Handicap [NaLu]

-CHAPITRE-13-

Lorsque j'arrive à l'intérieur du local, qui ai-je le privilège de voir ?

Ses yeux verts onyx me regardent et un sourire enfantin se dresse sur son visage. Il s'approche de moi et pause sa main sur ma tête. Je le regarde longuement et je pause ma main sur la sienne.

— Je suis content de te revoir, Luce. Ce surnom, je l'adore.

— De même, Natsu.

— Que fais-tu ici ? je ne peux pas lui dire pour Hibiki...

— Je pourrais te pauser la même question ! je vois son regard se détourner.

— Je... Euh... Cet endroit appartient à Ignir, enfin mon père ! Je ne t'avais jamais vu venir avant, tu veux apprendre à tirer ?

— Oui... J'aime bien les armes ! c'était quoi cette phrase pourrie Lucy ?!

— Ah ouais ? Tu es déjà inscrite ? Tu as déjà tiré ?

— Bah euh... Non pas vraiment...

— Bah c'est le moment d'apprendre !

Il avance vers un bureau et me fait signe de le suivre. Le problème ? Les quatre marches qui se trouvaient juste devant moi... Il me fixe sans comprendre puis réalise enfin. Il s'empresse de venir vers moi et de soulever mon fauteuil comme il pouvait.

— Je demanderais à mon cher paternel d'installer une rampe, parce qu'aussi non, on ne va pas s'en sortir !

Je rigole parce qu'il a vraiment du mal à monter. On entre dans le bureau et je croise le regard d'un homme aux cheveux aussi noir que le charbon et au yeux verts semblables à ceux de Natsu. Il me regarde et sourit gentiment, je lui rends ce même sourire. Natsu lui explique que je souhaiterais m'inscrire mais que je n'avais jamais tiré de ma vie. Il se lève, il est vraiment grand ou c'est juste mon point de vue puisque je suis toute petite assise sur mon fauteuil.

— C'est d'accord. Venez par ici, il faut remplir quelques formulaires et ce sera bon. Je m'avance et remplis tous les papiers.

Natsu fait un signe à son père et nous sortons du bureau. On arrive devant une rangée de boxes sécurisé. Natsu tape le code d'un des boxes et me fait signe d'avancer. Ce n'est pas très grand, peut-être cinq mètres carrés. Natsu prend une arme entre ses mains et la charge. Il se tourne vers l'encadrement qui laisse apparaître un grand espace, presque aussi grand qu'un terrain de foot, où se trouve des dizaines de cibles de forme humaine. Je grimasse aux bruits terribles des coups de feu et Natsu me tend un casque que je place sur mes oreilles.

Il désigne l'arme du doigt vue que je n'entendais rien. Il se positionne et tire sur la cible qu'il touche en plein milieu. Il y a un mouvement de recul et un bruit qui, malgré mon casque, m'a fait sursauter. Il me sourit et me tend l'arme. Je la prends d'une main tremblante. Je la recharge rapidement et essaye de me positionner comme lui. Je vise et PAN. Un mouvement de recul qui me surprend énormément et j'ai loupé la cible. Je vois que Natsu rigole alors j'enlève mon casque.

— Il n'y a rien de drôle ! C'est la première fois que je tire !

— Oui bah, je n'espère ne jamais être à côté de toi quand tu tires ! Tu es très dangereuse, t'es au courant ? dit-il en rigolant.

— Apprends-moi à tirer ! il arrête de rire et un sourire vicieux se plaque sur son visage.

— A une condition. Je fronce les sourcils. Je veux que tu viennes à une soirée chez Grey, Samedi à vingt et une heure.

— Avant je t'aurais dit oui mais dans ces circonstances... Je vais faire quoi à une fête ? Je ne peux même pas danser !

— Qui t'as dit que tu ne pouvais pas ? Je te rappelle que tu as un fauteuil électrique qui t'attend chez moi !

— Tu penses que ça va changer quelque chose ? Et puis de toute façon je n'ai pas envie de faire la fête... Je n'ai pas la tête à ça.

— Mais bien sûr ! Luce, éclate-toi ! Profite de ta jeunesse tant que tu as le temps !

Ma jeunesse ? Je ne mérite pas de la vivre. De toute façon il est trop tard. Je l'ai bousillé et quelques secondes quand je suis rentrée dans cette voiture et que j'ai tué deux personnes.

— Non, je ne viendrais pas. Désolée. Et ne t'inquiète pas pour le fauteuil... Tu peux le garder...

Je sors du box, laissant Natsu seul.

J'arrive chez moi et vais directement à la salle de bain. Je me déshabille difficilement, comme d'habitude et entre dans la douche italienne. Je m'assois sur la chaise et pousse mon fauteuil en dehors de la douche. J'allume l'eau chaude et la laisse coulée sur mon corps. Je réfléchis à ce qu'il s'est passé aujourd'hui. Et si Natsu avait raison ? Et si je devais profiter de ma jeunesse ? Mais j'ai encore se blocage. Celui qui me dit que je ne dois pas vivre ma vie normalement parce que je ne le mérite pas. Je ne le mérite pas parce que j'ai tué une femme et un pauvre enfant qui ne pourra jamais vivre sa vie normalement.

STOP ! STOP ! STOP !

Je m'enfonce dans un gouffre sans fin ! Je me brise et je défais, petit à petit, tous les liens que j'ai tissé avec mes amis. Je suis égoïste et fautive et méchante et... C'est peut-être tous ces sentiments qui me rendent humaine ?

J'éteints l'eau et prends une serviette. Je me sèche le corps et me rassois sur mon fauteuil. Je prends mon pyjama et l'enfile vite puis vais dans ma chambre, me place sur mon lit et m'endort sans même prendre le temps de manger.