Le voisin

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Quand j'étais adolescent, je vivais dans un quartier remplit de gens étranges, comme une folle aux chats, qui avait une bonne trentaine de ces petites boules de poils chez elle, un mec accroc à toutes les drogues inimaginables, un homme qui organisait une fête chaque année pour son anniversaire de mariage, alors que sa femme était décédée deux ans avant que j'emménage. Bref, des weirdos, j'en ai eu ma dose. Cependant, l'un d'entre eux se démarquait du reste.

C'était mon voisin, un homme dans la quarantaine avancée qui avait des yeux anormalement globuleux, un crâne aussi lisse qu'une coquille d'œuf, du style «petit gros» et des poils enduits de cérumen dans ses oreilles. Il agissait toujours d'une façon étrange ; quand mes parents (ou n'importe qui d'autre) essayaient d'être sociaux et lui disaient bonjour, il répliquait en crachant par terre. Le plus dégoûtant, c'est que le cracha était noir, comme si il pourrissait de l'intérieur. En le voyant faire, ça me faisait toujours bien rire. Mes parents, eux, avaient peur de lui.

Dans ce quartier de fous, une seule personne avait la même santé mentale que nous, ou presque, mon ami Dan. Bon, quand je dis «ou presque», je veux dire qu'il n'avait pas peur de faire des trucs inusités, comme entrer chez des inconnus par une fenêtre, descendre une colline en vélo sans les roues, vous voyez le genre. Disons qu'il aurait été une recrue parfaite pour Jackass.

Pour en revenir à mon voisin, malgré son comportement constamment bizarre, une chose en particulier me faisait flipper : il faisait brûler ses ordures. Oui, oui ! Il mettait les sac dans sa poubelle en métal et y foutait le feu ! Je ne comprenais pas pourquoi il faisait une telle chose. Alors, puisque nous possédions une grande curiosité, moi et Dan avons décidé de s'introduire chez mon voisin.

Nous avons attendu que nos parents aillent se coucher pour sortir par la fenêtre de notre chambre pour se rejoindre devant chez moi. La pénombre de la nuit faisait palpiter nos cœurs dans nos poitrines d'excitation. Nous nous attendions au pire, qui sait ce que cet énergumène pourrait cacher ? Dan réussit à ouvrir la fenêtre du salon, apparemment, il ne verrouillait pas ses fenêtres. Mon ami entra à l'intérieur et déverrouilla la porte d'entrer. Nous explorâmes le salon, la cuisine... Il n'était nul part, mais tout semblait normal. Nous décidâmes de nous rendre au sous-sol, pour explorer un peu plus.
Une grave erreur

Nous avons pu percevoir une très faible lueur émaner du bas de l'escalier. Nos cœurs battaient à la chamade. Il était en bas, et nous nous dirigions vers lui. Contre toute attente, le sous-sol de sa maison n'avait rien d'anormal. Un sofa, une télé, une chaîne stéréo, une commode, que des objets banals. Seulement, dans le silence qui régnait dans la pièce, nous pouvions distinguer un bruit sourd, un peu comme des coups. En essayant de trouver la provenance de ce bruit, nous avons pu constater qu'il venait de derrière la bibliothèque. Cette dernière cachait une porte en métal rouillé. La main tremblante, j'ouvris la porte.

Le spectacle qui s'offrait à nous était affreux. Une table se dressait devant nous et le corps d'un homme y était attaché. L'un de ses bras et l'une de ses jambes avaient été sectionnées du reste du corps et le sang, frais ou séché, abondait. De l'autre côté de la table se trouvait mon voisin, qui était en train de mâchouiller la chair sur le membre sectionné. Soudain, il leva les yeux vers nous avec un grognement. Je pris mes jambes à mon cou, mais Dan était trop paralyser de peur pour faire de même. Le cannibale se jeta sur lui et alors que je courais pour ma vie, je pouvais entendre les cris de terreur qui venait de la gorge de mon ami.

Revenu chez moi, j'étais incapable de dormir. Une nuit blanche en perspective. C'est là que j'ai compris. La raison pour laquelle il faisait brûler ses ordures est qu'il y mettait les restes des corps qu'il avait dégustés. Cette pensée m'emplit de dégoût alors que j'essayais de trouver le sommeil, en vain. Je n'ai rien dit à mes parents, ils ne m'auraient pas crus. Comble de la chance, deux jours plus tard, nous déménagions. Mon père avait trouvé un poste à Québec ou nous pourrions recommencer à zéro. Alors que nous étions dans la voiture, j'ai pu voir une dernière fois le voisin mettre le feu à ses ordures.

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