Breathe

Chapitre 1

« Papa, maman, je vous demande d'annuler mon adoption et de me laisser quitter la maison. »

Nous avions tous relevés la tête vers Seojoon, ne comprenant pas sa demande soudaine alors que nous étions à table, en train de manger en parlant comme d'habitude. Puis son regard s'était perdu dans le vide, et tandis que mes parents le fixaient avec stupeur, il lâcha ses derniers mots comme on jetterait une pierre dans la rivière.

« Je suis gay, et je suis amoureux de Hyungsik. »

Et ce fut l'apocalypse dans ma tête.

-

Je monte les marches de l'escalier rageusement, retournant les paroles de mon frère adoptif en boucle dans ma tête, tandis que l'envie de l'étriper grimpe toujours plus dans mon corps. Quel con celui-là, déballer autant de conneries en si peu de temps et en si peu de mots ! Et puis surtout, qu'est-ce qui lui a pris de lâcher ça comme ça ! Comment peut-on être amoureux de son propre frère, adoptif soit-il ?

Énervé, j'arrive sur le palier et me dirige jusqu'à sa chambre où je ne prends pas même la peine de toquer, entrant brusquement et laissant la porte claquer contre le mur. Aussitôt, Seojoon relève la tête vers moi tandis que mon regard furieux croise le sien impassible, m'énervant plus encore face à son expression indifférente. Puis comme si de rien n'était, il baisse la tête et continue de ramasser ses affaires, me faisant refermer la porte de sa chambre en la claquant violemment.

– T'as perdu la tête ou quoi ?! je lance, furieux.

Seojoon ne répond pas, m'ignorant délibérément et continuant de ranger ses affaires dans sa grande valise de voyage noire.

– Eh, j'te cause ! je lâche en m'avançant vers lui, avant de relever son menton brutalement pour qu'il me regarde quand je lui parle.

Seojoon reste pourtant silencieux, laissant mon regard scruter le sien tandis que ses yeux semblent rivés dans mes prunelles, m'agaçant considérablement.

– Putain mais c'est quoi ton problème ?! je siffle en l'attrapant par le col pour le mettre sur pieds, le tenant fermement tandis qu'il se redresse de toute sa taille.

– Je suis gay, lâche-t-il finalement d'un ton inexpressif, faisant monter la colère en moi, et je t'aime.

À ces mots, mon cœur rate un battement dans ma poitrine tandis que mes mains se mettent à trembler sur son col, sentant également ma mâchoire se crisper tandis que mes yeux parcourent les siens à la recherche d'une lueur à laquelle m'accrocher.

– Je ne veux pas que la faute te retombe dessus, lance Seojoon en retirant doucement mes mains de son col, et c'est trop dur pour moi de vivre avec toi comme si de rien n'était.

Mes yeux s'écarquillent tandis qu'il me repousse doucement, faisant s'affaisser mes épaules comme si un lourd poids tombait dessus avant de glisser jusqu'au sol.

– J'espère que tu comprendras, me lâche-t-il sur le même ton inexpressif qui m'agace, me sondant de ses grands yeux sombres, c'est égoïste, mais te voir tous les jours alors que je ressens ces sentiments pour toi m'est impossible à supporter.

– Mais qu'est-ce que tu racontes ?! je m'écrie en le choppant à nouveau par le col, ma mâchoire se crispant encore tandis que mon cœur se serre dans ma poitrine.

– Est-ce que tu peux me lâcher s'il te plaît Hyungsik ? souffle Seojoon en posant sa main sur les miennes, détachant mes doigts un à un de son vêtement.

– Et moi ?! je lance soudain, m'agrippant aux bords de sa chemise ouverte, mes doigts frôlant son t-shirt en-dessous, Tu penses à moi ?!

Je le vois se taire tandis que la douleur m'emplis totalement, me faisant m'accrocher plus fort à lui encore.

– Comment je vais faire si tu pars ?! je m'écrie, sentant le désespoir m'envahir.

– Hyungsik... soupire Seojoon en me décrochant de lui, détournant la tête.

– T'y as pensé ?! je continue, le rattrapant par les avants-bras, Hein, t'as vraiment réfléchi à ça ?!

– Hyungsik ! lance-t-il soudain en me transperçant de son regard noir, le ton de sa voix élevé me figeant instantanément, Là c'est toi qui te comporte comme un égoïste !

Je me tais et baisse la tête, n'arrivant pourtant pas à décrocher mes doigts de ses avants-bras.

– T'es l'aîné ici, tu sais très bien te débrouiller seul et t'as pas besoin de moi pour t'en sortir, lâche-t-il en se dégageant de ma prise, me faisant écarquiller les yeux, t'as pas de problèmes familiaux, tes études ça va, t'as des amis et t'es coté auprès des filles. Alors viens pas me reprocher de partir parce que tu sais ce que ça fait d'aimer quelqu'un et de ne pas bien le vivre.

Je sens une vague désagréable monter dans mon corps, nouant ma gorge tandis que les larmes me viennent rapidement aux yeux.

– Je t'aime Hyungsik, et je ne peux rien y faire, lâche Seojoon d'un ton calme, mais je ne peux pas ignorer ça quand je suis avec toi. Je ne peux rien effacer, c'est pour ça que je pars.

– M-Mais... je balbutie, une larme roulant sur ma joue, on n'a jamais été séparés et puis-

– Tu t'en sors très bien sans moi à l'université, soupire-t-il en me tournant le dos, retournant à sa valise, on n'a jamais été ensemble en cours et ça l'a toujours fait pour toi. T'as tes amis et j'ai les miens, il n'y a qu'à la maison que nous sommes ensemble.

– Mais ça change rien ! je m'écrie en tapant rageusement du pied, serrant les poings fermement, Je ne veux pas que tu partes !

Seojoon ferme sa valise et boucle le tout, avant de se relever et de se retourner vers moi.

– Et pour quelle raison tu ne veux pas que je parte ? lance-t-il d'un ton plat, son regard sombre parcourant mon visage de façon neutre.

– P-Parce que je suis perdu sans toi, je chevrote, sentant les larmes couler lentement sur ma peau, Seojoon, reste...

– Tu n'as pas besoin de moi Hyungsik, tu n'en as jamais eu besoin, lâche Seojoon en me passant devant, avant d'ouvrir la porte de sa chambre, et tu t'en sors très bien tout seul. Je ne suis qu'une excuse.

Et sans plus d'explication, il sort de la pièce et parcourt le couloir, avant que ses pas ne résonnent dans l'escalier. Alors, dévasté, mes genoux cognent contre le sol tandis que les larmes ruissellent sur mon visage, mon cœur se tordant douloureusement dans ma poitrine tandis que mes mots s'échappent seuls dans le silence.

– Mais moi aussi je t'aime...

***