4- Colline

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4- Colline

Une colline verdoyante se dressait face à cette silhouette. Rien autour, seulement une colline. Un large sourire apparut sur son visage. Aussi large que l'horizon face à elle.

La petite fille se mît à courir en riant de bonheur, se laissant porter par le vent. Elle était à égale vitesse avec lui, pour une fois. Ni trop rapide. Ni trop lente.

Arrivée au sommet, elle ouvrit grand ses deux bras comme si elle voulait faire un câlin au ciel bleu qui s'étalait à perte de vue. Elle se laissa tomber par terre et admira l'azur. Quelques petits moutons virevoltaient dans les cieux, mais ils ne restaient pas bien longtemps dans son champ de vision. Ils voulaient qu'elle fixe plutôt ce ciel clair, beaucoup trop timides pour supporter son regard perçant mais attendri.

Tout autour d'elle, le silence régnait. Pas une seule trace de vie. Silence.

Non, pas vraiment. En ouvrant bien grand les oreilles, on pouvait très bien entendre les oiseaux gazouiller et les différents cris d'animaux tout autour d'elle. Mais on ne parlait pas vraiment de ce silence-là. Il s'agissait d'une différente sorte de silence. Ce silence humain.

Il n'y avait pas une seule trace d'un de ses semblables. Pas d'hommes, pas de femmes, pas d'enfants. Elle était seule sur cette minuscule colline.

Tant mieux, se disait-elle sûrement. Elle préférait ce calme à toute autre chose.

La petite fille se releva et continua de gambader un peu partout. Encore. Toujours. S'élançant pendant un laps de temps, elle effectua une roue sans aucun problème apparent. Puis une autre. Et pour finir, une simple galipette. Fatiguée, elle ne bougea plus d'un poil. Le dos contre le sol, elle se remit à sa contemplation. Ses pensées défilaient de la même façon que les bons gros nuages blancs.

Toujours le même air en tête, elles s'agita au rythme de la chanson. Bientôt, elle se mît à la chanter à tue-tête. S'arrachant les poumons. Le cœur battant de plaisir.

Une dernière note et la voilà finie. Personne ne l'avait entendue. Le sourire aux lèvres, elle reprenait son souffle.

Quelques bips réguliers se faisaient entendre. Très faiblement au loin.

Elle aimait bien cet endroit. Il lui convenait tout à fait. Beaucoup plus que "l'autre". Ce dernier ne lui procurait que déplaisir et tristesse. Incolore et fade. Elle ne voulait pas y retourner.

Mais elle n'y retournera sûrement pas. Puisqu'elle ne l'avait jamais quitté.

Assise sur son fauteuil roulant, la jeune fille autrefois joyeuse contemplait ce ciel autrefois bleu. Tous deux étaient teintés de grisaille.

-" Velia, tu sais très bien que tu ne devrais pas te lever. Tes jambes sont encore faibles."

Ils disaient tous cela. Ils ne répétaient que cela. Elle était faible. Elle ne pouvait pas marcher, courir et gambader dans la jolie colline. Le joli lac. La jolie forêt. Les jolis champs. Visiter tous ces endroits. S'amuser. Courir à en perdre haleine. Marcher. Danser. Sautiller. Galoper. Non, elle ne pouvait faire tout cela.

Tout ce qu'elle pouvait faire, c'était pleurer.



Fin.

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