C'est quoi, ça ? cria Charlotte à Horace en pointant du doigt sa nuque.
La jeune fille s'était empressée de mettre des vêtements propres et avait couru jusqu'au lieu de rendez-vous. Elle avait trouvé Horace, plongé dans un ouvrage. "Harry Potter et les reliques de la mort" avait-elle lu sur la couverture.
-Un vrai chef-d'œuvre, dit-il en désignant le livre qu'il referma calmement. Tu devrais le lire, ça te détendrais. Je l'ai déjà dévoré six ou sept fois...
-TU-VAS-AR-RÊ-TER-DE-ME-PREN-DRE-POUR-UNE-BUSE-ET-TU-VAS-TOUT-M'EXPLIQUER ! martela-t-elle avec colère.
Sans s'en rendre compte, elle avait empoigné le garçon par la gorge et l'avait plaqué avec force contre le mur.
Ils restèrent là à se fixer pendant de longues secondes, chacun regardant dans les yeux de l'autre la lueur de surprise qui y dansait. Finalement, effrayée par sa propre force, Charlotte lâcha Horace, puis détourna la tête.
-Pourquoi crois-tu que c'est moi qui t'ai fait ce tatouage, lança-t-il enfin, impassible.
-Comment tu sais que c'est un tatouage, que j'étais venue te montrer ? répondit-elle d'un air de défi.
-Eh bien, vois-tu, il se trouve que tu viens de te retourner, aussi ai-je pu avoir l'immense honneur d'admirer ta nuque. Qui, au passage, est très jolie, ajouta-t-il sans se départir de son calme. Alors, pourquoi penses-tu que je t'ai écrit ça ?
-Je ne sais pas, j'imagine que cela doit être parce que je ne te connais pas, et que je ne vois personne d'autre autour de nous ! répondit-elle, sarcastique.
-Et tu ne penses pas que tu aies pu le faire avant... tout ça ?
Charlotte regarda son interlocuteur avec scepticisme.
-Sérieusement ? Tu crois que c'est une phrase que je ferais inscrire sur ma peau à jamais ? Tu crois vraiment que je suis assez idiote pour me prendre pour un... Prototype ?
Elle avait presque craché ce dernier mot.
-Essaie de te souvenir.
-Je t'ai déjà dit que je ne me souvenais de rien, dit-elle avec patience.
Il l'observa longuement, tellement longuement qu'elle crut un instant qu'il attendait une réponse à une question qu'il aurait posé. Finalement, alors qu'elle allait parler, il reprit simplement :
-Attend-moi ici, je reviens.
Il se leva. Et, de nouveau, le silence, seulement troublé par le bruit des pas de Horace qui s'effaçait peu à peu.
Charlotte ne savait pas exactement ce qu'elle ressentait ; de la peur, de l'agacement ? Elle se sentait juste... vide. Comme si la vie s'était envolée d'elle à l'instant où elle s'était réveillée... deux heures plus tôt ? Trois heures ? Elle n'avait aucune notion du temps et cela la rendait un peu nerveuse. Elle porta inconsciemment une main à son cou et effleura son collier, lorsque Horace revint, une mallette en métal dans les bras. Un logo y était gravé : deux ovales côte à côte, et dans lesquels se trouvaient un gros point entouré d'un cercle, tels deux yeux au regard vide qui semblaient vouloir dire : « Tu aimerais savoir ce qu'il y a à l'intérieur, hein ? Moi, je le sais. »
-Voilà, dit Horace, content de lui, comme si son butin était quelque chose que tous deux convoitaient.
-Oui ? demanda Charlotte, le regard interrogateur.
Le jeune homme ouvrit avec difficulté la mystérieuse boîte.
-Voilà... Attend... Ah ! c'est dur à ouvrir, ce truc... C'est bon, voilà, dit-il enfin.
Une grosse seringue qui faisait froid dans le dos y était placée, à côté de multiples rangées de fioles remplies d'un liquide bleuâtre indéterminé.
-Je crois que c'est normal que tu ne te souviennes de rien. Je les avait gardées précieusement en attendant d'en avoir besoin... murmura-t-il d'une voix à peine audible.
