La jeune fille qui contemplait les étoiles

Ouragan de rage brillant

Cette nuit, elle hurla. Elle hurla tellement fort que son cœur se déchira et bondit dans sa poitrine. Elle hurla tellement fort que les larmes se mirent à rouler sur ses joues comme des flots impétueux, comme des lames terriblement aiguisées. Elles piquaient ses pommettes, arrachaient la peau de son cou, déchiquetaient les parties infimes de sa raison d'être malade.

Elle insulta la nuit. Les étoiles. Les comètes. Les planètes. La lune. Elle insulta la lune.

Elle cria si fort que ses parents n'osèrent pas venir la voir. Elle sentait la culpabilité obstruer sa gorge, ses regrets étouffer la flamme qui brillait dans ses yeux et ses mains trembler si fort qu'elle menaçait de laisser tomber sa couette qu'elle plaquaient contre son corps frissonnant.

Elle insulta la lune si âprement que ses mots griffèrent sa bouche et laissèrent une trace amère sur sa langue.

Son nez coulait à cause du froid et de la tristesse. Tristesse n'était pas un mot assez fort. Le dégoût. La révulsion. Elle se haïssait. Elle était sûre désormais qu'il ne la regarderait plus jamais. Elle aurait dû lui parler quand il aurait encore pu la remarquer. Elle gémit si fort qu'elle entendit la voix inquiète de sa mère derrière la porte de sa chambre.

Elle incendia la lune si rudement que ses paroles giflèrent son âme souffrante.

Elle détourna sa vision troublée par les larmes de la nuit et se jeta contre sa moquette bleue. Une douleur sourde dans son coude droit, celui qui avait percuté le sol, elle grogna. Elle se recroquevilla et sa mère hurla son prénom.

Elle ne s'en rendit pas compte, aveuglé par l'ouragan de rage qui emportait ses étoiles si loin d'elle. Ses étoiles. Ses rêves.

Elle sentit à peine les bras de sa mère autour de ses épaules. Elle voulait tout casser. C'était tellement injuste. Mais elle était fatiguée, lasse. Elle laissa le sommeil l'emporter et promit à la nuit de se venger.