LE TIGRE

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Il s'éveille dans la suite "Faraón" de l'hôtel cinq étoiles sans vis-à-vis. EL SANTO s'étire sur un lit grand comme jaja, inspire fort en gonflant son diaphragme, et libère un lourd bâillement d'homme. La pute de luxe qu'il a ramenée, échouée sur son torse, se glisse hors des couvertures satinées. Santo, encore ensommeillé, il comprend r au début. Mais s'apercevant qu'elle s'apprête à partir, il se lève pour la rattraper et, alors qu'elle se courbe pour ramasser son string, il la serre contre lui en murmurant à son oreille :

"Tu vas quand même pas t'en aller sans prendre une douche Conchita?"

Traduction: une douche avec lui. Ne lui laissant pas le temps de répondre, il la prend dans ses bras et l'emmène jusqu'à la salle de bain. L'autre elle obéit, elle fait son taf. Elle le savonne et tout en mode collé-serré et tente de lui retirer son masque avec ses doigts d'experte. Sauf que lui, il l'arrête net:

"Hep hep hep! El Santo ken toujours avec son masque."

...

A few moments later, tandis que Conchita s'affaire au miroir en face de la douche, il ressort tout propre, vêtu d'un peignoir dénoué. Le bruit de ses pas étouffé par la moquette écrue, il va s'asseoir un peu plus loin sur un fauteuil de skaï noir, et attend, cuisses écartées.

Un peu plus tard, la meuf le rejoint dans le salon. Elle s'approche du luchador, pose ses mains sur ses larges épaules et grimpe sur le siège. Santo, chevauché, commence à caresser ses anches; celle-ci fait style elle frisonne et se rapproche de lui pour embrasser ses lèvres pulpeuses. Mais elle se raidit et le repousse comme s'il lui devait quelque chose; elle lui lance ce regard qui dit "Alors?".

"Pour ta paye, adresse toi à la direction et dis-leur de mettre tes services sur la note de la chambre. Tekass ils savent à qui ils ont affaire."

Et il la raccompagne au couloir en ponctuant sa demande d'une tape sur la fesse de Conchita. Puis la porte claque et il retourne s'allonger, les mains derrière la tête.

Il y avait longtemps qu'il avait abandonné sa responsabilité de mari et de père de famille. C'était pas pour lui cette life : il préférait gérer son image d'idole du catch. Il voulait chercher la bagarre, se battre comme avant, à la bonne franquette. Il n'écoutait pas sa conscience qui lui répétait "Assume, frerr". Ouais il s'en foutait, il se disait que ça ne durerait sûrement pas longtemps. Du coup il est là depuis déjà une semaine à zoner entre les boîtes de Mexico et le jacuzzi du Hilton, et à se taper des michtos dans sa bugatti veyron sport. Toutes ces folies, l'hôtel, les putes, le match surprise de ce soir, c'était pour retrouver une seconde jeunesse aussi. De son lit, il se voit dans le miroir, il voit la graisse de la quarantaine qui donne du volume à sa musculature de bonhomme. Son corps potelé mais ferme ainsi que sa pilosité de vieux daron fait toujours kiffer les muchachas du quartier. Surtout que ce mec c'est crésus! Le premier multimilliardaire du Mexique, montre cartier, dent en or, burberry, la totale. Cherche pas, Escobar ou Bettencourt, tous des nuls à côté.

Soudain il repense au show de ce soir. Il est déjà 2PM et il ferait mieux de se préparer. Santo sonne le room service et continue de s'admirer, les aisselles à l'air.



Ce catcheur qui a pénétré ma vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant