L'heure calme

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Assise sur le rebord de sa fenêtre, savourant le vent, les odeurs, les saveurs, les bruits et le calme, elle regardait le ciel. Elle se sentait vide et emplie d'un sentiment de bien-être. Elle adorait ça.

Il était deux heures du matin, l'heure à laquelle son corps s'alourdissait, où ses yeux lui hurlaient de s'allonger et de s'endormir, où la barrière entre la réalité et les rêves était aussi fine qu'un papier de soie.

Il était l'heure où la nuit ne résonnait pas encore des cris des ivrognes, où les talons des femmes qui travaillaient tard ne claquaient plus sur les trottoirs craquelés, où les clameurs ne venaient plus que, confuses, indistinctes, comme un bourdonnement, du pub d'en face.

Il était l'heure où toutes les lumières s'étaient éteintes, où seuls les lampadaires inlassables et fatigués rappelaient un peu la présence des Hommes.

Il était l'heure où la Lune et ses étoiles brillaient et scintillaient, aussi ternes que sublimes, aussi vives que discrètes. Elle aimait cette heure où elle était sur le point de s'assoupir mais qu'elle se sentait vivante, entière.

Elle avait replié ses genoux sur sa poitrine et posé sa tête sur ses rotules. Frêle et fragile silhouette se découpant dans la nuit, immobile, impassible, le regard plongé dans le ciel profond et sombre, les pensées vagabondant sur les nuages.

Elle avait arrêté de penser, tout en détaillant dans son esprit toutes les teintes qui composaient la noirceur du ciel. La Lune n'était présente qu'à moitié, et les couleurs en étaient ternes, sombres, fatiguées. Il n'y avait pas de nuage pour les éclaircir.

Et puis, elle céda aux messages douloureux que lui envoyait son corps et se laissa tomber délicatement sur la moquette bleue de sa chambre. Elle se glissa dans ses draps et s'endormit, pour devenir l'une des étoiles du ciel.

La jeune fille qui contemplait les étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant