3- Lac

41 5 0
                                    

3- Lac

Plic ploc fit la pluie contre la surface lisse de l'eau. Ainsi couvert par une large feuille, le corps frêle recroquevillé sur lui même observait les gouttelettes d'eau danser de sa cachette.

Hésitant à se découvrir, elle s'approcha du bord et attendit. Une mine pensive s'afficha sur ses traits. Puis, timidement, elle sortit sa langue. Ce petit bout rose accueillit avec joie ce doux et rare breuvage.

L'averse laissa bientôt place au bon vieux soleil. Ce dernier ne tarda pas à couvrir la nature de ses rayons chauds, s'affairant à faire sécher les environs. La petite fille se dressa bien haut, levant les bras vers le ciel autrefois gris. Ceci fait, sa découverte habituelle s'imposait. Le lac qui s'étendait face à elle l'émerveillait.

Assise tout près du bord, elle regardait son reflet miroiter sur la surface. Elle sourit au liquide et le caressa gentiment de la main. Bientôt, ses jambes trouvèrent leur place à côté des plantes aquatiques. Créant des tourbillons pour les faire danser. S'arrêtant par moments pour goûter à la juteuse eau.

Mais qu'elle était bonne !

L'enfant trouvait cela normal que les plantes poussaient dans le lac et aux environs, pas très loin de ce dernier. Comment pouvaient-elles donc résister à un tel breuvage ?

Après ses jambes et ses lèvres vint le tout du reste de son corps. Sans réfléchir une seconde de plus, elle se laissa plonger dans les profondeurs de l'eau. Sans plus attendre, les végétaux la saluèrent et l'entourèrent de leurs membres.

Sensible à cet accueil chaleureux, elle essaya de les prendre dans ses bras. Mais une douleur insoutenable l'en empêcha. Il fallait qu'elle remonte à la surface.

La voilà maitenant, la bouille triste et à deux doigts de pleurer. Elle ne pouvait manifester son affection pour les plantes sous l'eau. Elle ne le pourrait probablement jamais. Elle le voulait tant. Leur rendre la pareille. Mais rien ne pouvait retourner cette malheureuse situation.

Pourtant, la nature, la voyant au bout des larmes, voulait lui remonter le moral. Elle ne voulait surtout pas qu'elle déverse ses douces larmes salées.

Un fruit roula jusqu'à elle. La jeune fille sembla surprise au début mais un rire la secoua. Remerciant son amie, elle s'empara de la sucrerie et y croqua à pleines dents. Ses papilles se délectèrent et elle ne pût contenir son excitation.

Alternant entre la sucrerie du fruit et la douceur de l'eau, la fillette était aux anges. Mère Nature était bien généreuse envers elle. Son délice achevé, elle se mît à profiter de la baignade qui s'offrait à elle.

Des heures et des heures passèrent. Le soleil était désormais juste au dessus d'elle, guettant ses moindres mouvements. Elle s'allongea sur le sol, laissant les rayons faire ce qu'ils avaient à faire. Et en un rien de temps, plus aucune trace d'eau sur sa douce peau blanche.

Cependant, la partie d'ombre de cet espace, ne jouissant pas des bienfaits du soleil, dégoulinait d'eau. La petite fille s'en approcha lentement, craignant de tout détruire par ses gestes. Au passage, elle but une gorgée d'eau fraîche, se désaltérant ainsi.

Tout en haut veillait une grosse feuille qui ressemblait à celle qui lui servait d'abri. Quelques gouttelettes y résidaient encore, mais elles n'y restaient pas bien longtemps. Coulant le long de ses traits, elles atterrissaient directement dans la grande étendu d'eau à leurs pieds.

Plic ploc faisaient-elles. Le sérum physiologique s'égouttait dans la perfusion. Tel la pluie quelques heures plus tôt. Beaucoup plus lentement. Beaucoup plus sérieusement. Tout au long de ce tube qui n'avait pas de fin.

La jeune fille n'attendit pas une seconde de plus, elle traversa le feuillage et se dirigea vers sa destination suivante. Bien loin de cet incessant bruit.

FantaisiesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant