Je me dirige vers le balcon,et m'accoude au rebord,ne pouvant pas m'empêcher d'épier ce si dangereux endroit face à l'immeuble.
Je distinguais clairement des hommes,ainsi que de jeunes adolescents passer entre les maisons,discuter sérieusement,mais je ne distinguais pas l'ombre d'une femme,en revanche.
-Vicky,ne les regarde pas,marmonna une voix dans mon dos.
Je me retourne face au jumeau aux yeux bleus,Luis,et penche la tête sur le côté:
-Pourquoi?
-Tu ne sais pas de quoi ils sont capables...il vaut mieux rester invisible et inexistante à leurs yeux...crois moi...
Sur ces paroles mystérieuses,Luis se retira rapidement,tandis que la voix de Maria m'appelait:
-Vicky? Te faut-il quelque chose? Je vais faire quelques courses avec José.
-Non,rien du tout,tati,merci!
-Bien...les garçons,prenez soin d'elle,dit-elle aux jumeaux,d'une voix beaucoup moins douce.
Quelques instants après,la porte claqua,et je rejoins Alejandro et Luis dans le salon.
-Alors...qu'est-ce qui t'amène a Rio? me demanda Alejandro,un grand sourire aux lèvres.
Je baisse la tête:
-La volonté de mon père...
-Ton père? s'étonna-t-il.
-Oui...depuis la mort de ma mère, il ne gère plus rien de sa vie, et encore moins de la mienne...il a préféré se débarrasser de ma présence...
-Et pourquoi a-t-il voulu t'envoyer ici? C'est bien le dernier endroit où un père enverrait son enfant c'est bien trop...
-La ferme Luis! Tu dis des bêtises, ce n'est pas un endroit si horrible que ça! Ne l'a traumatise donc pas pour rien! coupa Alejandro en envoyant un léger coup de coude à son jumeau, avant de rediriger son sourire chaleureux vers moi.
-Pas si horrible? ricanais-je un peu amèrement en repensant à la favéla et à ses histoires.
-Bien sur! On va d'ailleurs te prouver le contraire! Debout ma belle! s'écria Alejandro en se soulevant du canapé .
Je vis brièvement le regard de Luis s'assombrir, mais voyant qu'il ne disait rien, je mis ça sur le compte de mon imagination.
Ces jumeaux étaient très différents...Alejandro, joyeux et avenant, était tout à l'opposé de son frère renfermé et mystérieux...
Très honnêtement, Luis me faisait même un peu froid dans le dos.
Je pris donc la main tendue d'Alejandro:
-Qu'est ce que tu comptes faire?
-T'amener dehors!
Joignant le geste à la parole, le jumeau ouvrit la porte:
-Luis, suis-nous au lieu de faire la gueule!
-Ce n'est pas une bonne idée Alejandro, tu le sais,marmonna la voix de Luis dans mon dos.
Le jumeau lâcha un rire moqueur pour toute réponse, et m'entraîna dehors.
La chaleur était très présente, et je sentais le soleil taper très fort dès que je posais mes pieds à l'extérieur du bâtiment.
Alejandro passa son bras autour de ma taille, et entama une marche très rapide vers le bas du chemin.
Une drôle d'impression me saisit, un mauvais pressentiment qui s'accentua dès que je compris que nous n'étions qu'à 2 pas de la favéla.
-Alejandro,protestais-je en posant une main sur son torse.
-Tu n'as rien à craindre! Je te le promets! m'assura-t-il en plongeant ses yeux rieurs dans les miens.
Je jette un coup d'œil vers le bas de la rue, peu convaincue.
-Franchement Vicky...penses-tu vraiment que je te ferais courir un risque quelconque? Alors que tu es la nièce de Maria?
-Non,concédais-je, ce serait ridicule.
-Alors...suis-moi.
