-On est arrivés! claironna Maria.
Je sursaute,sortant de mes pensées vagabondes,et observais avec appréhension les environs,avant de sentir le noeud dans mon estomac se détendre brusquement.
Après les paroles étranges de Maria et José,je m'attendais à tout autre chose que ces rues propres et colorées,collées à des 'appartements à première vue bien entretenus,et extrêmement colorés.
Je souris inconsciemment,et sortis de la voiture sans attendre que la voiture soit éteinte.
-Je monte ta valise dans quelques instants,m'informa José,une main sur mon épaule,le regard tourné vers un groupe d'hommes plutôt âgés.
-Suis-moi Victoria,ajouta Maria en passant son bras autour de mes épaules.
On marche ensemble pendant peu de temps avant qu'elle ne s'arrête devant la porte d'un appartement,peinte d'un rouge très vif.
Elle poussa la porte,qui n'était pas fermée à clé,et me fit monter de vieux escaliers pour accéder au deuxième étage de l'immeuble.
Elle déverrouilla la porte de l'appartement,et l'ouvrit théâtralement devant moi:
-Bienvenue chez toi,princesa .
Je souris une nouvelle fois en découvrant un appartement extrêmement chaleureux,et aussi légèrement fouillis,dans lequel je me sentais immédiatement à l'aise.
-Victoria,pardonne moi,mais je n'ai qu'une chambre ici...je t'ai installé un canapé ici,dans le salon,mais si tu préfère,tu peux prendre la chambre tandis que José et moi...
-Non,non,non,ne vous dérangez pas pour moi! Le clic clac me convient très bien!
Maria me fit faire un rapide tour du propriétaire tandis que José montait avec ma valise,et s'arrêta au beau milieu du salon,les mains sur les hanches:
-Bon...et bien,je crois que tu sais tout!
-Non,pas tout,lui rappelais-je en fronçant les sourcils.
José posa ma valise,et me désigna la fenêtre du balcon:
-Toutes les réponses se trouvent ici.
Mes pas me portèrent aussitôt vers le balcon,que j'ouvris d'une main peu assurée,et j'avance vers la rambarde en me demandant avec une angoisse grandissante ce que signifiait la conversation de Maria et José a l'aéroport.
Mes yeux commencèrent par voir une très haute colline à seulement quelques centaines de mètres de l'immeuble,derrière laquelle le soleil brillait intensément.
Mon noeud a l'estomac se resserra progressivement à mesure que mes yeux descendaient le long de la petite montagne.
Au pied de celle ci,c'est à dire,juste en face de chez Maria,se trouvait une favela.
-Rocinha,murmura Maria derrière mon dos.
-Pardon? demandais-je sans me retourner.
-Rocinha. C'est le nom de cette favela,m'informa José.
-La plus dangereuse de Rio,continua Maria.
Je me retourne en fermant les yeux,et soupire:
-En quoi est-elle dangereuse pour nous?
-Ils nous contrôlent,marmonna José en jetant un regard de haine derrière moi.
-Ces salauds...appuya la cousine a ma mère.
Excédée,je me passe vigoureusement les mains sur la figure:
-Soyez clairs,s'il vous plaît...qui ça, "ils"?
-Les gangs,répondit enfin Maria.
Je m'assis sur une chaise du balcon,légèrement sous le choc,et secouai la tête :
-Expliquez-moi tout,Maria.
La cousine a ma mère s'assit face à moi,et prit une longue inspiration avant de se lancer dans son histoire:
-Les gangs sont arrivés il y a environ 10 ans dans la favéla. Forcément,dans ce milieu,il ne peut y avoir de place que pour un seul chef. Ils se battent,se déchirent à cause de leurs trafics de drogue et d'armes...la favéla a été mise à feu et à sang...et dorénavant,ces voyous sont de plus en plus présents ici...ils considèrent le quartier comme leur terrain de jeu...et nous,comme leurs jouets...
-Ils sont très dangereux,et ne reculent devant rien...ils sont capables de tout,même d'abattre de sang froid des innocents sous nos fenêtres...juste pour s'amuser...
Je plaque une main sur ma poitrine,effrayée par les informations que je venais d'entendre,et ma voix se mit à trembler:
-Mais...pourquoi vous ne déménagez pas?
-Nous n'avons pas les moyens...et même si nous les avions,c'est impossible...ils nous ont sous leur emprise,qu'on le veuille ou non!
-C'est horrible! criais-je en me levant.
Mais comment papa a-t-il pu m'envoyer ici??
-Ton pere est perdu,cariña...complètement perdu.
Maria posa sa main sur ma tête,et me la caressa en tentant de me rassurer:
-Ne t'inquiètes pas...il n'y a aucune raison qu'il t'arrive quelque chose...si tu sors toujours accompagnée,que tu évites ces hommes et que tu ne t'aventure jamais à Rocinha...tu es hors de danger.
-J'aimerais pouvoir te croire,Maria...mais je n'y arrive pas!
-Je t'en prie,fais-moi confiance! Rien ne t'arrivera,je m'en occuperais personnellement.
-J'ai...j'ai besoin de m'allonger,s'il vous plaît...
Conciliants,Maria et José partirent dans la cuisine avec un dernier regard peiné,et je me dirige vers le clic clac du salon.
Je branche mon téléphone vide à la prise murale,et me laisse tomber sur le canapé violet en contemplant les craquelures légères qui parsemaient le plafond.
Mais où suis-je donc tombée? Maman...si t'étais encore là,tu aurais pu dissuader Papa de faire cette terrible erreur...
-Victoria?
Je sursaute et me redresse face à Maria,qui me tendait une longue serviette:
-Je pense qu'une douche te ferait le plus grand bien,avant toute chose.
-Tu as raison,Maria...mais par contre,je préfère que tu m'appelles Vicky,s'il te plait...
-Et toi,Vicky,n'oublies pas que c'est "Tati" pour toi.
-Merci,acquiesçais-je en attrapant la serviette.
Je sortis ma trousse de toilette de mon sac,et pousse avec difficulté la porte lourde et grinçante de la salle de bains.
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Un seul pas
Action-Tu es un monstre...tu me dégoutes! -Ne dis pas des choses que tu ne penses pas,mi amor... -Tu as eu tout ce que tu voulais! Tu as ruiné ma vie,tu m'as brisée...QUE TE FAUT-IL DE PLUS ENFIN??!! -Ton amour. -Arrête de dire des conneries pareilles! ...