Horace était tant fasciné par le contenu de la mallette qu'il devait avoir oublié la présence de Charlotte. Il était redevenu le garçon introverti, à qui il ne fallait pas poser de questions. Il regarda enfin la jeune fille et lui dit :
-C'est assez compliqué, mais je te la fait courte : en gros, il faudra t'injecter ça à chaque fois que je te le dirais. Cela devrait te permettre de retrouver ta mémoire, au fil du temps. Enfin, je crois. C'est ce que me dis la voix dans ma tête.
« Mon dieu , mais avec quel genre de psychopathe je me suis retrouvée » pensa Charlotte, alarmée.
-La... voix dans ta tête ? Tu me demandes de suivre ce que dis la voix dans ta tête ? Tu es complètement cinglé, en fait ! TU nous a enfermé, TU a inventé une histoire tordue, TU as effacé ma mémoire ! hurla-t-elle
Elle se jeta sur lui mais le garçon la maîtrisa.
-Non, ne t'inquiètes pas, je suis complètement lucide, tenta-t-il de l'apaiser. Je n'ai rien fait de tout ce dont tu m'accuses. Et je ne me souviens plus non plus de ma vie d'avant, ni comment je suis arrivé ici. Comme toi, je suppose, je ne me souviens pas de choses concrètes, donc ces injections devraient t'aider. Par exemple, je sais ce qu'est la musique, mais je suis incapable de te citer un chanteur.
-Moi, si.
-Ah oui ? Vas-y, dis moi.
-Eh bien, il y a le grand, là... mais si, celui qui... où celle qui a chanté...
Voyant qu'elle ne continuait pas, il lui lança un regard qui signifiait : « Tu vois, je te l'avais dit. J'ai toujours raison »
Elle détestait ce regard aux yeux si noirs, comme les siens, presque effrayants.
-Bref, continue, dit-elle d'un air agacé.
-C'est donc comme cela que j'ai réussi à savoir comment faire de quoi te nourrir par perfusion -et, accessoirement, te maintenir en vie. J'ai sûrement dû commencer des études de médecine très jeune ou quelque chose dans le genre. Et, parfois, lorsque je me retrouve dans une situation, je sais subitement quoi faire. C'est ce qui s'est passé avec la mallette. Convaincue ?
-Non. Elle sort d'où cette mall...
-Les questions, ce sera après que tu auras retrouvé quelques souvenirs.
-Mais, et toi, tu...
-Fais-moi confiance. S'il te plaît.
Ils se fixèrent longtemps. Les deux jeunes gens commençaient à avoir l'habitude de ces duels de regard. Charlotte, comme toujours, brisa le silence :
-Et si je ne veux pas retrouver la mémoire ? C'est vrai, ce pourrait être l'occasion de commencer une nouvelle vie.
-Tu ne penses pas un mot de ce que tu dis.
-D'accord, tu as raison, soupira-t-elle. Allez, vas-y, qu'on en finisse, ajouta-t-elle en remontant une manche.
Charlotte détourna le regard pour ne pas voir Horace remplir la seringue de l'immonde liquide bleu. Elle le sentit prendre doucement mais fermement son bras. Enfin, il y planta la seringue.
Charlotte sentit d'abord une piqûre. Tout à coup, ses jambes se dérobèrent sous elle et l'air lui manqua. Elle sentit ses membres convulser et avait l'impression que son corps entier était en train de brûler. La dernière chose dont elle se rendit compte fut que sa tête avait heurté le sol, avant de sombrer dans un profond néant.
Voilà, nouveau chapitre. Je sais qu'il est un peu plus long que les autres, j'espère que ça vous a pas découragé pour le lire mdrr. J'espère que vous aimez, j'attends vos retours.
VOUS LISEZ
Dark eyes
ParanormalQuand elle se réveille, Charlotte, une jeune fille qui semble ordinaire, ne sait pas qui elle est, ni pourquoi elle se trouve dans un centre commercial. Mais elle est seule, avec Horace, un garçon renfermé. Ils sont pris au piège dans ce lieu et liv...