Il reprit sa marche énergique, et le cœur battant, j'aperçus l'environnement, et les personnes, changer au fur et à mesure de notre descente:
Les murs se couvraient au fur et à mesure de graffitis aux mille et une couleurs, les portes se faisaient plus abîmées, comme si elles avaient été forcées ou tapées, et la population féminine disparaissait tandis que l'aspect des garçons se faisaient légèrement plus menaçant.
Sentant ma crainte, Alejandro m'arrêta,et m'entraîna vers un banc:
-Voilà...asseyons-nous là, et regarde si il t'arrive quelque chose!
Il éclata de rire, et m'assis sur le banc à côté de lui, avant de sortir un paquet de cigarettes de sa poche.
Je promène un regard un peu craintif sur les alentours, et sur les nombreux groupes de garçons qui nous observaient.
-Il nous regarde tous...chuchotais-je.
-C'est normal! Tu es nouvelle ici, ils se demandent qui tu es! sourit Alejandro en soufflant sa fumée.
Une main se posa soudainement sur l'épaule d'Alejandro et je me retourne en sursautant:
Un grand blond tatoué se tenait derrière nous, torse nu, un bandeau noué autour de ses cheveux en bataille.
-Alejandro! T'étais passé ou?
-J'avais une visite touristique à faire, répondit le jumeau en me désignant.
-Tu es?
-Vicky...
-La nièce de Maria! rajouta Alejandro.
-Maria? La gonzesse a José?
-C'est ça Chris!
Le dénommé Chris m'observa un court instant, puis nous quitta en lâchant un drôle d'éclat de rire.
-Tu vois? C'est des préjugés que tu as sur la favéla, me dit le jumeau.
-Ouais, peut être, marmonnais-je en posant mes doigts crispés sur mes genoux.
-Bon,concéda-t-il, ce n'est pas exactement la favéla, c'est juste l'entrée...mais tu verra, petit à petit tu t'y fera! Je ne vais pas te brusquer, surtout avec les idées que tu te fais sur elle!
Sa cigarette terminée, Alejandro se releva, m'informant qu'il était temps de remonter pour que je me repose de mon voyage.
Après quelques pas, un bruit sourd éclata derrière moi, très ressemblant à un coup de pistolet.
Affolée, je regarde autour de moi, puis avise un groupe d'hommes âgés d'une vingtaine d'années.
L'un d'entre eux tenait bien un flingue,mais s'entraînait simplement à tirer dans un grand mur déjà criblé de balles.
Légèrement rassurée, je les regardais un à un, Alejandro toujours posté dans mon dos.
Le tireur semblait plus vieux que les autres,sa barbe brune tombait presque jusqu'à ses côtes.
L'autre était très grand, complètement chauve, et portait,comme Chris, un foulard autour du crâne.
Le dernier était de dos, je n'apercevais que son dos nu et des cheveux hérissés.
Un quatrième les rejoignit, mais cette fois-ci, une vague de chaleur se propagea dans mon ventre:
Il était grand, tatoué de partout,mais vraiment de partout! Je n'avais jamais vu un homme porter autant de tatouages!
Mais ce qui me choquait le plus, c'était la beauté virile de son visage.
Une immense cicatrice traversait son œil jusqu'à sa barbe, mais cela, bizarrement, ne l'enlaidissait aucunement.
Toute à ma contemplation, je ne remarque pas tout de suite que son regard me détaillait aussi, et je recule, déstabilisée par la profondeur de ses beaux yeux sombres.
Je fis demi-tour précipitamment, et c'est moi, cette fois-ci, qui saisis Alejandro pour gravir la pente en le tirant, sentant toujours dans mon dos la brûlure de ces étranges yeux noirs...

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Un seul pas
Action-Tu es un monstre...tu me dégoutes! -Ne dis pas des choses que tu ne penses pas,mi amor... -Tu as eu tout ce que tu voulais! Tu as ruiné ma vie,tu m'as brisée...QUE TE FAUT-IL DE PLUS ENFIN??!! -Ton amour. -Arrête de dire des conneries pareilles! ...