute puis entre dans le bain chaud. Les chansons à la radio défilaient, seulement, une seule attira son attention.

« She got a bad reputation.

She takes the long way home.

And all of my friends seen her naked.

Or so the story goes.

Mistakes we all make them.

But they won't let it go, no.

Cause she's got a bad reputation.

But I know what they don't, hmm.

And I don't care what they say about you baby.

They don't know what you've been through.

Trust me, I could be the one to treat you like a lady.

Let me see what's underneath, all I need is you »

Je ne savais pas à ce moment-là pourquoi les larmes dévalaient mes joues rosies... Pourquoi j'avais cette sensation... Celle de tout comprendre ? Et pourtant, j'étais nulle en anglais, mon professeur pouvait en témoigner, pourtant, j'avais tout déchiffrée... Je remis mes pensées en place et sortie de la baignoire.

Je m'habille et brosse péniblement mes longs cheveux bruns avant de sortir de la salle de bain pour aller chercher mes affaires de cours.

Bad ReputationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant