- Vous savez, j'aimerais vraiment qu'on trouve un terrain d'entente.
- C'est-à-dire ?
- J'aimerais que vous ne pâtissiez pas de mes humeurs, de mes états d'âmes, comme ça vous est arrivé jusqu'à maintenant.
- Alice, vous étiez enceinte, c'est parfaitement normal.
- Peut-être, mais en dehors de ma grossesse, vous avez eu à vous coltiner ma mauvaise humeur...
- Pas tant que ça. Non, je trouve que vous êtes humaine, point. Et puis moi aussi, je peux me révéler imbuvable.
- Oh, quand c'est vous c'est différent. Vous finissez toujours sur une note... rigolote !
- C'est gentil ça ! Dites, qu'est-ce qui vous rend aussi généreuse en compliments ?
Elle haussa les sourcils, se posant la question à elle-même, et finit par hausser les épaules.
- Je n'en sais rien, sourit la juge.
- Je vous raccompagne ? dit-il en apercevant sa voiture garée à l'angle.
- Je veux bien, oui.
Ils montèrent. La radio lança un fond de musique classique. Alice fut immédiatement apaisée, et au bout de deux feux rouges, sachant qu'ils se quitteraient bientôt, elle se sentit obligée de poser la question qui la turlupinait depuis peu.
- Marquand, je me demandais... Est-ce que vous avez déjà vécu un chagrin d'amour ?
Il sembla très étonné. Alice tenta de capter les moindres éléments de réponses en ne se référant en premier temps qu'à ses mimiques. Fred semblait être en plein doute. Il secoua la tête et la regarda avant d'observer la route.
- Avant, j'peux savoir comment est née cette curiosité particulière pour ma vie sentimentale ?
- Eh bien, le temps, Marquand ! Au bout d'un certain nombre de mois de travail ensemble, on a forcément des questions à se poser... Et petit à petit, on vient toujours par avoir envie de se renseigner à propos des sentiments de l'autre, de son passé.
- Donc je vous intéresse ?
- Pourquoi, ça vous dérange ? s'interrogea-t-elle alors qu'elle se sentait elle-même en danger d'instabilité, susceptible de dévoiler.
- Pas du tout ! Bon, du coup merci, j'ai ma réponse à ma question. Pas formulée comme je m'y attendais, mais j'ai ma réponse quand-même. Du coup, je peux vous répondre à vous... Mais attendez, vous m'avez pas dit depuis quand...?
- Ce que vous pouvez être... flic ! commenta-t-elle, subjuguée d'avoir affaire à un tel interrogatoire.
Ils rirent de cette constatation flatteuse.
- Pour tout vous dire, quand je vous ai vu être presque aussi affecté de moi de savoir que j'allais mettre l'homme de ma vie en prison, j'ai eu l'impression que vous aviez vécu quelque chose de semblable. Vous avez été si empathique ! C'était agréable de me savoir comprise, mais aussi troublant. Alors, je me suis questionnée.
- Je vois...
- Donc ?
- Comment vous dire ça... C'est... c'est pas l'expérience qui a fait que je vous ai comprise, mais vous et moi, c'est tellement fort... Tenez-vous bien parce que mes mots ne seront pas clairs, j'aurai du mal à l'expliquer parce que c'est quelque chose qui ne s'explique pas. Vous et moi, dès le début, ça a marché. Je l'ai bien senti. Des le premier jour hein ! Même si ça s'est pas vu, ajouta-t-il pendant qu'elle approuvait d'un hochement de tête et d'un sourire. L'évidence, je sais pas. Je crois pas au destin, au fait que tout soit écrit, prédicable, même si ça mérite qu'on s'y arrête. Quand le phénomène Mathieu Brémont vous est tombé dessus, et dans ce nom j'entends autre chose que connard ou putain de trafiquant, j'entends votre potentiel compagnon, votre amour de jeunesse... Quand il est survenu, j'ai compris. Et ça m'en rendu fou. De vous comprendre à ce point. Il m'a dérangé, et c'est toujours le cas, je peux pas le blairer, mais je suis d'autre part en capacité de comprendre ce que vous ressentez pour lui, ce qu'il vous évoque, la façon dont vous le voyez. Ça c'est... c'est peut-être dû au temps passé à bosser à votre côté.
VOUS LISEZ
Interrogatoire d'amants
Fanfiction« - Sérieusement, Alice... L'évidence ne vous avait jamais frappée ? » 18:05, 17.09.17 p u b l i é e