au travail

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Pendant plusieurs mois, Chloé cherchait sans trouver un travail. Alors, quand cette grande société lui proposa un poste de secrétaire elle accepta sans hésiter.

Son premier jour arriva. Elle ne fut pas seule à attendre le responsable du service. Il y avait Jennifer. Une jeune femme fraîche, décidée et d'une beauté à faire se retourner tous les hommes et il y avait Madeline qui avait des airs de porcelaine fine.

Au milieu de la pièce qui allait être le bureau pour toutes les trois, trônaient 2 cartons de déménagement remplis de courriers à trier. C'était le travail de Jennifer et Madeline : chacune son équipe. Elles étaient les secrétaires des équipes que dirigeait d'une main ferme M. MOREL. Chloé quant à elle était sa secrétaire personnelle. Chacune s'assit à son bureau. Le chef prit de son temps pour expliquer à Chloé en quoi consistait son nouveau métier et l'organisation de la société. Jennifer et Madeline trièrent les courriers des deux cartons avec l'aide des deux personnes qui occupaient ces postes pour leur dernier jour. En fin de matinée, tout le monde était concentré sur son travail et ne fit pas à attention à Madeline qui alla aux toilettes avec son sac à main sur son épaule.

Tout le long des semaines qui suivirent Chloé et Jennifer se formèrent sur le tas et avec professionnalisme. Très vite entre Jennifer et Chloé une vraie complicité de collègues naissait. Chloé appréciait vraiment car elles se comprenaient à demi-mots et riaient aux mêmes blagues. Elles savaient se suppléer l'une à l'autre en cas de besoin. Aucune rivalité ne pouvait survivre bien longtemps entre elles.

Madeline répétait sans cesse les mêmes erreurs, bien que ses collègues de travail lui expliquaient patiemment comment mieux faire. Elle prit cette habitude de toujours se renseigner à droite et à gauche avec abus.

Elle en avait une autre bien plus étrange :Son sac était toujours avec elle dans tous ses déplacements d'un bureau à l'autre. Un jour gris d'hiver, Madeline se leva avec ses paquets de lettres pour la distribution, son sac à main vissé à son épaule, comme la veille et l'avant-veille et les jours précédents et comme à chaque fois qu'elle quittait son bureau.Ses deux collègues de travail, se mordaient une fois de plus les lèvres. Chloé ne pu résister à la tentation et lui fit la remarque que c'était ridicule de jamais se séparer de son sac. Jennifer éclata de rire vite suivit de Chloé qui ne pouvait plus contenir son sérieux. Les yeux verts se glacèrent d'un cran. Elle ne dit rien et sortit du bureau.

Passa plus d'un mois où Chloé et Jennifer se moquait plus ou moins ouvertement et gentiment de Madeline.

Un nouveau lundi matin, Chloé se sentait d'humeur taquine. Elle rigola tout le long de la matinée avec la complicité de Jennifer. A son retour de déjeuner, Madeline fit la sourde oreille aux rires qui pour elle devait polluer la pièce. Elle pointa sur son ordinateur et posa soigneusement son sac à main à porter de main. En silence elle travailla. Ses gestes étaient rapides et sûres. Au bout d'une heure elle se leva, lissa sa jupe et attrapa son sac. Jennifer se mordit les lèvres et baissa ses yeux rieurs. Indifférente, Madeline se dirigea vers les toilettes. A son retour, ses collègues rigolaient fort et tentèrent difficilement de se calmer. Madeline se planta au milieu et mécaniquement elle dit : « je ne me débarrasse jamais de mon sac parce que j'ai quelque chose de très précieux dedans. J'ai un pistolet » Avec dignité elle retourna à sa place et repris son travail en silence. Son sac ne quitta pas son épaule.

Jennifer se retourna pour lui tourner le dos : elle n'arrivait plus à contenir son rire. Il en allait de même pour Chloé.

« Je vous tuerais »

C'est l'intonation qui glaçait l'atmosphère.

Après plusieurs mois de travail à subir les moqueries plus ou moins méritées et les réflexions patientes de son équipe, Madeline s'était décidé enfin à quitter son déguisement de petite fille timide.

Les jours suivant l'ambiance devint morose dans le bureau et la semaine se termina avec soulagement.

Deux semaines après la première menace de mort, Madeline vint plus apprêtée qu'à son habitude. Elle avait un rouge à lèvres couleur rouge sang. En temps normal, le choix serait judicieux car il mettait en valeur ses yeux verts. Pourtant à ce moment là personne ne pouvait s'en apercevoir car elle semblait en transe.

Malgré tout, Chloé et Jennifer n'avaient pas vraiment arrêté d'être joyeuses. Elles ne purent que sourire devant l'accoutrement de leur collègue. Elle s'était déguisée en femme fatale avec une jupe courte en vinyle et des bottes en cuir qui s'arrêtaient juste en dessous des genoux. Madeline ne travailla pas. Elle commença sa journée en dessinant un tableau mystérieux sur une grande feuille blanche. Entre deux menaces de mort elle se déplaça dans tous les services pour récolter le nom,l'âge et le métier de toutes les personnes de la société.Certains l'envoya promener, d'autres indifférents lui récitaient les renseignements demandés et d'autres furent profondément inquiet de son état mental. Mais la majorité se moqua.

Nolwen et Françoise deux filles qui travaillaient dans le service de M MOREL riaient sans discrétion après le passage de Madeline. Elle revint sur ses pas et avec aplomb elle leur lança : « riez bien, bientôt vous pleurerez »

La menace ne fut pas comprise car elles rirent toute la journée et les jours qui suivirent à chaque fois qu'elles se remémorèrent cette journée.

Bien que son supérieur lui ait demandée plusieurs fois de partir et de ne plus revenir elle quitta la société en fin de journée quand beaucoup étaient déjà chez eux.

Chloé attendit son départ pour rentrer chez elle. Car si elle était la première à se moquer, elle avait quand même peur d'être suivie jusqu'à son appartement. Il en allait de même pour Jennifer.

De temps en temps, Madeline téléphonait et après la fin des congés d'été elle pu se faire oublier car plus personne n'entendit parler d'elle.

Le secret du sac à mainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant