Chapitre I

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—Bon anniversaire ma chérie !

—Merci maman, souffla Reagan en enfilant un jeans serrant, je vais être en retard, je te rappelle !

—Bien bien, ma fille est une femme occupée ! s'exclama la mère à l'autre bout du fil.Comment tu vis le fait d'avoir vingt-huit ans aujourd'hui ?

—Maman, soupira-t-elle, je te rappelle. A plus tard.


Reagan raccrocha et couru dans la salle de bain pour enfiler un chemisier blanc, fin et laissant transparaître le noir du soutient-gorge de la jeune femme. Elle mit ses vans noires et retourna dans la salle de bain. Elle se regarda quelques secondes avant de lever ses yeux verts au ciel. Ses longs cheveux châtains étaient attachés en un chignon grossier qui laissait plusieurs mèches virevolter sur le sommet de sa tête. Son visage aux traits fins et doux était à peine maquillé et elle n'avait pas le temps pour cela. Il était huit heure quart et elle commençait aux alentours de neuf heure. Il lui fallait une demi-heure de route hors bouchon. Et à la radio ils annonçaient que les routes étaient bloquées pour la plupart dont celle que Reagan empruntait. Alors qu'elle courait partout dans l'appartement à la recherche de ses clés de voitures, son petit-ami lisait tranquillement le journal en caleçon face à un café fumant.

—C'est pas vrai, râla-t-elle en regardant sous le canapé.

—Tu as regardé dans les poches de ta veste ? demanda-t-il sans décrocher le regard de sa lecture.

Elle se redressa et couru dans le hall d'entré pour vérifier la poche de sa veste. La gauche, rien. La droite, les clés. Elle y laissa les clés et enfila cette dernière avant de courir dans la cuisine. Reagan passa ses fins doigts sur la mâchoire de son compagnon et lui fit tourner la tête. Elle embrassa le garçon du bout de ses lèvres peu charnues.

—Merci mon amour, j'y vais. À tout à l'heure !

—Fais attention sur la route, lui dit Grant avant de poursuivre, au fait, bon anniversaire bébé !

—T'en fais pas. -elle ouvrit la porte- Merci ! -et la referma.-

Reagan appuya sur le bouton de l'ascenseur et ne l'attendit qu'une demi-seconde avant de prendre les escaliers. Elle dévala les quatre étages de son immeuble croisant même l'une des voisines, manquant de la bousculer.

—Désolée !

Elle arriva au rez-de-chaussée et sortit. L'air frais de la fin du mois de septembre lui donnait un petit coup de fouet bien qu'elle était déjà bien réveillée. Elle accouru à sa voiture avant de s'installer, pressée, au volant. La clé lui glissa des mains lorsqu'elle voulu la mettre dans la serrure du contact.

—Merde, souffla-t-elle en se penchant.

Se redressant brusquement dans la précipitation, elle se cogna la tête au volant et jura à nouveau en se frottant l'arrière de la tête. Elle démarra ensuite la voiture et se mit en route vers le Graham Hospital, où elle allait commencé son premier jour. Reagan priait pour que personne ne remarque son retard ou qu'en tout cas ils n'allaient pas la virer avant même qu'elle n'ait commencé. Une circulation dense dans un carrefour bloquait toute la route. À la radio passait : Waking Up de Pvris en version acoustique. Le bout de ses ongles limés tapotaient en rythme le volant. Elle était impatiente, impatiente de sortir de ces bouchons infernaux, d'arriver au boulot et de s'installer derrière son bureau.

Si elle avait décidé d'être psychiatre c'était pour plusieurs raisons. Elle trouvait les gens atteints de troubles mentaux parfois fascinants. Leur vision du monde était bien souvent très différentes de celle des gens dit « normaux ». Et puis elle voulait essayer de les comprendre et de les aider du mieux qu'elle pouvait. Jusque là, elle n'avait fait que des stages dans de gros cabinets ou quelques entretiens à titre privé avec les femmes des amis de son père mais elle n'avait pas encore acquit de vrai boulot avant celui-ci. Reagan n'avait encore jamais réellement été envoyée dans un endroit tel que le Graham Hospital. Un endroit avec des gens réellement malade. Pas des gens qui pleurent sur le fait qu'elles ratent leurs poulets rôtis et que leurs maris risquent de les quitter parce qu'ils raffolent du poulet rôti et que leurs secrétaires en font un excellent ! Arrivée sur le parking de l'hôpital, elle gara sa voiture et regarda l'heure qu'indiquait sa montre. Neuf heure dix-sept. Elle était en retard. La jeune femme souffla longuement en laissant sa tête retomber sur le repose-tête de son siège. Elle attrapa son sac à main bourré de trucs inutiles et sortit de son véhicule. Elle fouilla dans son sac et prit un paquet de cigarettes à moitié entamé. Elle en sortit une et l'alluma avant de ranger le paquet. Elle était de toute façon en retard alors pour trois minutes de plus ou de moins, ça ne changeait plus rien. Elle fuma sa cigarette en tenant son sac à main du bout des doigts, en le faisant balancer légèrement d'avant en arrière. Elle souffla la fumée de son cylindre de nicotine vers le ciel gris et regarda ce dernier quelques secondes avant de baisser la tête et de tirer à nouveau sur sa clope. Le mégot comportait une trace des lèvres de la brune à cause de son rouge à lèvres. Elle soupira une dernière fois la fumée et jeta son mégot au loin.

Dans son espritOù les histoires vivent. Découvrez maintenant