Dans son esprit

Chapitre III

Un cri, non, un hurlement fit sursauter Reagan. Elle regarda aux alentours avant de voir deux-trois infirmiers se presser vers un petit amas de patients qui semblaient encourager quelque chose, quelqu'un. La psychiatre s'approcha de la scène sans risquer de se prendre un coup. Deux patientes furent séparées. L'une était encore inconnue aux yeux de Stern mais l'autre, son visage ne lui était pas inconnu.

—Lâchez-moi ! Lâchez-moi putain ! hurlait la patiente que Reagan avait déjà reçu dans son bureau.

Les infirmiers continuaient de la retenir alors qu'elle semblait se débattre tel un animal sauvage attrapé par son prédateur. Elle n'hésitait pas à donner des coups, crier, tenter de mordre. Reagan s'approcha et parla à l'un des infirmiers. Elle s'occupait de la patiente sauvage. Ils l'emmenèrent dans son bureau et l'attachèrent à la chaise grâce à des liens.

—Est-ce que vous voulez que l'on reste ? demanda l'un des hommes.

—Non, ça ira, répondit-elle en leur faisant signe de sortir alors qu'elle contemplait l'animalité qui émanait de sa patiente.

Les infirmiers sortirent du bureau, refermant la porte derrière eux. Stern observait la jeune femme face à elle alors qu'elle tentait toujours de se défaire de ses liens. La psychiatre se leva et s'approcha de l'animal. Elle se baissa à son oreille et posa ses mains sur les attaches qui bloquaient ses poignets.

—Si je vous détache, vous allez rester calme ?

—Oui mais détachez-moi !

Reagan n'était pas sûre de faire le bon choix en la détachant mais elle le fit. Ce n'était pas très humain de l'emprisonner même si il y avait des risques qu'elle blesse quelqu'un. Une fois ses poignets libérés, elle les massa et soupira longuement.

Pas de réaction violente.

Stern se réinstalla derrière son bureau et attrapa le dossier où il était écrit : Rose Jones.

—Alors... Je pensais que la colère était inexistante chez vous -esquissant un sourire en coin- pourtant vous m'avez l'air bien énervée.

—Allez vous faire voir... souffla-t-elle en croisant les bras.

—Que s'est-il passé ? demanda Stern en affichant un doux sourire.

—Elle m'a attaqué, j'ai fais que répondre.

—Pourquoi ?

—Mais j'en sais rien moi ! On est chez les fous, y a pas toujours de raison à tout !

Reagan soupira doucement. Encore une fois, elle n'avait pas totalement tord.

—Et pourquoi vous avez réagit à ses provocations ?

—Non mais je rêve ?! Je suis censée être gentille avec les gens qui me bousculent ?

—Vous bousculent ? Elle vous a bousculé ou attaqué ?

—Quelle est la différence ?

Consternée, Stern passa une main sur son visage en soupirant.

—Il y a une différence entre une bousculade, voulue ou non, et une attaque.

—Elle avait qu'à faire attention.

La psychiatre se mit à griffonner dans son carnet.

« La patiente est violente et a des excès de colère : Bagarre déclenchée dans la cours pour une simple bousculade. »

—Qu'est-ce que vous écrivez ? Que je suis une tim..

—Non. Que vous êtes violente et qu'une bagarre a été déclenchée.

Le docteur se sentait presque mal de devoir écrire cela dans le dossier. Rose semblait être quelqu'un de très posé, calme, sans histoire mais la manipulation n'avait duré qu'un très, très, court laps de temps.

—Je suis pas violente ! J'allais pas la tuer ! -levant les bras en l'air- Juste lui faire comprendre qu'on me pousse pas sans raison !

—Et si c'était simplement un accident ? Vous lui avez demander de simplement d'excuser avant ?

—Non...

Rose soupira tout l'air de ses poumons avant de croiser à nouveau les bras.

—C'est ce que je me disais. Vous avez clairement du mal avec les autres, il va falloir travailler là-dessus. Je pense vous voir tout les jours, sauf les week-ends bien sûr.

—Pourquoi autant ?

—Parce qu'on va travailler sur votre position dans la société. Vous apprendre à vivre en communauté.

—Vous pensez vraiment pouvoir faire quelque chose ? dit Rose avant de se mettre à rire.

—Rien ne nous empêche d'essayer.

Stern gardait le sourire, elle ne pensait pas pouvoir la sauver de sa vraie nature mais peut-être pourrait-elle l'aider à se comporter correctement, apprendre à tenir compte des autres.