Ethan

⑧

Décembre 2015, Carapace

J'adore sentir le désappointement dans ta voix. Quand elle vacille et qu'elle n'est plus la voix de la warrior que tout le monde pense que tu es. Tu fais ta forte mais en réalité, tu as peur du regard des autres. Tu es comme nous tous, planquée sous ta carapace d'ironie. J'ai déjà pu la voir se fissurer. Tu m'as laissé voir le dedans. Tu m'as fait confiance, peut-être ? Cette nuit-là, sur ce toit, paumées sous les étoiles. Et cette après-midi-là, avec ta main dans la mienne. Tu n'aimes pas les sentiments. Tu sembles exécrer les débordements dégoulinants, parce que tu te protège. Toujours à l'affût. Et tu tires sur tout ce qui bouge parce que ne t'assumes pas vraiment. Tu n'assumes pas ton corps, ta sensualité, ce que tu pourrais révéler de toi sans t'en apercevoir.

Tu t'en es bien tiré jusqu'à maintenant. Bravo. Moi j'ai craqué plus tôt, et beaucoup de gens ont vu ce qu'il y avait dedans. Une fille sensible, énervée, désolée parfois, sombre aussi, stupide peut-être, qui n'avait pas tout compris ou qui ne voulais pas comprendre, une fille immature, exaspérante, une passionnée, une embobineuse, quelqu'un de sale et faillible, soumise à ses désirs humains, soumise à la météo, à ses parents, aux modes. Je suis tout cela et tu l'as vu. Je me suis montrée faible et moi-même. Ne tente pas de me faire croire que la vrai toi c'est cette fille qui aime critiquer et remballer sans soucis. J'espère que ce n'est pas vraiment toi. Je veux te voir. Vraiment.