Chapitre 1

13 4 2
                                    

La jeune fille ouvrit les yeux et se releva en sursaut. La première chose qu'elle se dit fut qu'elle avait faim. La seconde, c'était qu'il y avait quelque chose d'étrange dans l'air autour d'elle. Elle ne voyait rien dans la pénombre.

Elle attendit quelques instants que ses yeux s'habituent  à l'obscurité et essaya de se redresser quand elle sentit quelque chose lui enserrer l'avant bras. Une corde ? Non, c'était une aiguille, reliée à une sorte de poche d'où provenait un liquide translucide. Elle la retira d'un air inquiet se leva tant bien que mal, puis entreprit de découvrir où elle se trouvait.

  Il y avait d'innombrables étagères remplies de livres, de CD et de DVD, de jouets en tout genre. De toute évidence, elle se trouvait dans une librairie. Alors qu'elle s'avançait nerveusement parmi les rayons, elle trébucha sur ce qui était un reste de repas. Elle s'empara du couteau à bout rond en guise d'arme et marcha en direction d'une porte sur laquelle se trouvait une indication. « Sans issue ». Elle s'approcha, posa doucement la main sur la poignée lorsqu'elle sentit elle-même un contact sur son épaule, ce qui lui fit lâcher son arme de fortune.

  Instinctivement, elle prit le bras - car c'était bien un bras - de son adversaire et le lui tordit ; elle l'éloigna ensuite d'elle d'un coup de pied dans le ventre. Mais il était plus fort qu'elle, et bientôt, il l'immobilisa sur le sol.

  Elle put enfin l'apercevoir ; c'était un jeune homme, sûrement un peu plus âgé qu'elle. D'épais cheveux noirs et bouclés encadraient son visage marqué par la fatigue  et son regard aux yeux noirs.

  Lorsqu'il fut sûr qu'elle ne lui sauterait pas dessus, il l'aida à se relever, tandis que la jeune fille le détaillait de la tête aux pieds : il était assez grand et maigrichon ; il portait un simple tee-shirt noir et un jean usé. Il avait plus l'air terrifié que furieux.

  -Je suis désolé de t'avoir fait peur, dit le garçon d'une voix si rauque qu'il n'avait pas du parler depuis longtemps. Je ne m'attendais pas à ce que tu te réveilles.

  -T'es qui... ? On est où, là... ? Pourquoi...

  Trop de questions la tiraillaient, et elle se méfiait de cet inconnu.

  -Écoute... dit-il en posant une main sur son bras.

  -Non ! Elle le repoussa. Réponds-moi : QU'EST-CE-QUE JE FAIS ICI !

  Il soupira :
  -Honnêtement, je n'en sais rien. Et pourtant, ça fait six mois que nous sommes coincés ici et que je cherche...

  -Six mois ? Arrête, c'est impossible, tu serais mort de faim depuis longtemps...

  -Nous sommes dans un centre commercial, dit il en lui montrant une autre porte qu'elle n'avait pas remarqué.

  La jeune fille s'y rendit et dut admettre qu'il avait raison : des rayons de nourriture indéterminée et de boissons se trouvaient derrière des sortes de bureau. Un mot s’immisça dans son esprit. Caisse.

  Elle trouva que ce garçon l'agaçait, à toujours lui couper la parole. Et à son ton, on sentait que c'était réciproque. Elle se tourna vers lui :

  -Ah oui ? fit-elle en croisant les bras. Tu ne t'es nourri que de boîtes de conserve peut-être ?

  -Exactement. Et pendant tout ce temps, toi tu étais dans le coma pour... je ne sais quelle raison.

  Il y avait une note d'inquisition dans sa voix, ce qui fit que la fille ne l’apprécia encore moins.

  -Tu crois que je le sais ? Je me réveille dans un endroit étrange, et tout ce que tu peux me dire, c'est que tu ne sais rien ? Je ne comprends pas... Je ne te crois pas... Pourquoi tu n'est jamais parti ? Et où sont les autres ?

  -Quels autres ?

  -Ben les autres. On n'est pas que tous le deux, si ?

  -Et bien si. Et on va devoir cohabiter, alors je te demanderai d'arrêter de poser toutes ces questions en même temps, merci.

  Comme il se rendit compte qu'il avait été trop dur, il se radoucit :

  -Je suis désolé, je ne m'attendais pas à ce que tu te réveilles, répéta-t-il. Promis, je tâcherais de répondre à tes questions mais pas tout de suite, tu devrais manger. Viens, je vais te montrer où sont les toilettes, les douches, les stocks de nourriture et d'eau. J'ai tout mis au même endroit au cas où... Enfin, ça n'a pas d'importance. Ah, et aussi, je m'appelle Horace.

  -Horace, répéta-t-elle dans un souffle. Moi c'est...

  Elle s'arrêta, et frémit en se rendant compte d'une chose : elle ne savait pas qui elle était, et n'avait aucun souvenir datant d'avant son étrange réveil.

Dark eyesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant